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Un flop de l'UFP, une victoire de l'abstentionnisme?Anonyme, Jueves, Abril 17, 2003 - 14:26 (Analyses) deuxième réponse à Phébus Un flop de l'UFP, une victoire de l'abstentionnisme? Dans sa réaction du 16 avril face aux résultats des élections provinciales, M. Phébus nous sert une analyse comparable en bien des points à celles dont nous ont abreuvé les commentateurs de sondages de tout acabit au cours des semaines passées. En gros, Nicolas cesse d’y personnaliser ses attaques, ce qui est tout à sont honneur, pour plutôt adopter un ton triomphaliste et tirer trois conclusions fort douteuses : l’UFP s’est plantée, l’ADQ s’est planté et ce sont les abstentionnistes qui ont vraiment gagné ces élections. Trois affirmations profondément déconnectées de ce « ras des paquerettes » auquel on nous donne régulièrement rendez-vous… Le flop de l’UFP ? Ni l’UFP ni l’ADQ ne s’est vraiment planté au cours de ces élections et il est ici d’un fort mauvais goût de la part de M. Phébus d’avoir amalgamé ces deux partis. Tout d’abord, soyons clair, il est fort contradictoire qu’un abstentionniste nouvellement convaincu se limite aux scores des urnes pour départager gagnants et perdants. Par souci de cohérence, il devrait continuer à dire ce que je suis le premier à affirmer : TOUT LE MONDE a perdu ses élections. Peu de gens sont actuellement conscients que les dés étaient pipés, tout simplement. Le vote du 14 avril fut, en apparence, confortable et traditionnel. Dans une bonne mesure, il s’est traduit par un retour à la logique de confrontation/alternance entre le parti Libéral et le parti Québécois. Cela ne signifie toutefois nullement que les idées de l’UFP et de l’ADQ n’ont pas fait leur chemin auprès de la population. Limiter son analyse aux seuls scores des urnes et d’une grande malhonnêteté dans les conditions actuelles. Dans le cas de l’UFP, malgré l’effet combiné d’un boycott médiatique, des sarcasmes à saveur idéologique d’une certaine gauche libertaire et de l’impact de trois machines électorales millionnaires, on peut constater que le message commence à passer : une rupture avec le néolibéralisme est nécessaire. Plus que tout, peut-être, elle doit prendre la forme au Québec d’une rupture avec le PQ en raison de son image sociale-démocrate. Pour affirmer et défendre une telle conclusion, il faut toutefois ne pas avoir peur de se mouiller et, surtout, sortir des énoncés de principe confortables et oser proposer une alternative. Puisque M. Phébus nous a souvent démontré à quel point le terrain électoral est miné, on se serait attendu à ce qu’il ait des critères « asymétriques » pour juger du combat entre David et trois Goliath. Malheureusement, les critères de succès proposés demeurent électoralistes et quantitatifs, à l’image des CROP/La Presse de ce monde, ce qui est sans l’ombre d’un doute le résultat d’un mélange de mauvaise foi et d’incohérence. Le flop de l’ADQ ? Utiliser un ton triomphaliste pour affirmer que l’ADQ s’est planté est d’un mauvais goût tout particulier. Presque 20 % de la population québécoise vote ADQ et on crie victoire ? Encore une fois, les critères de succès de M. Phébus demeurent ceux fixés par l’État bourgeois… Pour avoir « réussi » sa campagne, Dumont aurait dû être accompagné à l’Assemblée nationale d’une cour de 11 suiveux et suiveuses. L’incapacité de traduire le vent de droite par des percées électoralistes est encore une fois un leurre dangereux et il est prématuré de détourner notre attention sur le seul parti Libéral en affirmant que la baloune s’est dégonflée. Le simple fait que l’ADQ ait reculé sur des questions fondamentales comme les bons d’études ou le taux unique d’imposition ne signifie nullement que les idées néolibérales de l’ADQ ne font pas leur chemin, bien au contraire. Le décalage entre les attentes créées par les sondages, attentes qui ont même atteint M. Phébus, ne peut nous apprendre qu’une chose : plus l’ADQ reculait et se positionnait au centre-droite, plus l’électorat le délaissait au profit du parti Libéral. M. Phébus semble donc oublier que l’ADQ avait de meilleurs résultats dans les sondages lorsque son discours était vraiment à droite et ne faisait pas de compromis face aux syndicats et à certaines idées sociales-démocrates. Peut-on alors parler d’une baloune dégonflée pour l’ADQ ? Une victoire abstentionniste ou un chèque en blanc pour nos éluEs ? Sur un ton triomphaliste, M. Phébus dépeint l’abstention et l’annulation lors des élections du 14 avril comme le présage du « grand jour ». De son avis, la montée de l’abstention et l’annulation seraient les conséquences directes de la radicalisation des luttes sociales et politiques des dernières années. Il ne lui en faut pas plus pour affirmer que ce vote a été politisé…l'abstentionnisme n'aura toutefois jamais autant rimé avec fatalisme et il faut faire preuve d'une dangereuse ignorance des conditions subjectives du Québec d’aujourd’hui pour croire que les abstentionnistes peuvent influencer quoi que ce soit dans le contexte actuel... À preuve, les États-Unis ou, si on suit ce raisonnement, ils devraient déjà être "au pouvoir" depuis longtemps et où un régime proto-fasciste règne en maître. Comme preuve du caractère politique de « votez bien, votez rien », on nous présente une manifestation de… 50 personnes. Si M. Phébus veut la jouer quantitative quand vient le temps d’évaluer les « flops », il faudrait le faire jusqu’à la fin et reconnaître qu’il n’y a pas de quoi se gargariser et conclure en une abstention politique. Il serait, à mon humble avis, déjà plus sérieux d’affirmer que Star Académie a eu un impact mille fois supérieur que les affiches posées de nuit, à la va-vite, par certains collectifs invitant à l’abstention… Quand toute proposition rime avec dérision Les dernières élections auront vu se dérouler un débat épistolaire entre les tenants de l’abstentionnisme et les partisans de la construction d’un parti de gauche de masse au Québec. Ce débat n’a jamais été d’une grande honnêteté : alors que dans le coin « rouge » on nous présente une alternative politique, le coin « noir » se cantonne dans une critique des institutions et limite sa proposition à la construction de « contre-pouvoirs » grâce à nos bonnes vieilles organisations de lutte. On devine aisément à qui revient le rôle ingrat dans ce débat : ceux qui avancent des propositions se font critiquer et l’on souhaite ouvertement leur échec. La critique libertaire est certes recevable et même nécessaire. Elle ne peut toutefois se limiter à la proposition d’un statu quo dans un contexte où les luttes sociales piétinent et s’essoufflent. Il faudra un jour en revenir avec la fausse dichotomie entre, d’une part, la construction de contre-pouvoirs et, de l’autre, celle d’un parti politique de masse. L’UFP l’a démontré en affirmant être le parti des urnes et de la rue et être prête à faire face à la musique à ce niveau. J’invite donc tout le monde à un débat constructif… Pour qu’il soit constructif, toutefois, deux conditions sont nécessaires. Il faudra tout d’abord que les deux camps reconnaissent et respectent l’autre, ce qui n’a certes pas été le cas depuis le début si l’on se fie au caractère personnel de plusieurs accusations portées. Cela signifie que le coin noir cesse d’avoir recours à des accusations incendiaires du type « l’UFP emprunte la voie de la trahison ». Deuxième condition pour un débat qui ne soit pas stérile : le coin noir devra cesser de récupérer les slogans et mots d’ordre des autres options politiques et, surtout, faire le pénible exercice de la proposition. Non pas une proposition idéologique et désincarnée, mais plutôt un projet compréhensible par l’ensemble de la population, communicable et, surtout, qui soit basé sur la réalité du Québec d’aujourd’hui plutôt que sur une vision mécanique et linéaire de l’histoire. Je ne suis malheureusement pas le premier à inviter à un tel débat… tout le monde peut constater où nous nous situons en lisant les textes de M. Phébus parus lors des dernières semaines. Richard Fecteau
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