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Annuler le vote ou boycotter les élections?

Anonyme, Martes, Abril 8, 2003 - 16:57

Julien Sorel

Annuler son vote, c'est légitimiser le régime.

Quelques personnes ont préconisé sur cette tribune l’annulation du vote ou la non participation aux élections. Si, pour certainEs, ces deux alternatives sont semblables, elles sont pourtant extrêmement différentes.

En annulant mon vote, j’exprime individuellement mon manque de confiance envers les parties politiques, mais je reconnais en même temps la légitimité de la démocratie libérale ou représentative. Je peux ainsi me sentir unE « citoyenNE responsable » qui ne se fera pas voler son vote par des personnes malintentionnées. Je défends ainsi ce que je considère être un acquis, soit le droit de voter pour élire ses représentantEs. Politiquement, mon geste n’a aucune importance, car je n’empêche aucun parti politique de gagner et statistiquement, j’entre dans le taux de participation. Toutefois, j’ai l’illusion d’agir, d’être responsable, critique, enfin, le citoyen politiquement correcte, c’est-à-dire conforme au régime.

Par contre, en ne participant pas au processus électoral par choix politique, je suis statistiquement en opposition au régime. Je considère alors que le droit de vote, s’il constitue parfois une revendication légitime (par exemple au 19e siècle lors des révolutions républicaines ou bourgeoises ou actuellement dans certains pays ou la fraude électorale est la norme), n’est devenu qu’un moyen pour mieux assujettir le peuple à la dictature libérale, en lui donnant l’illusion de décider ou d’agir. Ne pas aller voter, ce n’est donc pas seulement apparaître dans la statistique des opposants au régime (constitué entre autre par l’ensemble des partis politiques, y compris l’UFP), mais c’est aussi rejeter l’aliénation et reconnaître la primauté de l’action libératrice individuelle et collective.



Asunto: 
Pourquoi je voterais pour l'UFP si j'étais au Québec
Autor: 
Anonyme
Fecha: 
Jue, 2003-04-10 22:03

Pourquoi je voterais pour l'UFP si j'étais au Québec
Benoit Renaud, jeudi, 04/10/2003 - 20:35

Analyses | Militantisme
Par Benoit Renaud
Halifax, 10 avril 2003

Pour en finir avec l'anarcho-réformisme

En guise d'arguments pour l'annulation ou
l'abstention, on nous dit que l'UFP n'est pas assez
radicale, qu'elle reprend trop fidèlement les
revendications des mouvements sociaux. En même temps,
on l'accuse de chercher à satelliser et à contrôler
ces mêmes mouvements. Il y a là une contradiction
flagrante. Si l'UFP essayait d'imposer sa plateforme
radicale à des mouvements sociaux réticents (comme le
faisait les ML dans les années 1970), on pourrait
parler d'instrumentalisation. Mais l'UFP veut ETRE un
instrument pour ces mouvements, pas l'inverse.
La réalité des relations entre ce nouveau parti et les
appareils des mouvements ( à ne pas confondre avec la
base militante ou les membres) est que les directions
des centrales syndicales et la bureaucratie
communautaire s'opposent à l'UFP en utilisant la
rhétorique de l'autonomie et de la neutralité
politique, une vieille excuse qui a été utilisée pour
appuyer les libéraux dans les années 1950 et 1960 et
le PQ depuis 30 ans.
La rupture avec le PQ sans véhicule partidaire est une
position confortable qui convient aux bureaucrates qui
cherchent à se ménager de bonnes relations avec le PQ
tout en se préservant une crédibilité " de gauche "
auprès de leurs membres. Si en plus on peut donner un
vernis anarchisant à cet opportunisme, c'est encore
plus fort !

On doit être capables de faire une différence entre
hégémoniser la gauche et unir la gauche. La peur
irrationnelle anarchiste de toute organisation
politique de masse doit être surmontée si on veut
sortir la gauche québécoise de l'éternelle
marginalité. La réalité de l'UFP est une extrême
décentralisation et un refus de créér des idoles et
des chefs de gauche. La priorisation de certains
comptés en terme de ressources comme les grosses
pancartes est simplement une bonne tactique, pas une
man?uvre visant à créer une micro-élite au sein du
parti.
La mauvaise expérience des groupes ML,
ultra-centralisés et dogmatiques, ne se compare pas
avec le projet de l'UFP qui est tout autre. Que des
anciens et anciennes d'En Lutte! et du PCO utilisent
LEURS erreurs sectaires et LEUR campagne pour le
contrôle bureaucratique des mouvements sociaux d'il y
a vingt ans pour dénigrer le travail de rassemblement
pluraliste des militant-e-s de l'UFP est d'une
hypocrisie répugnante.

Ça fait 100 ans que la gauche québécoise n'arrive pas
à créer un parti de masse et le résultat est que c'est
le PQ qui hégémonise les mouvements sociaux, pas
l'UFP. L'autonomie réelle des mouvements passe par la
rupture de ce clientélisme malsain qu'on appelle
maintenant l'économie sociale ou la concertation.
Pour ce qui est de " nos bonnes vieilles organisations
de combat : nos syndicats, nos groupes populaires, nos
associations étudiantes, nos groupes féministes, nos
groupes écologistes, etc. ". Elles sont dans la poche
du PQ depuis 30 ans. La convergence entre anarchistes,
bureaucrates et nationalistes qui s'oppose
présentement à l'UFP ne peut avoir comme résultat, si
elle réussit, qu'à maintenir cette relation de
dépendance matérielle et d'infantilisation politique.

La voie parlementaire vers le socialisme ne peut pas
donner de résultats. D'accord. Mais l'UFP ne prétend
pas être un candidat au pouvoir dans un avenir
prévisible, seulement l'expression de cette rupture
nécessaire avec le péquisme sous toutes ses formes. Et
personne ne déserte ces organisations pour construire
l'UFP à la place. Il n'y a pas d'évacuation de la
lutte sociale mais simplement la volonté d'être
conséquent entre ce qu'on fait à chaque jour
(combattre l'exploitation et l'oppression) et ce qu'on
fait à tous les quatre ans.
De plus, faire une dychotomie entre le travail au sein
d'un parti et celui qui s'impose dans les luttes
sociales est artificielle et contre-productive. Un
regroupement comme l'UFP permet à des centaines (et
potentiellement des milliers) de personnes impliquées
dans toutes sortes de luttes, de milieux, de régions,
de discuter ensemble de la situation politique, de
développer des campagnes d'appui aux luttes
prioritaires ou urgentes, de jouer un rôle clé dans la
mobilisation sur des enjeux internationaux, etc. Cette
dimension du parti de la rue est plus importante et
encore plus utile celle du parti des urnes.

Certains parlent de " développer une économie
parallèle, non-capitaliste " comme stratégie
révolutionnaire. Pour moi, il s'agit là d'un
réformisme à la Owen (ou Desjardins) qui a été
discréditée par l'histoire bien avant le réformisme à
la Bernstein (ou Gérald Larose) . J'aime mieux dévouer
mon précieux temps à l'éducation politique et à la
construction d'une tendance marxiste au sein d'un
parti de masse décentralisé.
La meilleure stratégie pour prévenir une dérive
électoraliste à la Blair dans l'UFP est d'y développer
un courant révolutionnaire dynamique, ouvert et qui ne
confonde pas le socialisme avec la propriété étatique
ou une colonne de tanks avec une révolution sociale,
un courant pour un socialisme par la base qui est
synonyme de démocratie directe.

Je reviens au Québec cet été, j'habiterai dans la
nouvelle ville fusionnée de Gatineau, et j'ai
terriblement hâte de travailler avec les gens de l'UFP
dans cette région afin de réaliser la " promesse
électorale " la plus importante de l'UFP, celle de
devenir un parti de la rue autant qu'un parti des
urnes. Ma propre promesse est de faire ce travail tout
en organisant une tendance socialiste révolutionnaire
au sein de l'UFP.

À bientôt !

Benoit Renaud
Halifax


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