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Marche contre la pauvreté à Buenos Aires

Anonyme, Sunday, November 17, 2002 - 10:51

STELLA CALLONI

* Le président Duhalde se réunira avec des gouverneurs et des législateurs ; il cherche consensus devant le moment difficile

* Manifestations contre les augmentations de tarifs de services privatisés exigés par le FMI

Adapté de STELLA CALLONI,
CORRESPONDANTE POUR LA JORNADA (MEXIQUE)

Buenos Aires, 15 novembre.

"Il n'y a aucune situation de défaut de paiements", a dit le ministre de l'Économie, Roberto Lavagna, en parlant ce vendredi avec la presse, après que le gouvernement de l'Argentine se soit dit disposé, jeudi dernier, à payer seulement les intérêts d'un crédit de la Banque Mondiale, de l’ordre de 805 millions de dollars. Cette déclaration a causé une grande controverse politique.

Pendant que le ministre faisait ses déclarations, une marche pluri-sectorielle contre la pauvreté s’est déroulée le long de plusieurs rues centrales de la capitale fédérale. Le symbole de la manif était « Argentine-Biafra » (au Biafra, dans l’actuel Nigéria, a sévit une grave famine à la fin des années ‘60) étant donné que ces jours-ci les argentins sont de plus en plus souvent témoins d’enfants qui souffrent de malnutrition grave.

La manifestation visait aussi à rejeter les augmentations des tarifs des services privatisés, une des mesures exigée par le Fonds Monétaire International (FMI) comme condition pour signer un accord avec le gouvernement argentin.

"Nous n’allons pas permettre les augmentations qu’exigent les banques et les propriétaires de l'Argentine qui on tranquillement volé l'argent de millions de personnes…", a dit Raúl Castells, dirigeant du Mouvement des Pensionnés et Pensionnées, pendant la manifestation de cet après-midi, qui comme d'autres effectuées au cours des derniers jours indiquent une recrudescence grave de la crise sociale.

Les cacerolazos et les pétards sont revenus ce soir au centre-ville. Ils signalaient de nouveau la fureur, à peine contenue, des gens devant des menaces d’augmentations tarifaires.

Des affiches contre le FMI, et aussi contre "la faiblesse" du gouvernement, disant aussi "dehors yanquis" se multipliaient dans les rues.

Frein à la récupération

Lavagna a aussi expliqué que l'Argentine a payé tout le long de l’année les organisations financières internationales, mais en contrepartie il n'y a pas eu de refinancements et ceci a signifié "une réduction de la dette publique externe" au prix de freiner la réactivation économique.

Maintenant, il a ajouté, "la dette avec les institutions est 4 milliards 300 million de dollars inférieure à celle du début de l’année. Nous réduisons la dette externe. Un pays comme le nôtre, qui sort d'une situation difficile, annule la dette, et c'est pourquoi on peut demander au moins de maintenir les niveaux actuels ".

Le président Eduardo Duhalde, pour sa part, a annoncé pour dimanche prochain une réunion avec les gouverneurs tout le pays et des chefs législatifs, dans une tentative pour obtenir le consensus politique que lui réclame le FMI pour débloquer la négociation.

"Les autres pouvoirs doivent avoir une vision semblable à celle du gouvernement pour arriver à un accord", a indiqué Lavagna, celui qui a aussi clarifié que la réunion est destinée à examiner des questions clés.

Les nouvelles mesures qu'exige le FMI sont considérées comme un "combustible qui peut raviver l'incendie social à peine contenu" si le gouvernement les accepte.

Parmi elles, il y a l'exigence de ne pas proroger les exécutions hypothécaires quand il y aura des annonces de résistances massives, l’accord de ne pas modifier la loi des faillites, l'augmentation des tarifs de 30% (contre 10% que propose le gouvernement). La population s’est lancée dans les rues suite à cette annonce. (…)

Le FMI exige, en outre, un ajustement fiscal pour obtenir en 2003 un excédent primaire de 2.5%, et pour ceci il estime qu'on doit réduire les frais dans les provinces (où la pauvreté atteint entre 40 et 80% des gens), sans écarter une hausse des impôts.

Aussi il demande qu'on freine les abris fiscaux des épargnants, l'assainissement de la banque publique, exigeant en outre un plan pour qu'ils introduisent des capitaux privés aux banques étatiques. En somme, (…) "ils passent par la banque publique maintenant".

Lavagna a dit que les plans sociaux "n’ont été en jeu, ni le seront dans ces circonstances, puisqu'ils ont priorité absolue par décret", et sont garantis.

Sans projet alternatif

Devant cette situation, en entrevue avec la Jornada, l'analyste Eric Calcagno a soutenu que le plus grand problème est que le gouvernement n'a pas un projet alternatif.

"On a besoin d'une politique cohérente devant le FMI et la Banque Mondiale. Ils ne les paient pas maintenant, mais ils ont laissé 8 milliards de dollars quitter le pays, 4 pour payer les organismes financiers et le reste s’est tout simplement « enfuit ». Que gagnons-nous si la dette ne se paie pas maintenant a lors que des milliards quittent le pays?", s'est demandé l’expert.

Bien qu'il reconnaisse que Lavagna a bien manié les choses dans ces circonstances graves, « on n'a présenté aucun modèle alternatif ».

Il a ajouté : "Ce n'est pas seulement le FMI qui est contre le pays, mais aussi les secteurs financiers locaux et internationaux, les propriétaires du pays, et les banques étrangères,… des secteurs financiers de Etats-Unis et le FMI, entre autres, qui imposent une politique que ce dernier organisme légitime".

Il a regretté, de même, l'absence de volonté politique pour donner une réponse conjointe à la situation grave qui règne. Il existe seulement " une gang d'amis qui se disputent sur des sujets électoraux alors que le pays vit une tragédie", a-t-il dit.

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