MONTREAL, le 11 juin - A la veille du dépôt du premier budget du gouvernement du Parti libéral du Québec, la CSN promet une résistance de tous les instants et une vaste mobilisation en vue de protéger les acquis sociaux et les droits du travail, notamment l'article 45 du Code du travail du Québec, l'équité salariale et le réseau universel des services de garde. C'est ce que la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, a indiqué ce matin, à l'ouverture des travaux du conseil confédéral de la centrale syndicale, en réunion à Montréal. La CSN, de dire sa présidente, est grandement inquiète des indications en provenance de Québec voulant que le gouvernement Charest ait l'intention de soumettre l'Etat à un régime minceur.

Première épreuve de force avec le gouvernement

Passant de la parole à l'action, Claudette Carbonneau a d'ailleurs fortement invité les citoyens, les parents et les travailleuses des services de garde à prendre la rue, ce samedi 14 juin à Montréal, à l'occasion d'une manifestation pour défendre l'universalité des services de garde et le plan de développement initialement projeté. "Il s'agira de la première épreuve de force avec ce gouvernement. Nous devons lui rappeler que tant dans les CPE que dans les écoles, les services de garde, nous les avons bâtis et nous les défendrons", a-t-elle lancé devant quelque 250 délégué-es du conseil confédéral.

Se retrousser les manches

La présidente de la CSN a relevé que le gouvernement de Jean Charest "qui affirme avoir été élu pour revoir le modèle québécois n'a pourtant jamais fait campagne sur ce thème, préférant placer au sommet de ses priorités la santé et l'éducation". "La CSN a pris bonne note des engagements libéraux, d'ailleurs réitérés la semaine dernière, à l'effet que les secteurs de la santé et de l'éducation sont toujours considérés comme une priorité de ce gouvernement", a rappelé Claudette Carbonneau. "Si les acquis sociaux des dernières années constituent le fruit d'un travail de tous les instants, il va sans dire que nous devrons nous retrousser les manches devant la nouvelle donne politique au Québec. Les changements majeurs qui se profilent ne sont pas porteurs d'avenir. Il nous faudra parler haut et fort pour défendre les acquis de société, pour contribuer à des changements susceptibles de nous faire progresser et de promouvoir le bien commun", a conclu la présidente de la CSN sur ce sujet.

Nombreux défis

Madame Carbonneau a aussi identifié les nombreux défis politiques et syndicaux qui attendent les militantes et les militants au cours des prochains mois : interventions en santé mentale au travail, introduction de dispositions claires et précises dans le Code fédéral du travail interdisant l'utilisation des briseurs de grève durant un conflit, poursuite de la consultation de la ZLEA, etc. En santé mentale, "toutes les composantes de la CSN seront mises à contribution. L'explosion des cas d'absence de longue durée reliés à des problèmes de santé mentale est phénoménale", soutient Claudette Carbonneau. Au cours des 10 dernières années, les assureurs canadiens et les gestionnaires de santé publique ont constaté une augmentation de ces congés de 30 à 50 %. Six millions de journées de travail sont perdues chaque année au Québec. Au Canada, il en coûte entre 13 et 14 milliards de dollars, dont 4 milliards de dollars pour le Québec. "Nous nous emploierons à trouver des moyens visant à éliminer, diminuer ou contrôler les facteurs de risque dans l'organisation du travail", a affirmé la syndicaliste.

10 000 nouveaux membres

Claudette Carbonneau s'est également réjouie de l'arrivée d'un peu plus de 10 000 nouveaux membres "accrédités" à la CSN depuis mars 2002. Des travailleuses et des travailleurs provenant des secteurs traditionnellement forts de la CSN comme la santé et les services sociaux, l'hôtellerie, mais aussi de nouveaux secteurs tels l'environnement, les éducatrices en milieu familial et la sylviculture.

Enfin, la présidente de la CSN a aussi passé en revue les dernières ententes intervenues entres les syndicats et des employeurs, dont l'éclatante victoire des travailleurs de Cargill à Baie-Comeau en lock-out durant 38 mois, l'accord chez Héma-Québec et l'excellent règlement que viennent d'obtenir les employé-es du Holiday Inn Midtown à Montréal.