En 1954, le Canada et les États-Unis se lançaient dans un projet de défense contre la menace soviétique. Aujourd'hui les conséquences de ce projet sont nombreuses, mais ces deux gouvernements planifient déjà un nouveau projet de défense, cette fois contre une différente menace.

La controverse récente par rapport au bouclier anti-missile me rappele un certain projet semblable réalisé dans les années 50. En 1954, lors de la guerre froide, la menace soviétique pèse sur les Etats-Unis, donc aussi sur le Canada. Méfiant une attaque nordique des soviétiques, les Etats-Unis entament un méga-projet de défense : la DEW line (Distant Early Warning line). Cette ligne de défense consiste en 52 stations radars situées dans le nord canadien, en Alaska et au Groenland (47 d’entre elles au Canada). Le projet a couté plus de 600 millions de dollars au gouvernement canadien. Cette ligne de radar ultra-sophistiquée pour l’époque aurait averti les autorités militaires d’une attaque éventuelle par l’arctique.

Finalement, ce projet se révéla inutile et aucune attaque fut perpétrée de ce côté. En plus de se révéler inutile et une perte d’argent pour les contribuables, les déchets créés par cette entreprise américaine et canadienne traînent dans le nord canadien et polluent notre arctique, qui fut autrefois laissé sans empreintes humaines. Les stations, peinturées avec de la peinture contenant des BPC, polluent l’eau et les poissons, dont se nourrissent les autochtones de cette région. Plusieurs autres produits chimiques se retrouvent dans l’environnement à cause de ce projet. Le coût pour tout nettoyer? Jusqu’à cette date, plus d’une centaine de millions de dollars ont été dépensés. Seulement 6 stations furent nettoyées. Les Etats-Unis, instigateurs du projet, refusent de payer une partie du nettoyage. Seul un crédit de 100 millions de dollar en armement américain fut offert.

Maintenant, 50 ans plus tard, les Etats-Unis reviennent à la charge avec un autre projet semblable de protection contre de nouvelles menaces. Doit-on se ranger du côté des américains? Doit-on s’opposer à ce projet? Y-a-t’il vraiment un danger sérieux? Sommes-nous prêts à dépenser autant d’argent sur un projet qui pourrait se révéler aussi inutile que son semblable il y a 50 ans? Une prise de conscience doit s’effectuer, et une réflexion sérieuse de la part de tous les citoyens.