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lettre ouverte a tous les damnésAnonyme, Miércoles, Febrero 12, 2003 - 23:10
jipepak
Il faut garder espoir «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair obscur, surgissent les monstres.» (Gramsci) Les seigneurs de la planète, c'est-à-dire ceux de la secte des "Fous de l'or et du pouvoir" ont un nouveau dieu ; cet être ubrique s'appelle le Marché avec un grand "M" majuscule et celui-ci n'a rien à voir, bien entendu, avec le marché si sympathique de la place du village le dimanche matin ni même avec le marché industriel planétaire. Non, il s'agit du Marché Financier mondial, celui dont les prêtres séculiers se nomment banqsters et autres spéculateurs en tout genre, les églises s'appellent les talibanques et la vulgate le consensus de Washington. La chasuble à fait place au costume gris trois pièces, gris comme le teint des adeptes. Le Marché Financier c'est le terrorisme au quotidien, c'est la dictature permanente, c'est le plus grand criminel que la planète n'ai jamais produit : Saddam Hussein, Ben Laden... ne lui arrive pas à la cheville ; Hitler lui-même n'a pas fait le dixième des victimes du Marché Financier : 50 millions de morts en 6 ans durant la Deuxième Guerre mondiale ; 30 à 40 millions de morts par an pour le Marché Financier ainsi que, toujours chaque année, 800 à 900 millions d'êtres humains dans la détresse la plus totale, condamnés à mourir lentement, ravagés par la sous-nutrition sévère et permanente subissant des lésions souvent irréversibles (cécité : 7 millions par an, dont la plupart des enfants, rachitisme, sida non soigné faute d'argent et autres monstrueuses vésanies). Tout cela depuis plus de dix ans, faites le compte vous-mêmes et vous verrez si ces propos sont pur verbalisme ou paroles en l'air. Donc, au su et au vu de tout un chacun, le Marché Financier, se déplaçant à la vitesse de la lumière, sème jour et nuit (il ne dort jamais : quand une bourse s'arrête, l'autre démarre, c'est du 24 heures non stop) la panique, l'effroi, la terreur d'un bout à l'autre de la planète. Comme dieu, il a le don d'ubiquité, il est tout puissant, invisible mais omniprésent. C'est le plus grand terroriste que l'humanité n'ai jamais produit. Il ne cherche pas à détruire une ethnie, une race, une culture, un peuple, non lui, c'est à l'humanité toute entière qu'il s'attaque. Et, toujours comme dieu, il pense qu'il est éternel et se fait donc parfois appeler dit Noam Chomsky "TINA" (There Is Not Alternative). Ne dormant jamais, il passe sa vie a voler nourriture et matière première, à avilir l'homme et encore plus la femme, à saccager l'environnement, ne laissant derrière lui qu'une plaie ulcéroïde. Plus il détruit, plus il tue, plus il massacre en allumant des guerres partout où il y a quelque chose encore à piller voire à grappiller (oui, oui, même pour quelques miettes il est toujours prêt à génocider un peuple ; et si vous ne me croyez pas parlez en un peu avec Bush ou Poutine), plus il se montre généreux avec la poignée de seigneurs et autres thuriféraires du pouvoir qui le servent avidement, cupidement, inlassablement, qui le vénèrent, et festoient régulièrement en son honneur dans de grands palaces dorés à Davos ou ailleurs. Alors, me direz-vous, comment se fait-il que les milliards de damnés de la Terre se tiennent aussi tranquilles ? Comment le marché financier peut-il faire en sorte qu'une infime minorité transforme en valetaille une énorme majorité ? Eh bien, c'est que le marché financier, malin comme un singe, possède, entre autres, deux armes parfaitement rodées pour réduire au silence et rendre aussi velléitaire l'humanité. La première se nomme le pouvoir consumériste, pouvoir qui est bien plus dangereux que le pouvoir totalitaire de n'importe quel tyran sanguinaire, car il avance masqué, il est inodore et incolore ; face à la violence l'homme peut se révolter et se battre, mais que peut-il faire quand on le gave de produits de consommation jusqu'à le faire vomir sinon devenir de plus en plus obèse, de plus en plus avides d'achats et donc d'argent. Lorsqu'il est bien rentré dans ce cercle vicieux et infernal, lorsqu'il est bien conditionné, et, comme le chien de Pavlov, il salive à la seule idée de consommer, l'homme n'a plus qu'une solution: passer sa vie à épouiller le seigneur qui daigne ou consent lui donner un emploi et qui ainsi, peut à sa guise mieux le dépouiller. La deuxième arme qu'utilise sans restriction le marché, c'est de faire régner, à tous les niveaux, la peur : les puissants ont peur de perdre leur puissance et la majorité restante et silencieuse a peur soit de ne pas trouver de travail, soit de le perdre quand elle en tient un par un cheveu. Alors que nous reste-t-il ? Il nous reste à croire à l'improbable nous dit Edgar Morin, car l'histoire nous enseigne qu'il faut miser sur l'improbable : «j'ai vécu, écrit-il, historiquement deux fois la victoire de l'improbable. D'abord, avec la défaite du nazisme en 1945, alors que la victoire allemande était probable en Europe en 1941, et puis avec l'effondrement du système communiste en 1989-90. » et ailleurs, il précise «J'ai un deuxième principe d'espérance, le principe d'Hölderlin : "Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve". Le danger croissant amène à une prise de conscience qui provoque un sursaut. Nous sommes au début d'un sursaut. [...] et le troisième principe d'espérance, c'est ce que Hegel appelait la vieille taupe. Dans les profondeurs de l'humanité, dans l'inconscient, les forces de régénérescence travaillent, les forces qui veulent sauver. Ces forces, on ne les voit pas, mais un jour elles germent.»
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