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ParisVI -Jussieu:Non renouvellement de l'accord d'association UE/universités israeliennesPnina, Domingo, Enero 12, 2003 - 15:46
pnina
La Décision le 18 Décembre du conseil d'administration de Paris VI-Jussieu, l'une des plus grandes Université Française(30 000 étudiants), de demander la suspension des accords d'association Union Européenne /Israel en matière de recherche a déclenché chez les autoproclamés anti-antisémite une véritable campagne hystérique comme nous les connaissons. Je n'éprouve même pas le besoin de développer l'argumenataire qui va de la Nouvelle Nuit de Cristal à je ne sais quoi encore. On ne peut s'empêcher de penser que si Nuit de Cristal il y a c'est plutot les Palestiniens qui la subissent . Faire part de notre soutien à ces décisions motive ces lettres que j'ai adressé à Liliane Frankiel et à Idan Segev qui a publié il y a peu un article dans Libération. Avec l'espoir que d'autres soutiens suivront alors que Sharon vient de décider la fermeture des 3 Universités Palestiniennes dont Bir Zeit . Voici ces lettres Merci Liliane Monsieur, Vous m'apparaissez être un homme de bonne foi ce qui ne m'empêche pas d'être lassée par cette rhétorique qui ressurgit chaque fois qu'une parole ou une action arrive à percer le mur du silence et de la propagande israelienne justifiant la poursuite du lent Holocauste du Peuple Palestinien. Nous avons pétitionné, manifesté, protesté contre les exactions commises par Sharon-démocratiquement élu-à l'encontre d'un peuple qu'il s'est proposé de détruire en tuant les corps par les armes, en déhumanisant les êtres par les humiliations, les injures, les mots, les spoliations. Ce n'est pas moi qui vous apprendrai le mépris, le silence et le cynisme avec lequel vos dirigeants accueillaient nos protestations pacifiques : il n'avaient d'égal que celui manifesté à l'égard des Palestiniens, cette sous-humanité qui avait le tort d'exister là où le mythe ne l'avait pas prévu. Et puis sont venus nos universitaires et la motion de Paris VI suspendant les accords d'échanges conclus dans la foulée des accords d'Oslo et à cette occasion on a vu se déployer la rhétorique habituelle a laquelle j'ai fait allusion et que l'on peut résumer dans ces mots: " comment osez -vous faire de la peine à nous universitaires si progressistes? Et troubler ces "oasis de paix et de tolérance ", ces "havres de démocratie" que sont les universités israeliennes ? Le problème avec ces arguments c'est que nous les voyons se répéter à propos de toute institution israelienne questionnée : -Les universités israeliennes "sont démocratiques et ses professeurs tolérants" donc il ne faut pas faire de peine à ses universitaires, ni suspendre des accords de coopérations universitaires (même s'ils étaient conditionnés, lors de leur signature, par une clause exigeant le respect des droits de l'homme, ce qu'on se permet d'oublier ) ; -La "presse est démocratique" donc il ne faut pas peiner ses journalistes; A la fin je finis par me demander qui, dans ce pays, où tout est "si démocratique et moral", massacre tous les jours des Palestiniens ? qui emprisonne? qui détruit maisons et oliviers ? qui décrète des couvre -feu pendant des semaines ? qui bombarde de camps de réfugiés? qui arrête, détruit tout ce qui a couleur palestinienne ? qui vole ses territoires ? qui commet des crimes de guerre ?qui affame ? Et se rappelle à moi que c'est un régime éminemment démocratique, le régime américain, qui a accompli un des grands génocides du siècle dernier, le génocide du peuple indien en Amérique . Et me vient la remarque qu'un massacre, "démocratique" ou pas, reste un massacre : pour celui que l'on extermine où est la différence? Me vient aussi la remarque que si être démocrate c'est s'autoriser ce que les Israeliens s'autorisent avec les Palestiniens alors meiux vaudrait un peu moins de démocratie et un peu plus de solidarité et de respect pour l'Autre, ce Palestinien qui n'est pas responsable de l'occupation ni de la spoliation qu'on lui a imposées. Tout celà pour dire qu'il faut un sacré culot pour demander des égards pour soi et ses institutions Universitaires alors qu'à coté de soi les dirigeants de son propre Etat ferment les 3 Universités Palestiniennes qu'un peuple héroique et dépossédé de tout a pu se construire et alors que s'affichent partout en Israel le projet de transfert -doux mot pour la Déportation -d'un peuple. Alors, oui je suis fière qu'une université comme Paris VI suspende les accords de coopération officiels, tout comme je suis fière de rencontrer, chaque fois que j'en ai l'occasion, un de ces 300 universitairesisraeliens dont parle Idan Segev, simplement -contrairement à celles que vous préconisez , monsieur Idan-, mes occasions de rencontre ne sont pas récupérables par Sharon, qui lui, ne nous demande rien d'autre que ces congrès , échanges, foires etc. et peu lui importe les propos que l'on y tiendra : -propos de soutien et ce sera tout bon pour lui, -propos de contestation, ça lui donnera la caution démocratique si souvent invoquée pour nous lier les mains et baillonner nos protestations contre la destruction -si démocratique elle aussi- du peuple palestinien . Démocratique ou non , nous ne voulons plus ni du massacre ni de l'extermination de ce qui reste de la Palestine et des Palestiniens après le traité de 47. Comment se fier à ceux qui ne comprennent pas celà et qui nous demandent des comptes quand nous parvenons à faire entendre notre "NON"? La force de votre rhétorique, Monsieur Idan Segev, ne trouverait-elle pas mieux à s'employer dans une contestation de vos dirigeants qui font de vous des criminels. Le temps n'est-il pas venu de répondre à l'injonction que faisait Yeshayaou Leibowitz en 1987 quand il disait "J'exige aujourd'hui de toute personne honnête qu'elle se proclame , avec moi, traitre" . Traitre comme l'étaient de nombreux universitaires français pendant la guerre d'Algérie, comme le sont ces héros contemporains d'Israel -voyez Tanya Reynhardt, Ilian Papé et tous ces justes qui -croyez moi- ne se sentent nullement abandonnés, ni par l'université française , ni par aucune autre, car tout simplement ils savent que, motion ou pas, il n' y a pas de lieux du monde ou nous ne puissions nous rencontrer, à condition que ce ne soit pas sous la banière de Sharon et de l'idéologie qui le commande . Pnina. |
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