Lundi soir, 19h30, Aux Bobards, sur St-Laurent...Un "chiar"...progressiste! Des centaines de gens (on en a dénombré environ 300 à l'intérieur et une cinquantaine dehors) réunis pour un autre monde possible, pour un autre Québec possible.

Amir Khadir, l'homme hyperactif qu'on a qualifié de premier candidat de l'UFP qui siégera à Québec, tellement l'appui de la population et des artsistes est fort dans le comté Mercier, donc, Amir Khadir disais-je, fait une entrevue avec la chaîne nationale sur la scène. Richard Desjardins tente de se frayer un chemin avec sa guitare parmi la foule de plus en plus dense. Des commentaires fusent de toutes parts. "C'est l'enfer, as-tu vu la file dehors!" "Cal*%$& qu'y'a du monde!" "Une Bleue?, hurle la barmaid. -Non, une Black Label, répond le client, sûrement un militant gauchiste, puisqu'il est là. -Une QUOI???, re-hurle la serveuse." "Avez-vous acheter votre billet pour le tirage de l'oeuvre sur la scène?" "J'ai chaud là..." Oui, moi aussi j'ai chaud. C'est l'enfer. C'est la folie poétique et politique qui s'est emparée des gens qui croient en l'UFP. C'est l'enfer, mais c'est un merveilleux enfer. Ce n'est pas l'odeur du soufre et de la misère humaine qu'on percoit mais l'odeur de l'espoir. C'est l'enfer paradisiaque. C'est la beauté de l'union, dans toute sa splendeur, sa chaleur, sa cacophonie. "Haaaa! Une Black Label!, fini par comprendre la serveuse."

J'essaye d'avoir une entrevue avec Richard Desjardins, moi, petite stagiaire au CMAQ que je suis, je me tiens, là, avec mon calepin et mon crayon et j'essaie de survivre...Mais Desjardins est parti du décor. "Excuse-moi, c'est ma place. -Désolée mademoiselle, dis-je." "Eh! Je veux passer" "Désolée!" "Sorry!" "Scuse-moi ma belle!" Bon, revoilà la barmaid qui revient avec la fameuse Black Label, qui doit déjà être "flat" tellement ca pris du temps, tellement y'a du monde. Bon, je bouge un peu, dans la mesure du possible, trois pas et j'ai le temps de me faire bousculer 18 fois. Population du bar: 10 personnes par mètre carré. J'essaie de "spotter" un des gars de Loco Locas..."Ya ben trop de monde, ca rentrera jamais!", mais en vain. Amir Khadir quitte son stage médiatique. Je veux une entrevue! Mais le temps de le rattraper et il est déjà disparu...Les commentaires fusent de toutes parts disais-je. "Richard Desjardins qui chante dans un congrès politique!" Oui, moi aussi je me suis dit ca. Je veux une entrevue! Des gens, des gens, des gens. Jeunes, vieux, hommes, femmes, francophones, anglophones, noirs, blancs, arabes, whatever...Un melting-pot de personnes qui n'ont qu'en commun que le désir de voir les choses bouger et avancer. Pour ce, ils appuient Amir Khadir. le journaliste de Radio-Canada installe son micro. C'est toujours eux qui ont la tribune journalistique lors de tels événements. "Mary-Josée Brissette du CMAQ. -Du quoi? -C-M-A-Q, m'imaginais-je dans ma tête." Bon! Revoilà l'Abitibien avec sa guitare. C'est ma chance. "M. Desjardins!", criais-je. Il ne m'a pas entendue, à travers ce brouhaha d'humains humanistes humanisés... "Ben coudon!", que je me dis. (réaction à accent typiquement saguenéen). Je me sens comme si j'assistais à un show à Musique Plus, avec tous ces visages heureux et surexcités agglutinés aux fenêtres du bar. Des commentaires, disais-je...Oui, la dense foule, oui la dure réalité médiatique (difficulté d'obtenir une entrevue au profit de la société d'État), oui tout cela, mais surtout, les commentaires, les mots que les gens ont à dire. "Y'a un line-up d'au-dessus de 20 000 personnes...Ca se rend jusqu'au top du Mont Royal!", lance l'animateur au veston vert excentrique et à l'humour facile. La soirée commence enfin...

"Mmes et MM, bienvenue à l'Académie des étoiles de la liberté!"

Premier artiste sur scène: le poète Amir Khadir en personne, celui que les gens sont venus appuyer." On fait la démocratie en détruisant la maison des gens sur leur tête. (...) La seule folie qui nous reste, c'est la folie des mots, la folie de la poésie.", dit-il pour introduire sa lecture poétique. Il est suivi de sa femme, qui a lu, elle aussi. Le troisième invité est Armand Vaillancourt, un sexagénaire à la longue toison blanche, poète militant depuis plus d'une génération, également auteur de l'oeuvre qu'on fait tirer. Il lit son poème... "Aussitôt qu'un peuple se laisse gouverner, il renonce à sa liberté. (...) Oui à un gouvernement socialiste qui se met au service du peuple.(...) Armand Vaillancourt, avril 1980." Définitivement, plus ca change, plus c'est pareil! M.Vaillancourt quitte la scène pour la céder à une dame, représentente de la CSN, qui est venue faire de la poésie syndicale. "Je suis venue annoncer que les mineurs de Horn, en Abitibi ont pris la résolution d'appuyer l'UFP!" En effet, une grève sévère sévit chez les travailleurs de cette mine depuis quelques mois déjà. Jeszcze Raz monte à la suite de Soraya Benitez, une ténor espagnole à la voix enivrante qui a recu des commentaires hurlés à partir de partout dans le bar "!Que bonito!". Jeszcze Raz monte. "Une chanson en arabe pour ceux qui veulent appuyer l'UFP, une chanson en polonais pour ceux qui veulent se saouler!", lance-t-il, avant d'entamer ses deux pièces, qui, ma parole, donnaient des frissons..."À la victoire!", a-t-il conclu. À la victoire d'Amir Khadir. Ce serait tellement génial de donner un siège à l'Assemblée nationale à l'UFP. Juste un pour montrer à cette gang de néo-libéraux de droite que la gauche gagne en popularité auprès du peuple, des citoyens. T'sé des gens, des personnes, pas des numéros, des votes potentiels, des contribuables, des consommateurs, ts'é des humains, des citoyens du Québec. Bon, je retourne à la soirée poélitique. Le point fort de la soirée arrive sur scène. Richard l'Abitibien, celui qui vient de la région ou les hommes ont des bras aussi gros que des troncs d'arbres (si gros arbres il reste en Abitibi, mais ca c'est un autre sujet, je m'éparpille un peu là). Simplement lui-même, Richard prend sa guitare, fait deux-trois notes et dit :"J'sais c'est quoi un vol de banque, mais je ne savais pas c'était quoi un vol de planète". Il entame ensuite "Charcoal", suivi d'une pièce on ne peut plus d'actualité, dont les paroles ont pris un sens spécial en cette soirée et quia su faire vibrer la foule, la pogner au coeur, comme on dit, et je parle bien sûr des Yankees. EXCELLENT. Je n'ai pas besoin d'en dire plus long. la foule a demandé un rappel et le bon gars qu'est Richard est remonté pour jouer une très belle ballade, qui, à mon humble avis, a moins eu d'effet sur la population ufpienne que les Yankees. Amir Khadir revient sur scène. "Je voulais dire à Richard que s'il pense qu'on veut devenir les présidents de la misère, il se trompe. Nous on veut devenir les ouvriers du bonheur national brut!" Mais Richard lui avait déjà répondu en disant, entre deux chansons : "On va essayer Amir Khadir à Québec pis si ca fait pas on va l'envoyer ambassadeur à Tel-Aviv!"

Bien d'autres artistes on pris la scène ensuite. Mais je ne suis malheureusement pas restée jusqu'à la fin. Je me suis laissée gagner par la chaleur intense qui régnait à l'intérieur, par la fatigue et puis je voulais bien céder ma place à des gens qui étaient dehors depuis plus d'une heure. Je n'ai jamais fait d'entrevues. Je me suis dit que c'aurait été discriminatoire d'interroger un seul artiste alors qu'ils étaient tous là pour la même cause, qu'ils étaient tous bons et qu'ils ont tous passer leur message sur scène. Inutile de les faire répéter, je ne suis pas une journaliste harcelante. Comment conclure? Euh.... Si les campagnes électorales amènent des événements comme ca, il devrait en avoir plus souvent! À condition, bien sûr, que l'UFP prenne encore plus de place dans le coeur des citoyens conscientisés.