Pendant que le Brésil fête la victoire de Lula dans l'effervescence du Forum Social Mondial, le voisin argentin subit de plein fouet les effets du modèle néolibéral et de sa crise. La moitié de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. Des associations, comme Quartier debout, se mobilisent. Source : www.médiasol.org

Textes, son et images du FSM 2003

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Pour lutter contre la faim et pour transformer la société, les citoyens du mouvement Barrios de Pie travaillent dans les quartiers les plus pauvres d'Argentine. "En décembre 2001, nous avons organisé au niveau national les mouvements de travailleurs sans emploi qui luttaient depuis 20, parfois 30 ans dans les quartiers les plus déshérités d'Argentine", explique son coordinateur national, Jorge Ceballos. "Quartier debout" poursuit deux objectifs : lutter contre la faim et la pauvreté et construire un autre modèle de pays opposé au modèle néo-libéral. "Nous voulons un pays souverain qui prenne ses propres décisions pour le bien de son peuple et pas pour satisfaire les institutions financières ou les grandes compagnies multinationales, soutient Jorge. Un pays où la distribution des richesses se fait de manière équitable. Et un pays qui met au centre de ses valeurs la dignité humaine".

Pas seulement des bénéficiaires

Quartier debout travaille dans plus de 500 quartiers répartis dans tout le pays. Les 400 cantines populaires gérées par le mouvement permettent d'alimenter plus de 40 000 personnes qui ne sont pas seulement bénéficiaires des actions mais qui y concourent. "Ce ne sont pas de simples lieux où l'on distribue de la nourriture, précise le coordinateur. Dans les cantines, on a chaque semaine, non seulement des discussions sur les moyens d'obtenir de la nourriture pour les voisins, mais aussi des discussions sur la situation générale, sur les propositions que nous portons pour transformer le pays. La lutte pour trouver un travail et de quoi se nourrir est importante mais les solutions que nous trouvons ne sont pas des solutions de fond."

Quartier debout est donc bien plus qu'une association caritative. Elle prétend transformer la société argentine en pariant sur l'éducation. À côté des jardins et des boulangeries communautaires, Quartier debout assure des activités de soutien scolaire, d'alphabétisation, de formation en éducation populaire. Elle gère des bibliothèques populaires, anime des ateliers d'art, des discussions sur la santé, les maladies sexuellement transmissibles et la maternité, en partenariat avec un réseau de femmes solidaires.

La crise du politique

"Les classes dirigeantes n'ont aucune sortie de crise à proposer à court terme, souligne Jorge Ceballos. Notre rôle principal consiste à continuer de lutter afin de construire une alternative politique et sociale pour les secteurs populaires. Cette alternative se construit également avec tous les secteurs sociaux affectés par la crise." Contrairement au Brésil, Jorge Ceballos ne voit d'alternative dans aucun des partis en présence pour la future élection présidentielle. Son mouvement appelle d'ailleurs à voter blanc lors de cette élection.

Les "voisines" et "voisins" de Quartier debout organisent également des mobilisations. Ils étaient 15 000 mi-janvier devant l'ambassade du Venezuela pour soutenir la révolution bolivarienne de Chavez. Juste avant de venir en nombre au Forum Social Mondial, ils ont marché pendant deux jours sur 40 km pour réclamer un plan de travail urgent : "Il y a 50 % de personnes au chômage ou sous-occupées. Il y a quotidiennement 37 millions d'habitants dont l'alimentation n'apporte pas une quantité suffisante de calories. Il y a des enfants qui meurent de faim alors que ce pays produit des ressources agricoles pour 300 millions de personnes. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas attendre et signifier à la société que c'est la dignité qui se met debout dans les quartiers."

Source : Médiasol (www.médiasol.org)