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SOS LEVASEURAnonyme, Viernes, Abril 18, 2003 - 08:45
Collectif Liberterre
La Forêt Levasseur s’apprête à subir l’assaut de la foresterie industrielle, voici un peu d’information sur cette Forêt Boréale. La Forêt L’île René-Levasseur , située à 300 km au nord de Baie-Comeau, est un des derniers pans de nature sauvage et pratiquement inchangée au Québec. C’est l’impact d’une météorite il y a environ 215 millions d’années qui donna à l’île son aspect circulaire. Elle était , avant d’être île, simple cratère (le plus grand au Canada), son pourtour étant jonché de petits lacs . L’essor de l’hydroélectricité, dans les années 60, poussa à inonder ce qui est maintenant le Réservoir Manicouagan. C’est l’insularité de l’île qui a permis de protéger, jusqu’à aujourd’hui, la forêt, la faune et la flore de l’île Levasseur. Augmentant les coûts d’exploitation des coupes, l’eau entourant l’île permettait un répit à l’écosystème de Levasseur, et il n’y eut jamais d’exploitation commerciale de la forêt. Les coupes à blanc, rivières empoisonnées, terres lézardées par la machinerie, insecticides et phytocides aspergés, habitats fauniques détruits à jamais… tout ce qui est le lot de la foresterie industrielle ne toucha pas l’île Levasseur. De plus, la barrière d’eau, et antérieurement celle formée par l’anneau profond du cratère, réduisit sur l’île la récurrence des feux, qui jalonnent l’histoire naturelle de la forêt boréale. Pour ces raisons, on trouve aujourd’hui, sur l’île Levasseur, une Forêt boréale Ancienne d’une valeur inestimable. La Cognée C’est en mars 1997 que la compagnie Kruger se voyait octroyer par le ministère des ressources naturelles le CAAF (contrat d’approvisionnement et d’aménagement forestier) 093-20. Ce CAAF, d’une superficie d’environ 15 000 km2, se situe entre le 51e et le 52e parallèle. L’île Levasseur fait partie de ce CAAF et la partie exploitable de l’île occupe 1800 km2, environ quatre fois la superficie de l’île de Montréal. Ce CAAF a été octroyé pour une simple raison : approvisionner les usines de Kruger. En effet, la politique forestière québécoise se résume à peu de choses près à ça : la ressource est garantie à l’industrie, et lorsqu’elle a bûché un CAAF jusqu’à ce que tout ce qu’il en reste soient des coupes à blanc et de timides repousses, alors on lui attribue un nouveau CAAF. Mais une telle politique a des limites bien évidentes, et la question n’est plus de savoir si l’industrie les atteindra, mais bien quand? Ce qui est certain, c'est que Kruger entend commencer la construction des quais en mars, et la coupe à l'automne 2003. Dans les forêts aussi nordiques que celle de l’île Levasseur, les expériences de coupe sont rares. Les spécialistes ignorent quelle est la vitesse de renouvellement de la forêt, mais ce qui est certain, c’est que les 50 ans que Kruger prévoit pour tout raser ne laisseront pas le temps à la forêt de se régénérer pour une seconde coupe viable, et encore moins pour que l’écosystème soit maintenu. La Forêt Levasseur étant une Forêt Ancienne, l’écosystème qu’elle abrite est celui d’une Forêt Ancienne; ce que Kruger s’apprête à faire, c’est enlever à tout jamais le caractère ancien de la forêt pour la changer en forêt de production, avec des arbres de petite taille, ce qui équivaut ni plus ni moins à liquider l’écosystème. Protéger la Forêt Levasseur Au début des années 1980, le ministère de l’Environnement jugeait que « l’ensemble de l’île constituait un site assez intéressant pour obtenir un statut de protection excluant les activités industrielles ». Il existe actuellement une aire protégée sur l’île Levasseur : la Réserve écologique Louis-Babel. Cette dernière, d’une superficie de 245km2 est clairement insuffisante pour maintenir la biodiversité de l’île dans un contexte boréal et insulaire. Il est estimé qu’environ 2000 km2 sont nécessaires pour une zone protégée dans une telle biorégion, ce qui correspond à la superficie de l’Île Levasseur. La seule option relevant du développement durable est la protection entière de l’île. De plus une limite nordique devrait empêcher les forestières d’opérer dans de telles latitudes. Le fait que l’on coupe toujours plus au nord est la preuve de l’incapacité de l’industrie et du gouvernement de « gérer » les forêts dans une perspective écologique. Là où nous voyons la vie, ils ne voient que matière ligneuse; la fracture est irrémédiable. Les dernières Forêts Anciennes du Québec sont un trésor pour l’humanité entière et un des rares grands habitats restants pour la faune et la flore : laisser une telle splendeur en des mains si destructrices est un crime de non-assistance. La Forêt Levasseur, un des derniers exemples de nature sauvage est sur le point d’être transformé en un exemple de plus du gâchis de la foresterie industrielle et le gouvernement est complice : il ne reste qu’à s’organiser et résister. Collectif Liberterre
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