Alors que l'édition 2003 du Forum Social Mondial est en plein déploiement, le Conseil International de l'événement a d'ors et déjà annoncé que celui-ci prendrait, l'année prochaine, place non pas à Porto Alegre mais bien en Inde. Cette désicion vient mettre fin à l'incertitude qui planait quant au pays d'accueil du prochain Forum Social Mondial, une incertitude qui aura tout de même eu l'effet bénéfique de remettre à jour un débat des plus pertinents, celui de la difficulté d'accessibilité des représentants de certains pays d'Asie et d'Afrique à une rencontre qui se tient sur un autre continent.

Comme le souligne Roberto Sávio, membre du Conseil, la décision de déplacer le Forum vers l'Inde en 2004 se veut en effet une réponse directe au constat de sous-représentation de certains pays aux activités des FSM. Ainsi, si le sondage actuellemment effectué par les organisateurs du Forum afin de déterminer le profil des participants présents permettra de déterminer avec plus de certitude l'ampleur véritable de ce phénomène, une simple visite aux différents sites de l'événement suffit afin de constater qu'il y a effectivement sous-représentation.Se voulant officiellement mondial, le Forum ressemble en fait davantage à un événement continental attirant principalement des représentants des Amériques et, dans une moindre proportion, de l'Europe de l'Ouest.Encore plus visible au Campement de la Jeunesse, où les Brésiliens forment la grande majorité, l'absence d'équilibre au niveau du nombre de participants provenant des différents pays de la planète a même poussé certains à proposer que dans le futur soient organisés plusieurs Forum régionaux simultanés plutôt qu'un seul Forum privilégiant nécessairement, au niveau de la participation, les habitants du pays hôte et des pays voisins.

Préoccupés, entre autres, par les coûts importants rattachés à l'organisation d'un événement de l'ampleur du Forum Social Mondial, les membres du Conseil, composé de plus de 130 organismes de la société civile et reconnus internationalement, avaient aussi dans un premier temps envisagé de modifier la formule actuelle en établissant une alternance annuelle entre Forum régional et Forum mondial. La rencontre de 2004 en Inde aurait ainsi été considérée comme un Forum régional plutôt que mondial, l'édition 2005 reprennant le flambeau d'une prétention internationale. Visant à permettre à la ville de Porto Algre, qui a dû débourser près de 23 millions de dollars américains pour la tenue de l'événement de cette année sans aucune aide de l'état, de renflouer ses coffres entre deux FSM, cette proposition a toutefois finalement été écartée pour des raisons politiques évidentes. Il apparait en effet plutôt délicat de réduire l'importance de l'événement au moment même où l'on décide de changer de pays hôte afin de permettre une meilleure participation des participants de pays asiatiques et africains, pour qui l'accessibilité aux trois premières éditions du FSM a été grandement réduite par les coûts liés à leur déplacement.

Une décision bien accueillie, donc, que celle de déplacer le FSM en Inde en 2004 bien que l'annonce par le Conseil International de son intention de choisir le Brésil à nouveau comme pays hôte pour l'édition 2005 de l'événement soit venu grandement relativiser le sérieux des efforts entrepris. Supposée être entérinée à la rencontre de juillet 2003 du Conseil International, cette proposition laisse en effet planer un doute sur l'importance réelle, aux yeux des membres du Conseil, d'une plus juste représentativité de tous les pays à l'intérieur du FSM.N'aurait-on pas pu envisager de passer le flambeau à un pays africain, cette fois, de façon à donner la chance à ceux des habitants de ce contient qui ne possédent pas les moyens financiers suffisants pour voyager- et ils sont nombreux !- de s'exprimer sur l'autre monde qu'ils entrevoient ? C'est par un souci de ne pas perdre le momentum créé par la tenue du FSM à Porto Alegre au fils des ans que les décideurs ont justifié leur proposition. Reste à savoir si il apparaît plus important aux yeux des gens directement concernés par la question, aux yeux des acteurs de la société civile internationale, que le Forum Social Mondial attire des foules toujours plus importantes ou qu'il se donne les moyens d'être un événement réellement international et représentatif des différents mouvements sociaux aujourd'hui existants...