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USA : MENACE BIOCHIMIQUE

Anonyme, Tuesday, October 1, 2002 - 09:53

cut'n'past'crew

Il s’agit de posséder un moyen neutralisant plus efficace que le gaz lacrymogène, tels que des agents calmants, soporifiques ou euphorisants, afin de les utiliser contre des populations civiles jugées hostiles.

Paru le : 30 septembre 2002

Menace biochimique made in USA

- Par Manuel Grand Jean

Les Etats-Unis, qui s’apprêtent à pulvériser l’Irak sous prétexte que ce pays chercherait à se doter de moyens de destruction massive, poursuivent eux-mêmes un programme secret pour mettre au point des armes biologiques et chimiques. Ceci en violation flagrante du droit international.

Après dix-huit mois de recherches, une organisation non gouvernementale vient de publier un rapport accablant sur l’activité illicite du Département de la défense étasunien. Les preuves réunies par «The Sunshine Project» sont irréfutables, puisque constituées de documents officiels obtenus en utilisant toutes les ressources offertes par la loi sur la liberté d’accès aux informations sur l’activité de l’Etat («US Freedom of Information Act»). L’organisation entend produire ses conclusions en octobre prochain à La Haye lors de la septième session de la Conférence sur les armes bactériologiques et demander une mission d’inspection de l’ONU sur territoire états-unien.

En réalité, on savait déjà que les Etats-Unis avaient relancé leur programme de recherche sur les armes biologiques depuis 1997, mais Washington affirmait qu’il s’agissait uniquement de trouver des moyens de défense contre ces armes. Cependant, des journalistes qui avaient été autorisés à visiter une installation de ce programme avaient décrit des activités bien peu défensives: une usine de production industrielle de germes, la mise au point d’une bombe pour la dispersion des agents infectieux et la modification d’une souche d’anthrax pour la rendre plus virulente…

L’enquête de Sunshine Project jette une lumière crue sur ces activités secrètes. Elle révèle que les administrés de George W. Bush ne travaillent pas en priorité sur des agents mortels, tels que les gaz VX ou sarin, mais sur des armes non létales. Il s’agit de posséder un moyen neutralisant plus efficace que le gaz lacrymogène, tels que des agents calmants, soporifiques ou euphorisants, afin de les utiliser contre des populations civiles jugées hostiles.

Ces recherches violent avec évidence les conventions internationales de 1972 et de 1993, lesquelles interdisent strictement la mise au point, la production, le stockage et l’utilisation de toute arme biologique ou chimique.

Rétrospectivement, on ne sera donc pas étonné que les Etats-Unis aient fait échouer, en décembre 2001, la Conférence de Genève sur les armes bactériologiques. George W. Bush avait alors refusé catégoriquement le protocole établissant un régime d’inspection des installations pouvant produire de telles armes. Par la voix du sous-secrétaire d’Etat James Bolton, les Etats-Unis avaient non seulement exigé le terme des négociations en cours, mais demandé l’annulation des mandats des états signataires. Ce qui aurait, dans les faits, réduit à néant la Convention. Seul le report des débats à l’année suivante a permis d’éviter la catastrophe…
En invoquant le refus d’un contrôle international pour motiver une guerre en Irak, Washington ne manque donc pas de culot. Mais les Etats-Unis sont fidèles à leur doctrine, selon laquelle le monde se divise dorénavant en pays «responsables», pour lesquels aucun contrôle international est nécessaire, et pays «irresponsables» ou «voyous», qui chercheront toujours à tricher et qu’il faut préventivement empêcher de nuire. Cette conception met à bas le principe d’égalité des nations sur lequel se fonde le droit international. Cohérence également, donc, que de s’arroger le privilège de ne pas respecter les conventions onusiennes en attendant de les réduire à néant.

Face au droit international, les Etats-Unis ne sont pas moins «voyous» que l’Irak. Leur responsabilité est en revanche infiniment plus grande. En tant que première puissance mondiale, ils auraient les moyens de bannir de la planète les armements de destruction massive. En cherchant secrètement et illicitement à les acquérir pour leur propre usage, ils ruinent le droit international, poussent d’autres Etats à faire de même et relancent la course aux armes chimiques et biologiques.

A ceux qui seraient tentés de se rassurer en se ralliant à la doctrine étasunienne, pensant que de telles armes sont moins dangereuses dans les mains d’un Bush que d’un Hussein, on rappellera que la palme du terrorisme aveugle, le triste record de la destruction massive, ne revient pas à un quelconque Etat «voyou». Il appartient à la démocratie étasunienne qui a sans hésitation anéanti plusieurs centaines de milliers d’innocents à Hiroshima et à Nagasaki.

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