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La fin de la condition postmoderne et le retour de l'histoire en son sens progressiste ou pourquoi la servitude ne saurait êtrecalvaire01, Martes, Enero 14, 2003 - 12:57
calvaire01
L'histoire en ce sens (lire le texte) est devenue une écriture, c'est-à-dire quelque chose que nous faisons vivre à chaque instant. Le projet d'autonomie comme progrès lui redonne un sens progressiste. Nous la retrouvons donc ici pour mieux la faire exister comme l'horizon de sens et d'existence de nos créativités, de nos libertés et de nos solidarités, comme lieu d'amélioration du monde et, par conséquence non inéluctable, de legs d'un monde meilleur. Nous avons là de quoi vivre et lutter pour que cessent une fois pour toutes dans ce monde les abominations que constituent la sujétion, la domination, l'exploitation ou encore la servitude volontaire et toute forme de soumission. (Ce texte est certes partiale, car il engage pleinement toute la subjectivité de son auteur. Mais, par ailleurs, aucun texte sérieux ne saurait prétendre à une objectivité pleine et entière.) La philosophie de la condition postmoderne, brillamment résumée dans le livre de Jean-François Lyotard La condition postmoderne, est l'ennnemi déclaré de l'idée de progrès. La notion de progrès est dépassée, semble-t-il. De moins en moins de gens s'entendent pour dire qu'il y ait eu un progrès vraiment important dans l'histoire humaine qui ne soit pas seulement d'ordre technique. Cette notion de progrès qui sous-entend aussi la notion de finalités historiques présuppose des avancées importantes qui favorisent l'émancipation humaine globale. Cette émancipation est rejetée de l'histoire par la postmodernité philosophique. L'histoire est sans finalités particulières, sans éthiques qui se démarquent et sans progrès. Nous vivions hier assez pleinement de ce cynisme. Faut-il penser que le progrès est une fausse idée et que finalement rien ne vaudrait la peine d'un combat et d'une vie proprement humaine ? Le cours de cette réflexion, que j'ai engagé depuis longtemps, m'amène aujourd'hui à la considération suivante : il m'apparaît qu'il y a au moins un progrès qui fut incessant dans l'histoire humaine et c'est celui qui semble nous conduire résolument vers le gouvernement de toutes et de tous, c'est-à-dire le projet d'autonomie. Je me propose par ce texte d'expliciter les raisons qui me conduisent à postuler cette réalité et les arguments qui me la font appréhender comme étant un progrès. Ce texte se présentera également comme une attaque contre le cynisme postmoderne qui dit que toute idée de progrès est condamnée et que l'histoire est une idée fausse. Il affirmera également son rejet de l'histoire humaine telle que conçue par la modernité philosophique (chez Kant, Hegel et Marx surtout) comme téléologie. Finalement, ce texte visera surtout à redéfinir le cours d'une histoire qui serait à faire (c'est-à-dire pleinement choisie et librement construite) et du projet qui lui donne sens et réalité : le projet d'autonomie collective qui ne peut s'approfondir que dans l'autonomie de chacun et de chacune. Il visera donc fondamentalement la redéfinition d'une histoire qui donnerait pleinement sens à notre existence. Résumée brillamment dans le fameux livre de Jean-François Lyotard, La condition postmoderne, la philosophie postmoderne annonçait la fin de ce qu'elle appelle ``les grands récits d'émancipation``. Le progrès humain est un dogme irrationnel, iront jusqu'à dire ses partisans. Elle invoquait la fin des grands mouvements révolutionnaires de liberté, d'autonomie, de solidarité, d'égalité... Elle dictait la fin des espoirs humains. Elle en appelait au règne suprême de la raison technocratique et pragmatique libérée de toute finalité progressiste, de l'ordre d'une dialectique de la raison ` `décisionnelle-opérationnelle`` dirait plus savamment le sociologue Michel Freitag. Elle s'épanchait dans ses instants sans buts, sans valeurs, sans éthiques... Bref, cette philosophie vibrait de son cynisme profond, de cette liberté suprêmement négative qui n'a pas de fin ni de fins. Et nous vivions de cette philosophie. Cette philosophie s'affirmait comme une attaque destructive contre toute forme de morale et de raison prétendument universelles (l'opinon des plus rusés et des plus forts universalisée) qui voulaient s'imposer à toutes et à tous comme dogmes. En ce sens, elle était libératrice. Mais contre ce despotisme des élites et des impérialismes, elle érigeait l'impossible, l'impuissance et la fin de toute politique globale. Elle érigeait son cynisme. D'émancipatrice qu'elle était, elle devenait triomphalement nihiliste. Tout progrès est illusoire et la raison technocratique remplacera le règne des valeurs fortes, affirmait-elle. Tout ce qu'elle laissa passer fut le néolibéralisme moral, c'est-à-dire l'absence d'éthiques et la victoire des spéculateurs et des marchands. Elle fut en philosophie la grande légitimatrice du capitalisme global, du ``tout est néanmoins marchandisable, rationalisable et vendable`` qui remplaça à la fois ``le tout est rationnel`` d'Hegel et ``la totalité est le non-vrai`` d'Adorno. Elle décontruisit, verbe qui prit un autre sens avec elle, le rationalisme dictatorial de la modernité et y mit fin, mais elle laissa l'édifice du monde vide. Elle mit fin une fois pour toutes aux morales universelles des grands empires de raison, mais elle érigea l'a-moral comme dogme absolu. Bref, elle mit fin à la modernité des raisons inquisitrices, mais construisit des monuments au Néant. Elle marqua ainsi de son vide toute l'atmosphère intellectuelle de notre jeunesse (de la jeunesse de la génération x jusqu'à la nôtre, celle de ceux et celles qui vont bientôt avoir 30 ans). Contre cette philosophie postmoderne, nous retrouvons aujourd'hui le sens de l'action collective. Cette action qui a tout à la fois comme processus et pour finalité la liberté politique de toutes et de tous. Des luttes s'engagent partout contre tous les types de pouvoir hétéronome (est hétéronome qui reçoit des autres les lois qui le/la/les gouverneNT). Tous les grands pouvoirs sont contestés, du patriarcat à l'hétérosexisme, de l'État au capitalisme... Jamais historiquement nous n'avons vu une telle transformation libertaire du monde. Verrons-nous de notre vivant les différents socles des maîtres être minés, assiterons-nous au grand crépuscule des idoles ? Peut-être pas. Mais nous aurons assister à la reprise historique d'un grand mouvement fondateur : l'acheminement vers le gouvernement de toutes et de tous ou acheminement progressif vers l'autonomie de toutes et de tous en chacun et chacune. Certains l'appellent ``démocratie``, mais nous savons tous que ce mot a servi comme caution légitimatrice aux grands impérialismes du 20e siècle : démocratie libérale des États-Unis d'Amérique ou démocratie populaire de l'URSS qui toutes deux appelaient à une fin de l'Histoire et au triomphe de leur modèle et dont nous connaissons toutes et tous les actes de barbarie. Certains l'appellent aussi ``communisme``. Mais nous savons aussi que ce mot a servi les fins des plus grands despotes, une histoire qui va du communisme tout théorique imposé par le gouvernement des philosophes de La République de Platon, projet chéri par Platon, au régime communiste ``très réellement existant`` de Staline. Le seul nom qui lui corresponde peut-être est le maître mot d'un grand sage révolutionnaire qui s'appelait Castoriadis : le projet d'autonomie. Il semble effectivement que s'il y a un progrès presque constant dans l'histoire humaine, c'est la progression de la multitude vers sa souveraineté en chacun et chacune. Avec les despotismes, les monarchies absolues et les régimes de chefs (chefs de tribus et d'autres groupes), nous vivions le régime d'un seul dirigeant, de l'Unique souverain et maître. Avec les monarchies constitutionnelles, les démocraties libérales et les régimes communistes d'État, nous vivions le régime de plusieurs. Nous en sommes encore là. Mais une contestation multiple dans ses inscriptions (féministe radicale, queer, anticapitaliste, anarchiste, communiste libertaire, lutte-de-classiste et autres) pour le pouvoir de tous et de toutes vient réinscrire à l'ordre du jour ce grand projet d'autonomie pour toutes et tous. Ce mouvement social multiforme vient imposer une réflexion qui nous mène à repenser l'idée même qu'il soit nécessaire que nous soyons gouvernéEs. De ce côté sont les grandes aventures de demain. Peut-être assisterons-nous dans l'orbite de ce mouvement social à la réalisation progressive du pouvoir de toutes et de tous ? Il me semble même que c'est une tendance qui se présente comme étant inévitable. Cet acheminement vers une autonomie que nous pourrions qualifier de ``globale`` puisqu'elle s'appliquerait à toutes et à tous est un projet inachevé de l'histoire humaine. Ce projet est en progrès constant. Il évolue au rythme du mouvement social, ou des mouvements sociaux, qui le porte. Il constitue ce que nous appelons un ``progrès``, au sens fort de ce concept. Il est une tendance qui se parachève progressivement tout au long de l'histoire humaine. Il n'est pas absolu et inéluctable au sens que prenait ce concept dans la philosophie moderne, particulièrement chez Hegel (mais souvent chez la plupart des autres grands fondateurs de la modernité philosophique dont les plus illustres demeurent Kant et Marx) qui pensait que l'histoire est une téléologie, que cette histoire nous mène donc inéluctablement vers une finalité qui pourrait dans ce cas être l'autonomie réalisée de chacune et de chacun. L'histoire ne peut être résumée par ce progrès. Mais il est un progrès qui est porté par l'histoire humaine, qui l'a été et qui le sera. Il demeure une raison profonde d'agir et de vivre. Il permet de penser que l'histoire peut parfois être qualifiée de progressiste, qu'elle peut être vue comme un processus d'amélioration constante. Cet acheminement vers l'autonomie donne ainsi sens à l'histoire. Un sens qui vit du fait que nous, humainEs, le portons et qui est coexistant aux autres sens dont nous dotons nos existences. L'histoire en ce sens reste encore à faire. Elle est encore un ``avenir``. Comme processus et comme finalité, elle n'est pas finie. Elle n'est pas non plus disparue du fait de sa vacuité de sens, comme le scandaient les tenants de la postmodernité philosophique. L'histoire humaine de la modernité philosophique a péri de son hypostase qui lui a fait perdre son sens, de sa ``substantialisation`` par la modernité philosophique en sujet vivant aux significations et à la vie relativement indépendantes de ceux et celles qui les fondent. L'histoire humaine a été occultée par la postmodernité philosophique qui la jugeait absurde. Elle se refonde aujourd'hui comme mouvement marqué par un temps humain frappé de la conscience de toute sa relativité et par les existences plurielles de nous toutes et tous, comme humainEs, qui la fondent. L'histoire en ce sens est devenue une écriture, c'est-à-dire quelque chose que nous faisons vivre à chaque instant. Le projet d'autonomie comme progrès lui redonne un sens progressiste. Nous la retrouvons donc ici pour mieux la faire exister comme l'horizon de sens et d'existence de nos créativités, de nos libertés et de nos solidarités, comme lieu d'amélioration du monde et, par conséquence non inéluctable, de legs d'un monde meilleur. Nous avons là de quoi vivre et lutter pour que cessent une fois pour toutes dans ce monde les abominations que constituent la sujétion, la domination, l'exploitation ou encore la servitude volontaire et toute forme de soumission.
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