Le cirque électoral, la démagogie parlementaire, les impératifs économiques sont autant de choses qui ne servent qu'à nous éloigner de nous-mêmes ; qui nous font abdiquer notre pouvoir collectif ; qui nous poussent à le remettre dans les mains de ceux qui l'on toujours eu.

Aux prochaines élections, je m'abstiendrai ou peut-être que j'irai manger mon vote histoire qu'il ne serve à personne d'autre. Parce que je crois que c'est se fourrer un doit dans l'œil que de penser transformer le monde par des élections. Je crois qu'il faut aller plus loin que la fausse démocratie. À tous les quatre ans, on va se mettre dans les rangs pour s'élire une dictature de quatre ans; on va voter pour savoir qui sera le pantin de l'économie pour le prochain mandat. Et quand ça change de parti, oh surexcitation totale! On repeint les murs du parlement aux couleurs de notre nouvelle équipe préférée. Puis, au fil des quatre années qui suivent, on apprend à la détester, on s'en mord les doigts, on se dit que la prochaine fois on votera pour l'autre équipe ou peut-être pour la toute nouvelle équipe, celle qui porte un gilet bleu foncé. Et pourtant, on apprend jamais. On se fait plutôt bourrer le crâne à coup de "les Québécois s'intéressent de plus en plus à la politique", de "À la prochaine fois", de "Restons forts", etc.

Mais où trouve-t-on dans cette mascarade, de l'espace pour débattre. Oui bien sûr! Dans le sous-sol de l'Église Saint-Jean-Baptiste où le parti de la grenouille essaie, en attendant d'exploser, d'atteindre la taille du parti du bœuf. Mais pourquoi s'enfle-t-elle cette grenouille? Ou plutôt, est-ce qu'elle avait besoin de s'enfler autant pour créer un espace de débat?

Les élections ne sont plus qu'histoire de gros sous (et je doute qu'il en fut jamais autrement); de gros sous et de mass-médias et de pollution visuelle et sonore. Elles n'offrent pas d'autres alternatives que celle de voter pour le moins pire. Ici, je vous entends me traiter de cynique. Eh bien oui, c'est exactement ça. Mais pas cynique en général, mais plutôt envers les partis, envers le système électoral, envers la pseudo bonne volonté de ces amants du pouvoir. Absolument cynique!

L'important, je crois, c'est de s'organiser collectivement et non de recruter des membres, c'est de combattre les injustices et non de présenter des candidats, c'est d'imprimer des journaux alternatifs, de tenir des assemblées publiques, de refaire les liens dans la société et non de vanter le plus meilleur programme. Parce qu'on est une poignée au Québec et dans le monde à tenter de brasser la cage et que dans cette poignée, il y en a je ne sais pas combien qui passent tous leurs efforts dans le cirque électoral. Je trouve cela déplorable de perdre son temps avec ces âneries. Je ne voterai pas cette fois-ci parce que c'est tous les jours que je veux voter, parce que la démocratie doit se faire à l'année longue et pas aux quatre ans. Parce qu'au moins la prochaine fois qu'ils fileront mes sous à une grosse multinationale pour créer trois jobs, eh bien, que ce soit n'importe lequel de ces hurluberlus, ils le feront sans mon aval. Parce que ça serait comme choisir qui je vais combattre pour les quatre prochaines années. Parce que je trouve que c'est complètement absurde comme démocratie. Et que j'en fais un choix politique, car soyons clair, l'abstention ou l'annulation (pour moi ça se rejoint) c'est un vote, c'est un choix politique.