À Québec, en avril 2001, alors que les TVA, CTV et autres moutons plus ou moins jaunes de la télé brandissaient ad nauseam le sinistre spectre du "Black Bloc", plusieurs dizaines de journalistes indépendants et d'activistes affiliés librement au Centre des médias alternatifs du Québec sillonnaient la ville pour observer et rapporter ce que les médias corporatifs et publics omettaient par négligence, incompétence ou pure complaisance.

Seulement les 20 et 21 avril, le portail www.cmaq.net aura publié des centaines de documents produits sur place, gratuitement et en temps réel, par les citoyens. En deux jours, le site aura reçu des milliers de visites de partout dans le monde. La conscience militante Québécoise venait d'être initiée à la communication participative.

Avant d'être la convergence ponctuelle d'un groupe de militants, le CMAQ a été conçu comme l'alternative radicale à une conjoncture médiatique caractérisée par l'extrême concentration de la propriété médiatique. Sa création et celle du réseau Indymedia, dont il fait partie, est le signe de l'émergence d'une nouvelle économie politique de l'information, d'un nouveau paradigme de production médiatique, défini avant tout par la participation citoyenne et l'initiative autonome.

La pensée unique, la convergence et la concentration

Rappelons qu'au Québec, 3 ou 4 corporations déterminent ce qui fait et ce qui ne fait pas la nouvelle. Les nombreux critiques de la concentration estiment qu’il existe un risque important que les contenus de ces médias fassent l’objet d’une convergence et soient de plus en plus ajustés et déterminés par les diktats de l'économie de marché et les impératifs de l'idéologie néolibérale. Cet inquiétant processus est ce qu'on appelle la pensée unique.

À elle seule, Quebecor détient 15 quotidiens, 151 hebdomadaires, 17 magazines, 11 stations de télés, 7 stations de radio, un câblodistributeur et 11 sites Web privés. Elle contrôle 9 maisons d'édition, la plus importante chaîne de vente au détails de disques et rubans au Québec, 170 clubs vidéos et 8 entreprises de distribution. Quebecor est propriétaire de 160 imprimeries réparties dans 17 pays, ce qui en fait le plus important imprimeur commercial au monde.(1.) C'est se qu'on appelle la propriété croisée et la concentration verticale .

Sur le seul territoire québécois, Power Corporation contrôle sept quotidiens sur 10 et Transcontinental est propriétaire de 70 hebdomadaires.(2.) C'est ce qu'on appelle la concentration horizontale.

De 1970 à aujourd'hui, la proportion de journaux indépendants sur le marché Canadien est passée de 50,8 à 3 %, Le Devoir étant l'ultime quotidien indépendant au Québec.

On serait en droit de se demander comment cela a-t-il bien pu se produire?

L'histoire récente fourni quelques éléments de réponse.

En septembre dernier, la ministre d'État à la Culture et aux Communications, Diane Lemieux, annonçait la création d'un nouveau comité “ d'analyse et d'encadrement des activités de recherche sur les effets de la concentration de la presse