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La prohibition ? Pot trop cohérent... On ne fait pas avaler n'importe quoi au Bloc pot !

jplarche, Viernes, Marzo 7, 2003 - 16:54

J-P

Bonne récolte cette année ! Le Bloc Pot présentera au moins 40 candidats à Québec, Montréal, Laval et alentour, surtout les Laurentides. Une vingtaine d'autres sont également pressentis. On a beau dire que le parti des jeunes est l'ADQ, la moyenne d'âge des candidats potistes est sans doute la plus jeune de tous les partis. Le chef du parti, Hugô St-Onge entreprend une tournée provinciale le 10 mars.

Rencontre avec le chef du Bloc Pot

Un jour de fin de siècle, Boris se fait arrêter pour avoir transgressé une loi prohibitionniste qui fête cette année son 80 ème anniversaire. Il se retrouve en prison. À peine arrivé en-dedans, on lui quémande du papier. On sait pas... Des fois qu'il serait une des 70 000 victimes annuelles de cette loi au Canada.

Boris décide dès lors de changer cette loi qu'il trouve inique. Il s'inspire de l'expérience néozélandaise (depuis 1996) et avec l'aide de la Ligue antiprohibitionniste québécoise qui recueillait les quelques mille signatures nécessaires, il fonde le Bloc pot, officiel depuis mars 98.

Bonne récolte cette année ! Le BP présentera au moins 40 candidats à Québec, Montréal, Laval et alentour, surtout les Laurentides. Une vingtaine d'autres sont également pressentis. On a beau dire que le parti des jeunes est l'ADQ, la moyenne d'âge des candidats potistes est sans doute la plus jeune de tous les partis. Le chef du parti, Hugô St-Onge entreprend une tournée provinciale le 10 mars.

Plus que de la fumée...
Si vous pensez que le projet social du parti n'a d'intérêt que pour les adeptes de la cigarette douteuse détrompez-vous. Ce que le parti propose en quelques mots, c'est la fin de l'hypocrisie politicienne et en particulier celle entourant les drogues dans notre société. « Pourquoi l'alcool, les médicaments ou la télévision seraient-elles des bonnes drogues et la mari un fruit défendu ?», demandent courageusement – pas toujours évident de s'afficher Bloc pot – les candidats du parti.

En soufflant l'écran de fumée terrifiant qu'on entretient afin de mystifier une pratique sociale pour le moins répandue, le BP développe un discours anarchisant dans la mesure où il remet en question les structures hiérarchiques et autoritaires de notre société. Le chef du parti, Hugo Saint-Onge, fait preuve de scepticisme vis-à-vis l'institution parlementaire et le pouvoir véritable qu'elle laisse aux citoyens. Cela dit, le parti croit au pouvoir de l'action collective et aux vertus de la politique, dans son sens noble. En s'attaquant à l'hypocrisie envers les drogues c'est aux structures de domination du capitalisme qu'il porte un coup. On pourrait dire que le BP vient combler le vide causé par la disparition du parti Rhinocéros en offrant toutefois une perspective alternative crédible et réalisable.

Le projet de légalisation du cannabis tel que promu par le Bloc Pot est tout sauf utopiste. Le modèle régissant le cannabis qu'il préconise ressemblerait à celui du café, de l'alccol, et des autres drogues comme les médicaments. Ils proposent à la société de se sortir la tête du sable pour modifier le rapport que nous entretenons vis-à-vis la marijuana. Leur projet permettrait une meilleure éducation, un meilleur contrôle, une meilleure information vis-à-vis des drogues et par conséquent une façon plus responsable de gérer les situations problématiques. Leur projet, c'est également de sortir le crime organisé de la production et du commerce de la mari afin de permettre à ceux qui en ont besoin d'avoir accès à du cannabis de bonne qualité sans devenir des criminels. Pour la distribution on envisage un système semblable aux coffee shop néerlandais. Quant à la production, les méthodes communales de production du vin en France et de la bière en Belgique ont la cote.

Ils voient aussi certaines possibilités économiques dans le développement de cette culture. Il existe au Québec, dit le chef, une expertise importante chez les cultivateurs de marijuana qui mérite d'être exploitée au profit de la société entière. Par ailleurs, il souligne que légalisation ne veut pas dire banalisation. À terme, les habitudes de consommation des Québécoises et Québécois seraient bien meilleures.

La récent rapport de la commission Nolin (Sénat canadien) préconise une légalisation des drogues. Ce rapport a été rapidement rangé sur les tablettes à Ottawa mais il s'agit tout de même d'un pas significatif. Le Bloc Pot prend les devants et souhaite que les Québécoises et les Québécois commencent immédiatement à discuter de ce qu'ils voudraient faire d'une telle légalisation. Il est le seul parti québécois à revendiquer clairement la légalisation. Le Parti vert et l'UFP montrent une certaine ouverture à l'idée mais ne vont pas aussi loin. En outre, le jeune chef rappelle que si la légalisation relève du fédéral, rien n'empêche le gouvernement québécois de mettre fin immédiatement à la répression.

Il faut savoir que la prohibition du cannabis s'est faite au départ pour des motivations purement xénophobes. À cela s'est ajouté un protectionnisme à l'égard des producteurs de drogues du Nord, pensons aux grandes compagnies pharmaceutiques. Aujourd'hui, on peut aussi penser qu'elle sert à justifier la criminalisation et la répression d'une certaine dissidence face à un ordre moral d'un autre temps.

Le Bloc pot ne se fait pas d'illusion. Il serait très surprenant qu'il parvienne à faire élire un candidat. Le parti ne vise pas à prendre le pouvoir mais plutôt à susciter les débats et à encourager les citoyennes et les citoyens à sortir de leur salon et agir.

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