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Les temps sont graves

Anonyme, Martes, Febrero 25, 2003 - 23:45

Antoine Gendreau-Turmel

Contre les élites, toutes avides de richesse et de pouvoir, mais qui ne s’entendent pas sur les moyens pour y parvenir, se dresse notre mouvement mondial citoyen, sans cesse grandissant.

Le 15 février 2003, nous étions 150 000 à Montréal (10 000 à Québec, 1500 à Trois-Rivières et 1000 à Rimouski) à braver le froid sibérien pour descendre dans la rue pour crier haut et fort NON À CETTE GUERRE! Au niveau mondial, c’était plus de 10 millions de citoyens-nes qui sont descendus-es dans la rue pour s’opposer à cette nouvelle aventure guerrière de l’Empire américain, faisant possiblement du 15 février la plus grande mobilisation citoyenne de l’histoire de l’humanité. À Londres (plus de 1 million de personnes), comme à Madrid (2 millions) et à Rome (2-3 millions), on n’avait tout simplement jamais vu autant de gens manifester dans les rues. Même le conservateur journal The New York Times fût forcé d’admettre que : « il y a peut-être encore deux super-pouvoirs sur la planète : Les Etats-Unis et l’opinion publique mondiale ».

Tous ceux et celles qui militent pour apporter du changement dans notre société décadente peuvent se réjouir du succès monstre des manifestations du 15 février. Nous sommes une force puissante, qu’on ne peut plus ignorer. Nous avons désormais une armée de la paix de plus de 10 millions de citoyens-nes engagés-es.

Toutefois, n’oublions pas que nous n’avons gagné qu’une bataille et, qu’au-delà de la joie et de la satisfaction ressentie, il faut déjà porter notre attention sur les luttes à venir.

L’élite et ses projets
D’un côté, nous avons les élites politiques et économiques. Leur objectif commun est encore ce qu’il a toujours été : protéger et élargir leurs avantages par rapport à l’immense majorité de la population mondiale. Pour y parvenir, ils ont deux principaux moyens. Premièrement, réécrire les règles du commerce international à leur avantage, afin de s’accaparer une portion encore plus grande des richesses de la planète. C’est ce qu’on appelle la globalisation économique. Deuxièmement, les élites politiques et économiques travaillent à graduellement éliminer les droits et les protections des travailleurs, qui ont été gagnés par de longues et pénibles luttes partout sur la planète. On s’entend également sur la nécessité de contrôler l’information et de vider la démocratie de son sens, pour faciliter l’atteinte des objectifs, bien sûr.

Par contre, en dehors de ce large consensus, les élites sont divisées.

Depuis le 11 septembre 2001, les élites les plus puissantes du monde, particulièrement celles des USA, ont découvert qu’elles pouvaient se servir allégrement de la « guerre contre le terrorisme » pour atteindre leurs cupides objectifs et s’assurer un contrôle toujours plus grand de notre planète. Cela se fait sur deux fronts : Premièrement, le public, que l’on contrôle par l’intrusion dans la vie privée, par la peur ainsi que la répression. L’objectif est d’obtenir des masses dociles, où les gens sont peu enclins à critiquer « l’ordre établi » et les projets de l’élite. Deuxièmement, il y a le front international, où l’on contrôle ses « intérêts » par la force brutale des interventions militaires. Il nous faut comprendre que bombarder sauvagement l’Irak et puis l’occuper colonialement n’est que la première étape de la croisade guerrière envisagée. Prochains arrêts : L’Iran, la Syrie, la Corée, la Colombie, le Venezuela (particulièrement le Venezuela, avec son pétrole et son « dangereux » président de gauche), et qui sait encore…Ces élites, qui contrôlent le pays le plus riche et puissant de la planète, veulent une guerre perpétuelle leur garantissant le pouvoir TOTAL. Ceux qui contrôlent l’armement militaire contrôleront le monde. Bush deviendra César.

L’autre élite
Il y a par contre ceux qui, au-dessus de la pyramide qui gouverne la planète, étaient parfaitement satisfaits de la façon dont les choses allaient depuis les dernières décennies. Bien sûr, ils veulent étendre leur pouvoir ici et là, mais ils croient avant tout que viser ouvertement à devenir un empire agressif, prêt à « attaquer préventivement » toute menace potentielle, est trop risqué en termes de réaction des masses ET que cet Empire ne profitera qu’à Washington, plutôt qu’à Paris, Berlin ou Moscou. C’est pourquoi les élites françaises, allemandes et russes s’opposent à la guerre en Irak. Ce n’est pas tant par humanisme que par considérations purement stratégiques. Elles veulent protéger ce qui leur reste de pouvoir face à Washington. Mais pendant ce temps-là, Chirac continue son assaut raciste sur les immigrants, Schröder ne cesse d’attaquer les programmes sociaux pour les défavorisés, et Poutine n’a aucune intention d’arrêter sa guerre en Tchétchénie, pas plus que de favoriser une distribution équitable de la richesse dans son pays. Ne méprenons pas les élites françaises, allemandes et russes pour nos alliés. En fait, leur position sur l’Irak est très intéressée : La France et la Russie ont d’énormes intérêts pétroliers en Irak qu’ils risquent de perdre une fois le pays contrôlé par les Etats-Unis.

La résistance
Contre les élites, toutes avides de richesse et de pouvoir, mais qui ne s’entendent pas sur les moyens pour y parvenir, se dresse notre mouvement mondial citoyen, sans cesse grandissant. L’objectif partagé de ce gigantesque « mouvement de mouvements », selon l’expression de Michael Albert, est d’éviter la guerre en Irak, de renverser la globalisation économique, de mieux redistribuer les richesses, de protéger l’environnement, et de ramener la démocratie aux citoyens-nes. Nous utilisons de nombreux moyens pour parvenir à nos objectifs, que ce soit l’éducation populaire, l’organisation d’alternatives sociales et économiques, de manifestations ou de différentes formes de désobéissance au système.

Nous sommes tous et toutes à un point tournant de l’histoire mondiale. Le succès – ou l’échec – des luttes citoyennes qui se mènent présentement déterminera pour une bonne part si nos enfants et petits-enfants vivront dans un monde juste, équitable,solidaire et pacifique, ou bien au sein d’un empire de conquérants qui exploite sans répit la vaste majorité des êtres humains et des ressources de la terre pour le bénéfice de quelques-uns.

Sans reprendre le dangereux discours de Bush sur le Bien et le Mal, il importe d’affirmer en toute lucidité que les temps sont graves. Il faut choisir son camp. Rester silencieux et indifférent en ces temps, c’est être le complice des élites qui nous préparent un monde dans lequel peu d’entre nous voudraient vivre. Sans devenir des révolutionnaires professionnels, vous pouvez faire quelque chose, vous pouvez vous réapproprier votre citoyenneté et participer à la lutte pour un monde meilleur. Renseignez-vous. Sensibilisez vos proches. Écrivez à votre député-e, au Premier Ministre, aux journaux. Joignez vous à un groupe militant. Participez aux différentes mobilisations citoyennes.

C’est le futur de l’humanité qui en dépend…



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