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EN MÉMOIRE DE TUPAJ KATARI

CANO, Thursday, November 14, 2002 - 19:11

CANO

Tupaj Katari est un autochtone Aymara s'étant rebellé contre les oppresseurs Espagnol, le 13 novembre marque l'anniversaire de sa mort par écartèlement

(oeuvre de Walter Solon http://www.funsolon.org/SOLON/OBRA/indiceobra)

TUPAJ KATARI (1750-1781)

À 221 ans du supplice de notre grand chef Aymara
Par Ivan Ignacio*

Abya-Yala Marka, 13/11/2002 - Tupaj Katari, nom adopté par Julian Apaza en mémoire de l’intrépide Tupaj Amaru (José Gabriel Condorkanqui) et de l’hardi Tomás Katari , fut l’un de nos plus grands martyrs dans l’histoire du peuple Aymara, un leader indomptable ainsi qu’un grand stratège de l’armée autochtone andine ; il fut le chef indiscutable de la rébellion aborigène et lors du siège de la ville de La Paz..

Il naquit dans la communauté et centre agricole de Sicasica en 1750, à 4000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Marié à la cheffe Aymara Bartolina Sisa, il fut pendant des années en contact permanent avec Tupaj Amaru, sieur de Tungasuca, dont il partagera les plans de libération et d’émancipation de nos peuples autochtones.

Malgré certains conflits de nature tactique avec les chefs suprêmes de la famille de Tupaj Amaru concernant l’éventuel assaut et la prise de La Paz, Tupaj Katari entreprit le premier siège en mars 1871, pendant lequel lui et ses 40 000 hommes assiégèrent la ville 109 jours durant. Plus tard, il entreprit un second siège, qui dura 64 jours, provoquant à la suite des deux évènements des pertes d’effectifs très importantes du côté de l’armée royaliste :10 000 des 23 000 hommes de cette armée composée d’Espagnols, de métis et de créoles y trouvèrent la mort.

Des renforts fournis à l’armée espagnole permirent cependant la rupture du siège le 1er juillet 1781 et c’est sans subir de perte majeure que l’armée de Tupaj Katari battit en retraite. Néanmoins les hostilités se poursuivirent sous forme de guérilla permanente, et au début du mois d’août fut initié un nouveau siège , cette fois avec l’appui du frère de José Gabriel, Andrés Tupaj Amaru. Ce dernier tentera de submerger la ville à l’aide d’un dispositif hydraulique complexe installé en amont de la rivière Choqueyapu. Les nouveaux renforts royalistes, menés par le colonel Reseguín, réussirent malgré tout à vaincre nos alliés le 17 octobre à El Alto.

Tupaj Katari planifiait une nouvelle attaque et rassemblait de nouvelles forces sur les côtes du lac Titikaka lorsqu’il fut victime d’un piège sans scrupule et d’une vile trahison de la part de son collaborateur Tomás Inca Lipe. Ce dernier remit son chef aux mains des troupes royalistes dans la localité de Chinchaya. C’est ainsi que notre frère partagea le sort rempli d’atroces souffrances de son prédécesseur Tupaj Amaru.

Le 13 novembre 1781, le chef Tupaj Katari fut condamné à mort : son corps fut écartelé sur la place publique de la communauté autochtone de Peñas (Q’arq’a Marka) , aussi appelée Nuestra Señora de las Peñas, situé dans la vaste région altiplanique de l’actuelle République de Bolivie. Selon certains chroniqueurs, l’exécution eut lieu le jour même, selon d’autres la condamnation prit effet deux jours plus tard, soit le 15 novembre 1781.

«... A mi solo me matarán, pero mañana volveré y seremos millones **» déclara Tupaj Katari à ses bourreaux au moment de sa dramatique capture. Il passa les derniers instants précédant son exécution entouré des représentants du pouvoir colonial oppresseur : le curé, le délégué militaire, l’officier municipal, les « notables » créoles et ses gardiens corrompus, tous symboles de la médiocrité européenne venue détruire l’harmonie et la vie de nos institutions et de nos formes d’organisation sociale, économique, politique, spirituelle et cultuelle.

Tupaj Katari subira donc sa sentence, non sans avoir auparavant subi d’abominables tortures. Après lui avoir coupé ses longs cheveux, qui symbolisaient l’énergie et la rébellion du chef Aymara, il lui tranchèrent la langue vivant, afin de démontrer leur intention de faire taire sa voix et son message de rébellion. Puis ils procédèrent au supplice , où ils écartelèrent vif Tupaj Katari à la force de 4 chevaux attachés à ses bras et ses jambes.

L’ordre fut donné, et un cri poignant, perçant, atroce à en glacer le sang, résonna en un interminable écho à travers les mythiques Andes, brisant le silence qui perdurait jusqu’à ce moment fatidique, jusqu’à cet instant où 4 chevaux déchirèrent en pièces le corps de Julian Apaza, chef guerrier Aymara, en direction des 4 points cardinaux. Le cri étouffé et douloureux de la multitude répondra au sien.

Subissant le même sort que Tupaj Amaru, le corps démembré et découpé en morceaux de Tupaj Katari fut exposé et promené dans tout le territoire du Qullasuyu afin « d’effrayer les Indiens rebelles ». Sa tête fut exposé au sommet du K’ili K’ili (La Paz); son bras droit à Ayo Ayo, le gauche à Achacachi ; sa jambe droite à Chulumani, sa gauche à Caquiaviri.

Le 5 septembre 1782, son épouse Bartolina Sisa mourra elle aussi aux mains des bourreaux qui avaient assassiné son mari, son supplice comprenant force tourments plus macabres les uns que les autres. Il en fut de même de la sœur de Tupaj Katari, Gregoria Apaza ; en 1783, le fils de Tupaj Katari et Bartolina Sisa, âgé de 10 ans, sera pour sa part enlevé. Plus jamais on ne le revit.

Il n’y eut pas d’horreur coloniale plus odieuse que l’épanchement de tant de haine sur nos terres. Il n’y eut pas de massacres et de meurtres plus sanglants que ceux commis à l’encontre de nos peuples et ses populations, jamais il n’y eut tant de sauvagerie et de barbarisme éhonté contre les communautés autochtones andines que dans cette époque funeste.

VAINQUEURS POUR DES MILLÉNAIRES !!!

JALLALLA JILATA TUPAJ KATARI !!!!

Note de l’auteur : Remerciements spéciaux aux pages internet de la CSUTCB et du CANO

*Ivan Ignacio est président du CANO-Toronto et coordinateur national pour le Canada

**« Ils me tueront moi seul, mais demain je reviendrai, et nous serons des millions »

Site du Conseil Andin des Nations Autochtone
www.msapiens.com/cano
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