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Rencontre avec le chef du BP, Hugô St-Ongejplarche, Viernes, Marzo 7, 2003 - 16:59
J-P
Le jeune chef du Bloc pot, Hugô St-Onge m'a reçu la semaine dernière au local du Bloc pot, rue Rachel, à Montréal. Le cul dans de vieux sofas tout de même très confortables nous avons fait un tour d'horizon des positions qu'entend défendre le Bloc pot au cours des prochaines élections. Beaucoup plus sérieuse qu'on pourrait le penser, la jeune formation politique promet d'ajouter sa touche d'audace et de nouveauté durant la prochaine campagne électorale. Pourquoi les QuébécoisEs devraient voter pour le Bloc pot ? Parce que nous combattons l'hypocrisie. Nous ne disons pas que nous allons régler tous les problèmes de l'univers. On rejette la salade habituelle que servent ceux et celles qui cherchent le pouvoir qui sont prêt à dire un peu n'importe quoi pour plaire. Nous on est franc. On veut mettre fin à l'hypocrisie autour du pot et changer le système démocratique. Le jeune chef du Bloc pot, Hugô St-Onge m'a reçu la semaine dernière au local du Bloc pot, rue Rachel, à Montréal. Le cul dans de vieux sofas tout de même très confortables nous avons fait un tour d'horizon des positions qu'entend défendre le Bloc pot au cours des prochaines élections. Beaucoup plus sérieuse qu'on pourrait le penser, la jeune formation politique promet d'ajouter sa touche d'audace et de nouveauté durant la prochaine campagne électorale. Pourquoi les QuébécoisEs devraient voter pour le Bloc pot ? --- Parce que nous combattons l'hypocrisie. Nous ne disons pas que nous allons régler tous les problèmes de l'univers. On rejette la salade habituelle que servent ceux et celles qui cherchent le pouvoir qui sont prêt à dire un peu n'importe quoi pour plaire. Nous on est franc. On veut mettre fin à l'hypocrisie autour du pot et changer le système démocratique. Ça fera 80 ans au mois de juin que la prohibition a été votée au parlement fédéral. Pour nous, il est clair que le système qui a entraîné la prohibition et qui la maintient doit être combattu. Il y a un problème flagrant dans notre organisation politique. En fait on remet en cause le parlementarisme et la représentativité. La prohibition n'est-elle pas motivée par des raisons de santé publique ? Non, il s'agit d'un outil d'oppression. En 1923, lorsque le parlement a voté la prohibition, c'était un outil de répression envers les classes immigrantes et pauvres, particulièrement les Chinois à une époque où les tensions étaient élevées entre la main d'oeuvre asiatiques et les travailleurs blancs dans l'Ouest du pays. Ces lois prohibitives sont à leur base racistes et xénophobes parce que c'était une manière de contrôler des personnes qui viennent d'ailleurs ou d'interdire le marché qui est entre les mains d'autres économies. Le fait que ce soit une drogue du Sud déplaisaient aux fabricants de drogues du Nord . Dès l'origine de la prohibition, les compagnies pharmaceutiques ont joué un grand rôle. La première arrestation reliée au bannissement du canabis n'est intervenu que 14 ans plus tard... quelques temps après que les États-Unis aient commencé eux-mêmes à prohiber cette drogue et que le Canada ait adapté ses lois. Durant ces 14 années, la drogue était illégale mais la culture du chanvre, la plante qui peut produire la drogue, était subventionnée. C'est au cours des années soixante qu'on a vraiment commencé à faire de la répression alors que les jeunes de la classe moyenne commençaient à en consommer ce qui représentait une façon de critiquer le système et d'aller à contre-courant. En 1967, il y a eu 400 arrestations au Canada reliées au canabis. C'est allé en augmentant jusqu'à cette année où l'on recense 70 000 arrestations dont 30 000 pour possession simple. Le Bloc pot a-t-il d'autres préoccupations que la légalisation de la marijuana ? Comme je le disais, nous remettons en cause le système représentatif et le système électoral en soi. Nous nous sommes dits qu'en tant que parti politique nous devions rester critique de la machine dans laquelle nous évoluons. Surtout que c'est cette machine qui nous réprime, nous met en prison... Au sein du parti il y a une diversité d'opinion importante qui s'exprime. C'est un peu ça notre autre grand but : faire en sorte que les gens prennent le contrôle de la politique et réalisent que le pouvoir repose entre leurs mains, pas dans leur vote. La politique c'est ce qui permet de bâtir des projets collectifs. Encourager la diversité c'est aller à contre-courant du capitalisme sauvage qui a tendance à tout simplifier, égaliser. Dans votre programme vous revendiquez des amendements à la loi électorale. Quels seraient-ils ? C'est une idée générale. Même si nous n'avons pas de ligne claire en faveur de la proportionnelle c'est certain que plusieurs militantEs du parti souhaiteraient de tels changements. Chacun des candidats sera porteur des idées qui lui tiennent à coeur. Moi, ma perception c'est que le meilleur gouvernement sera gros comme une rue. Faut que les gens soient révocables et que ceux et celles qui représentent des gens soient connus par leurs électeurs. Présentement, une personne en représente 40 000, ça n'a pas de bon sens. J'ai été dans l'association étudiante du cégep du Vieux-Montréal. Ce sont seulement 8000 membres dans un endroit bien circonscrit et je trouvais cela déjà très gros. C'est le modèle organisationnel qui doit être revu. On en vient aux questions d'argent et au système monétaire mais bon... En fait, ce que vous recherchez c'est qu'on en débatte dans la société... C'est ça. Nous proposons des grandes lignes mais pas des solutions mur-à-mur. Même dans le cas de la prohibition, y'a une idée générale à laquelle nos sympathisants adhèrent mais nous ne somme pas autoritaires. Nous ne disons pas : « voilà, c'est comme ça et pas autrement que ça doit se faire. » La politique c'est une question de débat et d'échanges. Le vote, au contraire, il faut convaincre. Tu ne débats pas, tu fais ton vendeur de char ou de tomates. Revenons à la prohibition. Comment voyez-vous la légalisation du canabis ? Comment cela s'orchestrerait ? Premièrement nous sommes opposés à la « décriminalisation » qui se discute actuellement. Il ne s'agit pas d'une décriminalisation mais d'une déjudiciarisation. Cela resterait un acte criminel, ce n'est que la punition qui serait différente, plus pernicieuse. En 1995, après le référendum, il ont instauré une loi faisant en sorte que, pour un délit de possession simple, on n'a pu le droit à un jury. On nous a retiré des droits là ! Maintenant, on voudrait en retirer encore plus en donnant de simples contraventions. « Je t'ai pris, tu paies, c'est tout. Et si tu ne paies pas, c'est la prison ! » C'est toujours noté à ton dossier criminel par exemple. Alors nous on veut vraiment mettre fin à ce régime de peur et d'oppression. Cela commence par retirer le cannabis de la liste des substances illicites, ce qui ne peut se faire qu'au niveau fédéral. Mais on peut quand même agir au Québec. [ C'est le gouvernement du Québec qui en général est responsable de la répression) L'idée étant de permettre à tous de pouvoir en faire pousser chez-eux comme il font pousser des tomates ou fabriquent de la bière, le gouvernement doit reconnaître qu'il n'a rien à faire dans ton jardin. L'autre volet concerne le commerce. Il y a un marché qui existe, se fermer les yeux ne sert à rien. C'est incohérent et insensé d'ignorer une telle réalité. Nous pensons qu'il doit y avoir des critères à l'égard de la qualité et de la production. Pour que les consommateurs soient assurés que les règles de l'art ont été respectées. Un modèle à envisager serait celui des vignobles français ou des brasseurs belges. Un modèle communal. Rappelons-nous qu'avant que Molson débarque cela marchait de cette façon au Québec, chaque auberge avait sa bieère, etc. Si ça pousse à Sherbrooke c'est pas la même chose qu'à Mont-laurier. C'est important de le savoir certifié. Vous parlez d'un marché libre. Ce n'est pas d'une SAQ dont vous parlez... Non. Vraiment pas. Nous favorisons plus l'approche du coffee shop néerlandais. Il y a un échange, on sait qui vend quoi. Les mariculteurs québécois s'y connaissent beaucoup après vingt années de production. Il y a un savoir incroyable là. Il faut qu'ils puissent être des citoyens comme les autres... qu'ils aient d'autres opportunités que le marché noir. Présentement les producteurs sont marginalisés. On les réprime mais il y a une foule de consommateurs qui en redemandent ! Donc l'État n'a pas grand chose à y voir si ce n'est d'émettre certaines normes de salubrité etc. Il faut que les consommateurs aussi puissent débattre de ce qu'ils souhaitent comme produit. Ce sont là des réglementations que le Québec peut mettre en place. La fin de l'hypocrisie permettrait une meilleure information et une éducation plus adéquate vis-à-vis le cannabis. Quand les chefs politiques nous disent qu'ils ne peuvent pas agir, qu'il s'agit d'une compétence fédérale, c'est de la foutaise. Tout ce qu'ils recherchent c'est de s'en laver les mains. Venant d'un parti spouverianiste c'est encore plus aberrant ! La constitution canadienne reconnaît au Québec l'administration de la justice. Le ministre de la Justice du Québec est le Procureur général. Le ministre peut édicter des règles selon lesquelles dans des cas précis, on n'intervient pas. Cela constitue une dépénalisation soit une légalisation de facto. Dans votre programme, vous dîtes que la prohibition représente une atteinte aux droits humains. Doit-on comprendre que vous ne faîtes pas de distinction entre l'usage médical et récréatif du cannabis ? En fait, un pour cent des consommateurs de cannabis le font pour des motivations d'ordre médicales bien qu'on puisse considérer que plusieurs utilisateurs récréatifs qui en font usage pour diminuer leur stress, par exemple, ont aussi des motivations médicales. Nous disons que la problématique de l'approvisionnement pour ces personnes n'est pas un problème légal mais un problème moral qui est justifié par l'utilisation récréative. Autrement dit, à cause de l'usage récréatif qu'en font certains, ceux qui en ont besoin pour soulager leurs douleurs ne peuvent pas y avoir accès. Notre cible se situe au niveau du récréatif. C'est cela qui fait peur au monde. C'est l'illusion d'une société sans drogue pour protéger les jeunes alors que les parents prennent plein d'antidépresseurs, plein d'alcool... ils écoutent la télévision, probablement la drogue cérébrale la plus parfaite. On ne se pose pas ces questions là, tout ce qu'on cherche c'est de faire peur. Prenons le vin. Certains disent que c'est bon pour le coeur de prendre un verre de vin. Eh bien il y en a au dépanneur. Quant au cannabis, parce qu'on a honni son usage récréatif, il n'est pas disponible ni accessible pour les usagers médicaux. nous appuyons évidemment les efforts pour favoriser l'accès au pôt médical, par exemple les Clubs compassion mais notre objectif c'est de légaliser l'usage récréatif ce qui règlerait les problèmes d'accès. L'usage du cannabis n'est pas toujours sans effets négatifs. on connaît des gens qui en font un usage abusif. Reconnaissez-vous cela ? La prohibition génère toujours des mauvaises méthodes de consommation. Tu vas toujours chercher le moyen le plus rapide de consommer ta dose. Oui mais l'alcool est en vente libre ce qui n'empêche pas qu'il y ait des alcooliques partout... Oui. mais quand l'alcool était prohibé, les gens consommait du 60 pour cent. C'est un effet pervers généré par la prohibition. Ça affecte autant la qualité de la substance que la manière de la consommer. Cela à tous les niveaux. Le fait que le jeune enfant se fasse raconter que le cannabis est très mauvais et qu'il terminera ses jours avec une seringue dans le bras fait que le jeune adolescent constate que cela fait peur aux adultes mais qu'au fond, son ami qui en consomme ne s'en porte pas plus mal. Il entre dans une dynamique où c'est un geste de rébellion de consommer de la drogue. C'est là que c'est dangereux parce qu'il est très mal informé de ce qu'il en retourne pour vrai. Quand la prohbition existait qui vendait l'alcool ? Les cantines dans les « shoppes ». Même chose pour le pot qui se vend à l'école parce que c'est là que se trouve le marché le plus accessible. La pression sociale est aussi néfaste au niveau familial alors que le parent se cache de son enfant pour fumer et que l'enfant se cache ensuite de ses parents. C'est rien pour construire quelque chose de sensé et de cohérent. L'information qui est véhiculée est une information de peur, souvent erronée, qui vise plus à effrayer qu'informer. Au lieu de dire regardez, c'est ça la substance, voici ses effets. Le meilleur exemple qui me vient à l'esprit et celui de l'héroïne. Les études qu'on nous balance sont effectuées sur les toxicomanes seulement ; c'est comme si pour étudier les effets de l'alcool on ne prenait que des alcooliques. Quant au pot, c'est plus subtil parce qu'on les voit moins les gens qui ont des problèmes. Effectivement, il y en a qui ont des problèmes. Actuellement, il y a peu d'outil et ces gens-là sont jugés, stigmatisés. Ce n'est certainement pas de ça dont ils ont besoin. En les criminalisant on empire leur problème. C'est normal de devenir apathique devant une société qui te dit fais ceci ou cela, écoute ce que je dis et surtout reste assis. Se rendre coupables d'aimer quelque chose qui est criminel, pour certains c'est sufffisant pour les plonger dans les problèmes. Avec la légalisation c'est la culture qui changerait... une information plus juste, une éducation plus honnête et plus cohérente. Ça changerait un climat social oppresseur alors que 25 pour cent de la population dit consommer annuellement. Tu parlais d'héroïne tout à l'heure. Êtes-vous pour la légalisation de toutes les drogues ? Mon approche personnelle – le parti n'a pas arrêté de postion – c'est que mettre fin à la prohibition ne veut pas dire banalisation. Ça veut dire éducation, responsabilisation, contrôle de la qualité. Mon fleau, si il a envie de prendre de la poudre, j'ai envie qu'elle soit bonne. Je ne veux pas qu'il se cache dans la salle de bain pour le faire. Le parti n'a pas de postion sur la question parce que l'expérience internationale montre que quand on met toutes les drogues illicites dans le même paquet, ça devient « free for all». Les gens en ont souvent peur. Vous dîtes présenter des candidats aux élections comme moyen de pression. Est-ce à dire que vous faîtes votre deuil dès le départ de pouvoir faire élire un candidat ? La voie politique est-elle une bonne manière de changer les choses ? Notre but n'est pas le pouvoir. Notre but est de mettre fin à la prohibition. C'est pour ça que notre objectif n'est pas de se faire élire. Mais s'il faut le faire parce que les politiciens et les gouvernements ne veulent pas regarder les choses en face, on va le faire. C'est sûr que si on fait élire un candidat on va se poser des questions sur les personnes de ce comté-là... (rire) Non sérieusement, si cela devait arriver, ce serait une chance pour nous d'emmerder les services policiers et la justice. La politique peut être une bonne manière de régler des problèmes. Mais pas la politicaillerie et le parlement pour moi c'est pas mal juste ça. Après tout il s'agit d'une excroissance, d'une construction issue de notre modèle économique et monétaire. Ce n'est pas le modèle égalitaire qu'on dit. Nous voulons que les gens sortent de leur salon, qu'ils agissent. C'est ça notre optique. Nous vivons en société bordel, nous devons travailler ensemble. En vivant en collectivité, il faut prendre les autres en considération. Quand je parlais d'un gouvernement gros comme une rue, c'est dire que les gens doivent penser la politique autrement pour bâtir des alternatives. |
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