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Grenoble : des squatteureuses contre la guerre et l'aaart

Anonyme, Martes, Marzo 18, 2003 - 11:50

sqatttoujours

Des squatteureuses de grenoble et des alentours se sont bien amuséEs ce 15 mars lors de la manif contre la guerre en irak puis à l'occasion d'un vernissage très tendance au "magasin"...

Grenoble : des squatteureuses contre la guerre et l'aaart

Des squatteureuses de grenoble et des alentours se sont bien amuséEs ce 15 mars lors de la manif contre la guerre en irak puis à l'occasion d'un vernissage très tendance au "magasin"...
Des squatteureuses de grenoble et des alentours se sont encore bien amuséEs ce 15 mars :

Grenoble, samedi 15 mars de l'an zéro trois : quelques énergumènes sarcastiques ont mené la vie dure à différents symboles du monde de fric, de flics, de spécialistes dans lequel nous vivons en ce sinistre jour pour les squatteureuses et les "mauvaiSEs" locataires car il signifie la fin de la "trêve d'hiver" et le retour officiel des expulsions. Et bien que l'annonce de la mort de jean-luc lagardère, magnat de l'industrie militaire et médiatique, en ce même jour, ne nous ait pas déplu, elle ne nous a pas fait oublier que plein plein plein de capitalistes sont encore bien vivantEs.
Nos aventures palpitantes commencent ainsi : nous sommes alléEs joyeusement protester contre les menaces de guerre en irak à la manif qui avait lieu dans l'après-midi et qui rassembla près de 10 000 personnes. Pour cela, une première mise en jambes s'imposa sous la forme d'une distribution de tracts avant et pendant le début du défilé. Le texte distribué était écrit blanc sur noir, de format A5 avec pliure au milieu ("très beau tract", ont même dit certaines personnes). Il était signé par d'obscurEs "éléments pour un bloc noir". Il se voulait porteur d'une vision qui ne colle pas vraiment, voire pas du tout, avec certaines perceptions réformistes qui sont capables de parler parfois de "guerre juste", ou d'occulter le fait que la guerre n'est qu'un prolongement spectaculaire des systèmes de domination (état, capitalisme, patriarcat, racisme, chefferie...) [1]. Mais notre participation à la manif n'allait pas s'arrêter là. Refusant de participer à un cortège sans y participer, sachant que nous avions nous aussi des choses à dire, d'autant plus que ces choses sont plutôt différentes et intéressantes (nous semble-t-ille), nous décidâmes d'adopter un mode de communication plus dynamique et subversif. De nombreuses publicités et de nombreux supports à vocation commerciale durent subir nos méfaits bien ordonnés. Quelques vitrines furent ainsi décorées de slogans. Des publicités furent détournées : des personnages inaniméEs sur papier glacé se sont misES alors subrepticement à dire des choses telles que : "Ni george, ni saddam, les chefs au feu, jacques au milieu", "Ni george, ni saddam, les nations au feu, la france au milieu", "Ni george, ni saddam, le patriarcat au feu, l'état au milieu", "Le capitalisme c'est la guerre, le patriarcat aussi", "Pas de guerre en irak, pas de paix entre les classes", etc. Nous eûmes aussi une pensée pour jean-luc lagardère : des slogans comme "lagardère est mort, mort aux capitalistes" ou "si tu ne viens pas à lagardère, la guerre viendra à toi" furent malicieusement écrits. Des agences immobilières servirent (involontairement de leur part) de supports de soutien aux squats : "à bas la propriété privée, squattons le monde", "contre les expulsions, solidarité avec les squats", tel fut le genre de messages qui émana de ces supports. La plupart des gens autour de nous (à l'intérieur ou non du cortège) étaient peut-être plus malicieuSEs que nous, puisqu'illes semblaient apprécier ce genre de littérature en acte, en exprimant des gestes et des sourires d'adhésion. A noter qu'une seule personne est venue nous admonester. Cela pouvait être compréhensible puisqu'il s'agissait d'un agent du réseau de transports grenoblois pendant que nous laissions exprimer notre verve politique sur des abris-bus. Le bougre n'insista pas longtemps en voyant notre faible enthousiasme à coopérer et à lui donner la moindre et sérieuse attention. A noter que certainEs d'entre nous restèrent sur leur faim. Ne trouvant pas de boucherie sur le chemin du cortège, nous n'eûmes pas l'occasion cohérente de noircir les vitrines de ce genre d'antres de la souffrance animale avec des slogans tels que "Les boucheries au feu, bush au milieu". Nous tentâmes de combler cette frustration en nous attaquant à des prospectus entreposés devant des magasins et qui faisaient du prosélytisme pour des éléments de la société de domination-consommation-aliénation. Des journaux vendant de l'alcool ou de l'immobilier furent ainsi enlevés de leur chariot, rageusement déchirés et mis soigneusement dans des poubelles.
Ajoutons par ailleurs que durant cette manif, nous rencontrâmes des éluEs communistes de (Saint)-Martin-d'Hères [2]. Cette bonne vieille mairie PCF de la banlieue grenobloise se trouve être propriétaire d'un lieu investi par des squatteureuses qui l'ont renommé la charade pour en faire un espace autonome d'habitation et d'activités, ce qui n'a pas plu aux susditEs zéluEs qui voudraient bien les expulser le plus rapidement possible [3]. L'adjoint au logement de la ville ainsi que le maire étaient présents. Nous en profitâmes pour leur donner avec facétie de l'information, à savoir notre fameux tract noir sur la guerre, ainsi qu'un papier appelant à une manif à grenoble contre les expulsions (héhé) et les brutalités policières, laquelle aura lieu le 29 mars (rdv à 15h, place félix poulat). Leur réaction ne fut pas ouvertement hostile à notre égard. Ils trouvèrent la situation rocambolesque, ne cachant pas un sourire qui semblait davantage relever d'une fourberie propre à tous les politiciens.
Le défilé s'acheva dans un parc délaissé par le public de la grande messe commerciale du samedi soir (soit la majorité de la population, hélas). Sans que personne ne leur ait demandé quoi que ce soit, les grands et les petits chefs réformistes prirent place pour haranguer la foule de leurs discours creux. Jugeant le faible intérêt de la situation, nous décidâmes de quitter le rassemblement. Nous allâmes récupérer nos vélos, et, oh ! surprise et damnation !, nous nous rappelâmes les avoir attachés contre les vitrines d'un mac donald's. Derrière ces vitrines, des gens étaient attabléEs en toute tranquillité. La disposition du lieu menait ces dernierEs à nous faire face. Nous nous mîmes alors à les dévisager avec bonne humeur, à l'instar de voyeureuses dans ces stupides lieux qu'on appelle zoos ou musées. Dans un premier temps gênéEs, la plupart d'entre elleux se mirent à sourire devant cette situation plutôt cocace. Ne voulant pas leur laisser l'impression d'une critique purement superficielle de notre part, nous sortîmes papier et marqueur de nos poches et écrivîmes sous leurs yeux un slogan plutôt spontané mais pas insensé, même s'il ne volait pas très haut (c'était un truc du style : "Boycottons mac donald's ! C'est de l'exploitation et de la bouffe de merde"). Nous longeâmes alors les vitrines du fast-food en brandissant le papier sur lequel était écrit le slogan. Les clientEs virent le message, certainEs méduséEs, d'autres amuséEs voire acquiescantEs paradoxalement. Personne n'est sortiE nous casser la gueule, pas même le vigile (qui semblait faire partie de cette frange bizarrement approbative). Néanmoins, personne n'est sortiE du magasin en disant pas même : "ouais vous avez raison, macdo c'est dégueu et ça craint, brûlons-le !".
Nos méfaits de cette joyeuse journée n'allaient pas s'arrêter là. Oh que non. Nous savions qu'à l'autre bout de la ville, un énième vernissage allait se tenir au centre national d'art contemporain de grenoble (qui s'appelle le "magasin"). Quelques énergumènes d'entre nous décidèrent d'aller perturber de nouveau ce genre de rendez-vous mondains et nombrilistes. Et pour cause, nous distribuâmes à quelques consommateurices venuEs pour l'occasion, un mini flyer d'un format plus proche de l'A12 que de l'A5 (pourquoi gaspiller tant de papier pour des artisteux), lequel flyer apostrophait de la manière suivante : "Sais-tu que l'art pue du nombril ? Tu ne sais pas ? Tu veux savoir ? Contacte zanzara@squat.net". Ce texte fut même lu à voix haute durant le buffet, qui fut au préalable copieusement pillé par nous. Nous fûmes en effet les premières personnes à prendre l'initiative de se servir. Nous piquâmes néanmoins un scandale du fait de la présence de toasts à la viande et la quasi absence d'aliments sans exploitation animale. Autre scandale : la présence d'alcool et l'absence totale de jus de fruits. Nous le fîmes entendre, même si au final, nous trouvions que vendre de l'alcool durant un buffet était relativement moins pire que de l'offrir, même si en soi, l'alcool (comme toutes les drogues) participe au conditionnement de l'aliénation au spectacle. Mais avant ceci, nous laissâmes exprimer notre iconoclasme en courant à travers le musée ou en chamoizonant contre les murs [4]. Le but était évidemment de marquer nos positions désacralisantes vis-à-vis de l'art. Très tôt, nous nous fîmes brancher par un technicien et un sous-fifre du musée qui faisaient office de vigiles plutôt mécontents. Nous sautâmes alors sur l'occasion pour leur distribuer un texte contre les vigiles [5]. Plus tard, nous discutâmes longuement avec le technicien qui vint nous admonester au début. Nous lui dîmes pourquoi nous ne voulions pas d'un monde de vigiles, de flics et de spécialistes, lui proposant une vision basée sur des principes d'entraide et d'autonomie, loin de toute construction de domination et de rapports de concurrence. Après quoi, nous continuâmes à déambuler à travers ce sanctuaire du nombril en tenant des propos contre l'art, en incitant les gens à ne pas regarder les tableaux, mais plutôt à se regarder entre elleux, ou à regarder des éléments qui ne sont pas qualifiés "artistiques" (les plinthes, les clous sur le plancher, les tâches de peinture au sol, le plan d'évacuation...). Il s'agissait de montrer l'absurdité sclérosante qui émane des objets d'art. Nos propos alternaient avec d'autres courses-poursuites ou d'autres moments ludiques, comme se cacher dans des recoins pour échapper aux extrapolations spectacularistes et marchandes d'un fourbe artiste-photographe présent sur les lieux. Nous lui fîmes comprendre, par ailleurs, que nous ne voulions pas être pris en photo, car nous ne voulions pas servir à ses desseins si méchants. Nous distribuâmes aussi le reste de nos tracts sur les vigiles aux gardienNEs de musée qui étaient employéEs temporairement pour le vernissage et qui semblaient gravement s'ennuyer. Entamant la discussion avec chacunE d'elleux, nous réalisâmes que ces personnes étaient plutôt sympathiques
notre égard, puisqu'illes avouaient se désintéresser complètement de la valeur "artistique" des oeuvres qu'illes gardaient. Ces employéEs montrèrent même parfois des soutiens enjoués en ayant des sourires complices. CertainEs nous encouragèrent même à renouveler notre ardeur anti-artistique en nous indiquant de futures expositions ou portes ouvertes d'écoles d'art. Nous leur promîmes de réitérer au plus tôt.
quelques énergumènes sarcastiques.
[1] Le texte en question est disponible en écrivant à gast...@no-log.org, il est également en ligne sur internet (http://www.ainfos.ca/fr/ainfos03529.html). [2] Le "saint" est entre parenthèses car nous savons que les saints n'existent pas, profondément athées que nous sommes. [3] Voir le site de la charade (http://charade.squat.net) ou pour les contacter directement : char...@squat.net [4] Chamoizoner est une pratique gestuelle d'un mode absurde. L' individuE se tient alors debout, d'une manière plus ou moins évasive, face contre mur ou tout autre support vertical (arbre, lampadaire, horodateur...). Par ailleurs, lela chamoizoneureuse peut aussi utiliser un socle pour se surélever (une chaise, un banc, une grosse bouteille de gaz...). Pendant ce temps, l'individuE peut laisser libre-cours à son imagination, en contemplant de manière stupide ce qui est a priori incontemplable, ou en profitant de la posture qui lela met dos au public pour écrire des messages subversifs et révolutionnaires sur les supports verticaux qui lui font face. [5] Disponible sur http://www.ainfos.ca/fr/ainfos03464.html (posté le 27 février 2003 et intitulé "Gauche réformiste et contradictions débordantes") ou en écrivant à kand...@no-log.org
Auteur: anonymous ( des énergumènes sarcastiques )
lundi 17 mars 2003

Texte qui dénonce non seulement la guerre mais tout les systèmes de domination y compris la chefferie et le spécialisme des politiciens réformistes.


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