Multimedia
Audio
Video
Photo

Dissidence ouvrière en terre communiste : les droits de l’homme sont bafoués en Chine

Anonyme, Miércoles, Marzo 19, 2003 - 16:57

Normand Landry

De profonds bouleversements sociaux affectent la Chine. Modernité oblige, l’empire communiste s’ouvre au grand capital et à de lourdes réformes économiques. Le pays, qui a fêté son premier anniversaire à l’Organisation Mondiale du Commerce en novembre dernier, se fait maintenant le promoteur d’une nouvelle forme d’entreprise privée. Cet enthousiasme cache néanmoins une terrible réalité humaine et de profondes violations des droits humains, notamment dans le monde ouvrier.

Le socialisme à la chinoise

Virtuellement inexistant en Chine jusqu’à la fin des années 1970, le secteur privé ne cesse de s’accroître depuis les deux dernières décennies. Plus de 960 000 firmes privées ont en effet été rapportées au pays en 1997. Radical changement de politique économique ? Certainement pas selon l’avis de Christian Constantin, chercheur au Centre d’Études internationales et Mondialisation de l’UQAM (CEIM). L’homme en question connaît fort bien la Chine puisqu’il y a habité pendant deux ans. « Ce n’est pas un changement précipité, affirme le chercheur. Ça fait plus de 20 ans que se développent des îlots capitalistes en Chine. Cela s’inscrit dans une politique à long terme d’ouverture. » M. Constantin affirme de plus que « la Chine cherche à être réintégrée dans le GATT d’abord, puis dans l’OMC ensuite, depuis au moins 20 ans ». La détermination chinoise à obtenir son adhésion dans l’Organisation était considérable, et pour cause. « Pour obtenir son entrée à l’OMC, la Chine a du faire des concessions très importantes, même dans le domaine des achats public. Elle a ouvert son marché public beaucoup plus que nous, en Occident, on peut l’avoir fait. La Chine a notamment renoncé à certaines pratiques de subventions agricoles. Des pratiques qui sont largement utilisées en Europe ou en Amérique du Nord ». La Chine a aboli ses protections dans plusieurs secteurs industriels de grande importance, « des droits, selon le chercheur, qu’aucun autre membre de l’OMC n’a accepté de se démettre ».

De telles transformations ne se font pas sans heurts. Le nombre de conflits ouvriers a augmenté drastiquement en Chine ces dernières années, et pour cause. Plus de 1200 personnes ont perdu la vie au cours d’accidents de travail en Chine durant les six premiers mois de 2001. Les ouvriers chinois, mis à mal par les réformes économiques, des conditions de travail plus que pénibles et des salaires manquants ou amputés, réclament à grands cris un partage plus équitable des richesses. Le Star Tribune compare même la Chine en ce domaine avec… les États-Unis ! Ceux-ci possèdent en effet des structures de classes entraînant l’accaparement de 42 % des revenus urbains par les 20 % les plus aisés. Les 20 % les plus pauvres se partagent, chez les deux pays, un maigre 6 %. Le chômage sera un enjeu fort important pour le pays le plus populeux du monde. M. Constantin estime entre 40 et 50 millions le nombre de personnes qui verront leurs emplois menacés par les restructurations. Un fossé similaire se creuse également entre les zones rurales et urbaines. À cela s’ajoute une compétition ouvrière exacerbée par une émigration rurale dépassant la dizaine de millions de personnes au cours de la dernière décennie seulement. Le chômage rural prend également des proportions effarantes ; plus de 150 millions d’individus vivent dans des statuts économiques précaires.

L’écrasement d’une réalité

Certains cas sont évocateurs ; celui de Yue Tianxiang se fait l’illustration de toute une réalité.
Yue a perdu son emploi en 1995. Au moment de son congédiement, la compagnie dont il était à l’embauche lui devait plus de 3 mois de salaire. Décidé, il a mené sa cause devant le Comité de l’arbitrage et des conflits du travail de Tianshui. La décision de l’organisme a été sans équivoque, celui-ci accordant à la compagnie le droit de ne pas payer ses employés jusqu’au moment où elle se juge en position financière de la faire. Dégoûté, Yue a fondé en 1999 le « China Workers Monitor », un organisme de défense des travailleurs. Il s’est fait arrêter en juillet de la même année sous les accusations de « subversion contre l’appareil d’État » et purge actuellement une peine de 10 ans de prison.

Les organismes de défenses des droits humains regorgent de cas similaires. Les emprisonnements et les exactions subies par les travailleurs défendant leur droit à l’association sont monnaie courante en Chine.

C’est dans un tel contexte que s’organisent les manifestations ouvrières malgré l’interdiction de former des syndicats indépendants en Chine. L’ACFTU ( All China Federation of Trade Unions) se veut l’instance nationale chargée de défendre les droits des travailleurs à travers ses ramifications régionales. De nombreux mouvements visant la création de syndicats indépendants sont néanmoins apparus en Chine ces dernières années. Les organisateurs des mouvements de travailleurs et sociaux s’exposent à de lourdes peines et à des condamnations pour « subversion » et actes « contre-révolutionnaires ». Il n’est pas rare de trouver des rapports d’Amnistie Internationale ou de l’OIT faisant mention de condamnations à vie ou de condamnations à mort pour de tels actes.

Y aurait-il une nouvelle guerre de classes en Chine ? Christian Constantin en doute fort : « Pour l’instant, il y a beaucoup d’espoir parce que la situation s’est beaucoup améliorée. Il y a une très grande croissance économique et la population, dans son ensemble, en a profité. Il y a l’émergence d’une classe moyenne en Chine, et c’est quelque chose de tout nouveau . Il ne faut pas oublier qu’il y avait autrefois beaucoup moins d’inégalités en Chine, mais que les gens avaient beaucoup moins. Les gens sont en général assez satisfaits du fonctionnement des choses là-bas. Des cas de ssuccess-stories il y en a beaucoup en Chine. »

Pays de contrastes, la Chine, obsédée par son développement, écrasera-t-elle ses ouvriers au profit d’une nouvelle classe moyenne ? C’est une histoire d’importance et il est à craindre que les récents débordements qu’a connus le pays ces derniers temps ne se multiplient.

Par Le socialisme à la chinoise

Virtuellement inexistant en Chine jusqu’à la fin des années 1970, le secteur privé ne cesse de s’accroître depuis les deux dernières décennies. Plus de 960 000 firmes privées ont en effet été rapportées au pays en 1997. Radical changement de politique économique ? Certainement pas selon l’avis de Christian Constantin, chercheur au Centre d’Études internationales et Mondialisation de l’UQAM (CEIM). L’homme en question connaît fort bien la Chine puisqu’il y a habité pendant deux ans. « Ce n’est pas un changement précipité, affirme le chercheur. Ça fait plus de 20 ans que se développent des îlots capitalistes en Chine. Cela s’inscrit dans une politique à long terme d’ouverture. » M. Constantin affirme de plus que « la Chine cherche à être réintégrée dans le GATT d’abord, puis dans l’OMC ensuite, depuis au moins 20 ans ». La détermination chinoise à obtenir son adhésion dans l’Organisation était considérable, et pour cause. « Pour obtenir son entrée à l’OMC, la Chine a du faire des concessions très importantes, même dans le domaine des achats public. Elle a ouvert son marché public beaucoup plus que nous, en Occident, on peut l’avoir fait. La Chine a notamment renoncé à certaines pratiques de subventions agricoles. Des pratiques qui sont largement utilisées en Europe ou en Amérique du Nord ». La Chine a aboli ses protections dans plusieurs secteurs industriels de grande importance, « des droits, selon le chercheur, qu’aucun autre membre de l’OMC n’a accepté de se démettre ».

De telles transformations ne se font pas sans heurts. Le nombre de conflits ouvriers a augmenté drastiquement en Chine ces dernières années, et pour cause. Plus de 1200 personnes ont perdu la vie au cours d’accidents de travail en Chine durant les six premiers mois de 2001. Les ouvriers chinois, mis à mal par les réformes économiques, des conditions de travail plus que pénibles et des salaires manquants ou amputés, réclament à grands cris un partage plus équitable des richesses. Le Star Tribune compare même la Chine en ce domaine avec… les États-Unis ! Ceux-ci possèdent en effet des structures de classes entraînant l’accaparement de 42 % des revenus urbains par les 20 % les plus aisés. Les 20 % les plus pauvres se partagent, chez les deux pays, un maigre 6 %. Le chômage sera un enjeu fort important pour le pays le plus populeux du monde. M. Constantin estime entre 40 et 50 millions le nombre de personnes qui verront leurs emplois menacés par les restructurations. Un fossé similaire se creuse également entre les zones rurales et urbaines. À cela s’ajoute une compétition ouvrière exacerbée par une émigration rurale dépassant la dizaine de millions de personnes au cours de la dernière décennie seulement. Le chômage rural prend également des proportions effarantes ; plus de 150 millions d’individus vivent dans des statuts économiques précaires.

L’écrasement d’une réalité

Certains cas sont évocateurs ; celui de Yue Tianxiang se fait l’illustration de toute une réalité.
Yue a perdu son emploi en 1995. Au moment de son congédiement, la compagnie dont il était à l’embauche lui devait plus de 3 mois de salaire. Décidé, il a mené sa cause devant le Comité de l’arbitrage et des conflits du travail de Tianshui. La décision de l’organisme a été sans équivoque, celui-ci accordant à la compagnie le droit de ne pas payer ses employés jusqu’au moment où elle se juge en position financière de la faire. Dégoûté, Yue a fondé en 1999 le « China Workers Monitor », un organisme de défense des travailleurs. Il s’est fait arrêter en juillet de la même année sous les accusations de « subversion contre l’appareil d’État » et purge actuellement une peine de 10 ans de prison.

Les organismes de défenses des droits humains regorgent de cas similaires. Les emprisonnements et les exactions subies par les travailleurs défendant leur droit à l’association sont monnaie courante en Chine.

C’est dans un tel contexte que s’organisent les manifestations ouvrières malgré l’interdiction de former des syndicats indépendants en Chine. L’ACFTU ( All China Federation of Trade Unions) se veut l’instance nationale chargée de défendre les droits des travailleurs à travers ses ramifications régionales. De nombreux mouvements visant la création de syndicats indépendants sont néanmoins apparus en Chine ces dernières années. Les organisateurs des mouvements de travailleurs et sociaux s’exposent à de lourdes peines et à des condamnations pour « subversion » et actes « contre-révolutionnaires ». Il n’est pas rare de trouver des rapports d’Amnistie Internationale ou de l’OIT faisant mention de condamnations à vie ou de condamnations à mort pour de tels actes.

Y aurait-il une nouvelle guerre de classes en Chine ? Christian Constantin en doute fort : « Pour l’instant, il y a beaucoup d’espoir parce que la situation s’est beaucoup améliorée. Il y a une très grande croissance économique et la population, dans son ensemble, en a profité. Il y a l’émergence d’une classe moyenne en Chine, et c’est quelque chose de tout nouveau . Il ne faut pas oublier qu’il y avait autrefois beaucoup moins d’inégalités en Chine, mais que les gens avaient beaucoup moins. Les gens sont en général assez satisfaits du fonctionnement des choses là-bas. Des cas de ssuccess-stories il y en a beaucoup en Chine. »

Pays de contrastes, la Chine, obsédée par son développement, écrasera-t-elle ses ouvriers au profit d’une nouvelle classe moyenne ? C’est une histoire d’importance et il est à craindre que les récents débordements qu’a connus le pays ces derniers temps ne se multiplient.

Une version abrégée du présent texte a été publié dans le Quartier Libre, volume10, numero13
www.ql.umontreal.ca


Asunto: 
DUPLICATA
Autor: 
patc
Fecha: 
Jue, 2003-03-20 08:47

DUPLICATADUPLICATADUPLICATADUPLICATADUPLICATA


[ ]

CMAQ: Vie associative


Collectif à Québec: n'existe plus.

Impliquez-vous !

 

Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une Politique éditoriale , qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.

This is an alternative media using open publishing. The CMAQ collective, who validates the posts submitted on the Indymedia-Quebec, does not endorse in any way the opinions and statements and does not judge if the information is correct or true. The quality of the information is evaluated by the comments from Internet surfers, like yourself. We nonetheless have an Editorial Policy , which essentially requires that posts be related to questions of emancipation and does not come from a commercial media.