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LA MANIFESTATION DU 7 NOVEMBRE POUR LA LIBÉRATION DES PRISONNIÈRES ET PRISONNIERS POLITIQUES DU MEXIQUE

Anonyme, Tuesday, November 5, 2002 - 14:11

Ana Hébert

Pourquoi faut-il, au Québec, appuyer la lutte pour la libération des prisonnières et prisonniers politiques du Mexique?

Le jeudi 7 novembre 2002, aura lieu à Montréal une marche de solidarité Québec–Mexique ayant pour but, en plus de dénoncer les projets anti–populaires tels que le Plan Puebla–Panama et la ZLÉA ainsi que les politiques migratoires rétrogrades du Canada, de dénoncer la situation des quelques 500 prisonniÈrEs politiques actuellement incarcéréEs au Mexique. Vous vous demandez peut–être ce que les prisonniÈres politiques du Mexique ont à voir avec nous et avec nos luttes. J’espère vous convaincre qu’il y a plus de liens que vous croyez et qu’il est important de s’informer et de se solidariser avec cette lutte. Si les luttes sociales s’intensifient au Québec comme elles semblent le faire depuis les dernières années, nous aurons probablement nous aussi à composer avec cette réalité; il faut donc s’y préparer, et nous avons beaucoup à apprendre des luttes mexicaines.

Qu’est–ce qu’unE PrisonniÈrE Politique?

UnE PrisonniÈrE Politique est incarcéréE parce qu’elle ou il lutte pour un changement social. C’est unE militantE conséquentE, prisonniÈrE de l`État. Cependant, il faut souligner que l’État ne reconnaît généralement pas le statut de prisonniÈrE politique, et les considèrent plutôt comme des prisonniÈrEs communEs. Ce sont donc les militantEs des différentes organisations qui donnent ce nom à leurs prisonniÈrEs politiques et non pas ceux qui les emprisonnent.

Pour donner un exemple québécois, en septembre 1966, Pierre Vallière et Charles Gagnon, militants et prisonniers du Front de Libération du Québec (FLQ), emprisonnés à New York, ont entrepris une grève de la faim « pour la reconnaissance « du crime politique » au Québec (Canada) et du statut de « prisonniers politiques » pour tous les partisans du FLQ ». Évidemment, ce statut ne leur fut jamais accordé, ni à aucunE autre militantE incarcéréE au Québec ou au Canada. Au Mexique, ce statut n’est pas non plus reconnu.

Quel traitement reçoivent les prisonniÈres politiques dans les prisons mexicaines?

Les témoignages de prisonniÈrEs politiques font état de traitements visant à les déshumaniser, à les désorienter, à leur enlever leur personnalité.

Il est clair que le but de l`État, en emprisonnant les militantEs, est :
1. De leur soutirer de l’information sur les autres militantEs et sur les organisations auxquelles elles appartiennent dans le but de les démanteler.
2. De tenter de « casser » physiquement (en les épuisant), moralement et émotionnellement les militantEs pour qu’ils et elles n’aient plus envie de continuer la lutte à leur sortie de prison.

Pour arriver à leurs fins, les autorités carcérales utilisent toutes sortes de techniques de torture psychologiques et physiques : ils répriment toutes les décisions individuelles de base des prisonniÈrEs en les harcelant constamment, leur donnent des coups causant des lésions et des maladies parfois irréversibles, ils les isolent, leur font subir des fouilles à nu plusieurs fois par jour pour les humilier, leur enlève leur intimité et, dans certain cas, ils les filment constamment, 24 heures sur 24 ; le tout pour les « domestiquer », pour générer leur lente agonie. Effectivement, la plupart sortent de prison très abîméEs émotionnellement et physiquement.

Même si elles et ils ne sont pas considéréEs comme prisonniÈrEs politiques, leur traitement diffère grandement de celui des prisonniÈres communEs. Par exemple, on leur interdit de parler aux autres prisonniÈrEs politiques et aux autres prisonniÈrEs communEs. Si elles et ils défient cet interdit, on les punit en leur enlevant le droit à la lecture des journaux, en leur supprimant leur appel téléphonique hebdomadaire ou en leur interdisant de sortir marcher en dehors de leur cellule.

Dans le cas spécifique des prisonnières politiques, on tente de leur enlever leur identité générique en leur coupant les cheveux et en les habillant avec des vêtements d’hommes. Éricka Zamora, qui a été en prison pendant 4 ans à la suite du massacre de El Charco en 1998, raconte que l’une des pires humiliations qu’elle a subi en prison a été celle de devoir donner ses serviettes sanitaires souillées chaque fois qu’elle en nécessitait une nouvelle. Comme quoi les militantes en prison subissent des humiliations encore plus grandes que celles de leurs camarades.

En plus de leur faire perdre leur mobilité, de les faire se sentir comme si elles et ils étaient des moins que rien, on tente de changer leur mentalité et de créer des divisions entre les prisonniÈrEs et leurs organisations. On défait leur vie de couple et on tente de défaire leurs liens sociaux. Les prisonniÈrEs parlent d’une tentative « d’extermination du corps et de l’esprit ». Dans le cas des prisonniÈrEs politiques, presque toutes les règles sont systématiquement violées. Elles et ils se sentent impuissantEs et ressentent une profonde souffrance. Mais, rappelons–le, il n’y a pas de prisonniÈrEs politiques au Mexique! Que des délinquantEs!

Comment elles et ils résistent en prison

Les prisonniÈrEs politiques soulignent que « la conscience, on ne l’emprisonne pas ». Si l’État arrive à ses fins avec certaines personnes qui ne résistent pas, cèdent, dénoncent leurs camarades et laissent effectivement la lutte à leur sortie de prison, d’autres se fortifient et ressortent plus convaincues que jamais de la nécessité de continuer la lutte.

Une forme de résistance très efficace est l’organisation à l’intérieur même de la prison, avec les autres militantEs mais aussi avec les prisonniÈrEs communEs pour obtenir des droits, comme par exemple en ce qui concerne la nourriture et les conditions générales de vie dans la prison.

CertainEs développent d’autres stratégies comme par exemple le chant, la peinture, l’écriture, etc. L’appui des camarades, de la familles et des amiEs est vital, de même que la communication et l’information venant de l’extérieur. Recevoir des lettres est d’un réconfort qu’on ne peut s’imaginer de ce côté–ci des barreaux.

Un aspect fondamental relevé par les ex–prisonniÈrEs politiques est celui de la préparation « avant » de tomber dans cette situation. En effet, il est fondamental de se préparer psychologiquement, politiquement, socialement et physiquement à cette éventualité. Il faut savoir, lorsque nous militons, à quoi on s’expose et savoir où on se situe dans la lutte. Il faut avoir les éléments pour comprendre ce qui nous arrive et pourquoi cela nous arrive. Il faut, dans nos organisations, se préparer pour faire face à la peur et connaître et respecter les éléments de base de la sécurité. Évidemment, le but est de ne pas se faire emprisonner! Il est important d’avoir une formation politique solide et de nous développer intégralement comme êtres humains; connaître nos faiblesses et les travailler. Il faut savoir que si jamais on se fait emprisonner, il y a une organisation à l’extérieur pour nous appuyer : avant, pendant et après.

Notre rôle en dehors des barreaux

Il est important de construire un réseau d’information et de conscientisation en dehors. Il faut faire connaître la lutte pour la libération des prisonniÈrEs politique à tous les niveaux.

La « Coordination Nationale pour la Libération des Prisonniers Politiques et de Conscience » du Mexique souligne l’importance fondamentale de la solidarité internationale dans cette lutte. En effet, la pression internationale sur le gouvernement fédéral de Vicente Fox est vital. Ce gouvernement se prétend démocratique et ouvert et clame bien haut que le Mexique est un pays où les droits humains sont de première importance et respectés. Il se permet même d’aller faire la morale à Cuba en matière de droits humains! Avec plus de 500 prisonniÈrEs politiques dans le pays, on se demande avec quelle autorité morale Fox parle de droits humains. Ce gouvernement ne saurait qu’être sensible à la critique internationale. Il a son image de démocrate et de promoteur des droits humains à préserver. Il est important que les autorités mexicaines sachent que les gens savent à l’extérieur du pays que tout cela n’est que mensonge. Ces pressions sont vitales pour que se vote une lois d’amnistie et pour que soient libéréEs les prisonnières et prisonniers politiques.

Il faut dénoncer les violations des droits humains qui sévissent toujours au Mexique.

Il faut appuyer la lutte pour que le gouvernement vote une lois d’amnistie pour la libération de touTEs les prisonniÈrEs politiques au Mexique.

Parce qu’elles et ils luttent pour un monde meilleurs, dans un pays où plus de 70% de la population vit sous le seuil de la pauvreté, plus de 500 militantEs sont privéEs de leur liberté, sous de fausses accusations (délits de droit commun), basées sur de fausses déclarations, soutirées sous la torture.

Leurs luttes sont les mêmes que les nôtres. Nous ne voulons pas vivre dans des sociétés inégalitaires basées sur l’exploitation et sur l’oppression. Nous voulons vivre librement et décider, ensemble, de l'orientation à donner à nos vies.

Non à la ZLÉA!
Non au Plan Puebla–Panama!
Non à la déportation des réfugiéEs au Canada et au Québec!
Pour la libération des prisonniÈrEs politiques mexicainEs et pour la loi d’amnistie!

Manifestation le jeudi 7 novembre à 12h. : Départ à CONCORDIA devant le Hall building (métro Guy-Concordia)

Note: La peinture "Mujer Azul" (femme bleue) est l'oeuvre de Gloria Arena Ajis, prisonnière politique au Mexique.

Site d'information sur les prisonnières et prisonniers politiques du Mexique. Surtout en espagnol.
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