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Développement pétrolier en Gaspésie : une belle pomme empoisonnée afin d'endormir la Gaspésie une fois pour toute?

gemini9, Martes, Diciembre 17, 2002 - 21:08

Adam Richard

Texte d'opinion concernant les plans de développement pétrolifère dans le Golfe St-Laurent.

Mon coeur cessa de battre quelques instants, tout estomaqué qu'il était (et moi aussi par la même occasion) lorsque j'entendit aux nouvelles radiophoniques cette semaine Bernard Landry déchirer sa chemise encore une fois, dans une sempiternelle chicane de chiffon avec Ottawa, cette fois à propos du sous-développement du potentiel pétrolier québécois, principalement dans le Golfe St-Laurent, au large des côtes de la Gaspésie. Apparament que même Terre-Neuve est en avance sur nous autres à ce sujet. On parle de 4000 jobs directs pour la Gaspésie, une véritable manne dans les conditions socio-économiques actuelles. Il y a sûrement même le potentiel de sauver Murdochvile, en convertissant les mines en rafineries. Mais si cette situation idyllique n'est pas réalité au moment où vous lisez ces lignes, c'est la faute d'Ottawa, nous dit le Premier Sinistre du Québec, privant ainsi le Québec de milliards de dollars qu'ont pourrait sûrement mettre dans l'éducation et la santé. Bref, ce qu'il faut entendre dans ce cri du coeur de Bernard, c'est que nous devons tous nous lever d'un bond et accompagner notre bon chef pour son dernier tour de piste (ou peut-être pas, je le soupçonne d'étudier les stratégies chrétiennes). Allons bon peuple, sauvons la Gaspésie, sauvons les régions, sauvons le Québec!

Bon! Fini les conneries! Fini les jokes, Berny!

J'ignore si l'auditoire de Bunker était vraiment aussi faible que ce que laissent croire les sondages, mais j'imagine ne pas être le seul parmi ceux qui l'ont suivi qui trouve ces jours-ci que finalement, ils ne sont pas allés assez loin pour illustrer le mépris que nos dirigeants politiques ont pour l'intelligence du bon peuple. Et après ça, on se demande encore pourquoi l'indépendance du Québec n'est pas encore faite avec un tel gouvernement. Le gouvernement du PQ semble donc pris dans une sorte de valse à deux temps sur le plan socio-environnemental ces jours-ci, feignant un pas vers l'avant et en en faisant deux vers l'arrière (ou est-ce en feindre un vers la gauche et en faire deux vers la droite?). Loto-Québec reçoit des pressions de la part de l'opinion publique, alors l'entreprise d'État restructure ses appareils, concentre ses énergies là où c'est plus payant, agrandi le casino en dépit de tout les problèmes sociaux que celui-ci cause, le tout enrobé de simili-préoccupations sociales et on ose même passer un message publicitaire nous vantant les bienfaits dans la communauté de Loto-Québec. Message qui fut si promptement enlevé des ondes que j'ai encore peine à concevoir qu'ils l'ont diffusé.

Autre exemple: alors qu'il a fallu un tollé de protestations de plusieurs citoyens et artistes (dont la notoriété publique à contribué à fair pencher la balance) pour empêcher le massacre des rivières du Québec avec une série de projets de mini-barrages non-rentables, Québec nous sort subito-presto une loi sur l'eau sur laquelle on est sensé dormir sur nos deux oreilles. Pendant ce temps là, ça pollue encore, ça pompe encore, ça exporte encore. Et on balaie les problèmes sous le tapis en espérant que ça se règle. À l'heure où les gens commencent enfin à s'intéresser à la goutte d'eau dans l'océan de problèmes environnementaux qu'est le protocole de Kyoto, voilà-t-y pas que Bernard le Conquérant voit la survie économique de la Gaspésie par son développement pétrolier.

Non mais, il regardes-tu les nouvelles, Bernard Landry? Il voit pas ce qui ce passe dans les pays qui vendent du pétrole à l'Oncle Sam (à qui d'autre voulez-vous vendre?)? Et déjà qu'après l'or noir, on parle déjà de l'or bleu, et celui-ci est autrement plus précieux que le premier, j'ose à peine imaginer ce qui pourrait arriver si jamais le Québec veut (doit?) se réapproprier ses ressources aquifères? Entre la survie de la soif et la survie des bombes, laquelle chosir?

Mais ces considérations géopolitiques ne sont pas le centre de mon propos ici. Ce que je vous souligner, c'est qu'un projet de développement de l'industrie pétrolière dans la Golfe St-Laurent constitue ni plus ni moins qu'une pomme destinée à euthanasier la Gaspésie, ainsi que les côtes bordant la zone d'exploitation. La Gaspésie est affamée, c'est bien connu, et elle semble bien juteuse cette pomme, elle semble rassasiante. Mais elle n'en demeure pas moins empoisonnée.

À-t-on seulement pensé 30 secondes à l'impact qu'aurait sur la Gaspésie une marée noire sur le Rocher Percé et l'Ile Bonaventure? Où sur les flancs de Cap-Gaspé, au bout de Forillon, ou encore sur la plage de Haldimand? Savez-vous que j'ai déjà rencontré quelqu'un d'autre part qui m'a vanté la beauté du sable et de la plage de Haldimand, alors que moi qui m'y baignait dans mon enfance la considérait comme une plage comme les autres. Ça serait vraiment dommage aujourd'hui si on lui donnait trop de Prestige. Encore une fois, l'actualité est là pour nous rapeller que ces choses là font partie de la réalité de l'industrie pétro-chimique. Et même sans déversement pétrolier majeur, il est connu que les plates-formes de forages en mer sont polluantes, en rejetant des matières toxiques à la base de la station, qui sont par la suite transportées par les courants et les sédiments, pour ensuite contaminer la chaine alimentaire; en rejetant des gazs polluants qui se retrouveront inévitablement dans l'atmosphère environnant, dans des concentrations qui augmenteront avec le temps, et qui seront respirés par les oiseaux marins. À-t-on pensé 30 secondes à l'impact qu'aurait sur la Gaspésie un déclin marqué de la population de fous de bassans et de maquareux à l'Ile Bonaventure, disons sur une période de 30 ans?

Vous verrez sans doute que ma principale source d'inquiétude au travers de ces questions est l'environnement, mais par la bande, surtout l'industrie touristique. Chaque Gaspésien, en place ou déraciné, chaque Québécois même, grâce à certaines oeuvres télévisuelles entres autres, savent à quel point le peuple de la Gaspésie en a bavé pour survivre, pour tenir son bout, malgré les intempéries et l'exploitation, et que la pêche fut pendant longtemps sa seule planche de salut. Mais cette planche a fini par pourrir pour être restée dans l'eau trop longtemps, et le tourisme a depuis longtemps été une autre planche très importante sur laquelle on peut consolider un radeau. Je pourrais reprendre ma métaphore de la planche pour l'industrie forestière et minière, je crois que vous voyez le dessin.

Je répète donc que le tourisme est la planche, que dis-je, la poutre, sur laquelle sera appuyé le reste du radeau sur lequel flotte présentement la Gaspésie dans ces eaux houleuses. L'idée, c'est qu'une fois le radeau stabilisé, on peut commencer à naviguer, et donc d'essayer de se sortir du pétrin. Le tourisme, pour la Gaspésie, c'est beaucoup plus que l'argent apporté par les visiteurs dans la région. C'est également le moteur qui fait vivre toute une infrastructure dont la présence est constituante du fondement même d'une présence territoriale, c'est à dire les restaurants, les hôtels, les dépanneurs/stations-service, écoles, bureaux de postes, commerces en tout genre, etc. Ces infrastructures représentent des incitatifs à occuper certaines portions du territoires, et consituent dans bien des cas des infrastructures nécessaires à la communauté qu'elle dessert, mais qui ne saurait strictement vivre de sa population locale, et compense son namque à gagner par l'industrie touristique. Plus il y aura de services et d'incitatifs structurels de disponibles, plus les citoyens Gaspésiens seront en mesure de vivre ou de retourner vivre en Gaspésie, car il faudra remplir ces emplois. Et plus il y aura de citoyens désireux d'habiter en Gaspésie, plus il y aura de chances de voir germer des projets d'économie alternative intéressants et innovateurs. J'entends depuis déjà quelques mois des chants de sirènes me provenant de Gaspé, des projets intéressants semblent y éclore, dans les biotechnologies marines entres autres. L'activité semble y bouillonner plus qu'à Montréal en tout cas, et je commence à avoir envie de retourner juste pour voir (mais je suis pas seul dans la décision d'un retour éventuel). Mais si à ce stade-ci on sabote le tourisme en Gaspésie, ou à Mingan, ou aux Iles-de-la-Madeleine ou en Côte-Nord, tout le reste fout le camp à l'eau et la Gaspésie risque fort d'y couler pour de bon. Développer l'industrie pétrolière au large des côtes de Gaspé reviendrait à se prendre du bois sur notre poutre de soutien pour se faire un feu sur le radeau.

Et puis un dernier mot en passant: les Gaspésiens n'en ont-ils pas assez bavé? Pourquoi ai-je l'impression d'halluciner quand je vois le Gouvernement du Québec se plaindre qu'elle exporte ses matières premières au lieu de les transformer sur place, alors qu'en même temps il centralise tout en faisant la sourde oreille aux régions qui tiennent pourtant un discours assez similaire dans le fond. Et ça fait des dizaines d'années, voire des centaines que ça dure. Alors les Gaspésiens ont été pêcheurs, bûcherons, mineurs, pêcheurs, cultivateurs et pêcheurs durant des années. Et maintenant on veut en faire des ouvriers de plate-forme de forage? Ne s'agit-il pas d'un type de travail encore plus dur et exigeant que la pêche? Sans parler encore une fois des expositions aux matières toxiques. Si, si, il y en a, même s'il disent le contraire. Demandez aux gens de Murdochville ce qu'il faut faire de ce genre de belles promesses.

J'espère que le dindon de cette monumentale farce sera celui qui croyait prendre, c'est à dire le gouvernement Landry qui pensait s'en passer une petite vite avant les élections afin de redorer son blason un peu terni par les temps qui courent, malgré les apparences trompeuses qu'il tente de maintenir avec ses opérations de relations publiques pré-électoral. J'aurais cependant une demande spéciale à formuler au Gouverment pour les prochaines élections: inclure une case "aucun de ces candidats". Si cette case est majoritaire, on arrête tout et on fait les débats qui se doivent d'être tenu avant qu'une tête folle ne nous plante tous sur un récif une bonne fois pour toute.

Je le répète afin d'être bien clair, implanter des stations de forage dans le Golfe, c'est innoculer le cancer dans les régions de l'estuaire. Est-ce vraiment ce dont la Gaspésie à besoin?

Adam Richard
Auteur, poète et chanteur engagé, expert en sécurité informatique, Gaspésien en exil

Site officiel de Gemini-9
www.gemini-9.com


Asunto: 
jai un doute
Autor: 
Sylvain
Fecha: 
Dom, 2002-12-29 12:32

Je crois pas, se nais pas du petrol ,mais de l'eau il y as pas de petrol en alaska et pas plus en gaspesie, cest simplement de l'eau pour les pays en manque,et pour le control.


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