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Visibilité et droit de parole des travailleuses du sexe : abolition ou trafic d'un espace citoyen?Nicole Nepton, Wednesday, September 18, 2002 - 14:15
Maria Nengeh Mensah
La montée du mouvement contre la traite et le trafic des femmes expose la prostitution en tant que manifestation extrême de l’oppression et de la subordination systématique des femmes du monde entier. Ce discours féministe critique le concept de choix individuel et ne reconnaît pas le droit de parole à celles qui se disent "travailleuses" dans l'industrie du sexe. Les libertés fondamentales d’apparaître, de s’associer et de s’exprimer sont perçues comme les signes d’une acceptation aveugle par les femmes qui font la prostitution de leur propre violation physique, matérielle et symbolique. Il est ainsi impossible d’entrevoir celles-ci comme des citoyennes à part entière et d’entendre leurs réelles revendications. Dans cette communication, Maria Nengeh Mensah aborde ces deux perspectives féministes contradictoires. Il en ressort entres autres que la perspective féministe abolitionniste occulte l’expérience des femmes prostituées dans la mesure où celle-ci ne correspond pas au cadre analytique privilégié, tout en étant récupérée par les tenants du modèle prohibitionniste, c’est-à-dire par les systèmes juridiques et les forces policières dont l’objectif concerne la répression du travail du sexe dans ses formes les plus visibles. En deux temps, deux mouvements, on assiste au trafic non plus des personnes elles-mêmes, mais bien des perspectives féministes et force est de constater qu’au bout du compte, ce que l’on réussit à abolir n’est plus la prostitution en soi, mais bien l’espace citoyen de certaines femmes. Et si les femmes prostituées étaient citoyennes? Si elles étaient aussi féministes? Maria Nengeh Mensah rappelle qu'à titre de citoyennes féministes nous avons le devoir de travailler à créer un monde sans exploitation; où la sexualité et le travail des femmes ne sera plus assujettie aux tabous, aux contrôles, aux violences matérielles et symboliques des discours dominants, tant patriarcaux que féministes. Nous avons le devoir surtout de mener à terme les revendications réelles de toutes les femmes. Ainsi, tout comme les citoyennes féministes et travailleuses de l’industrie du sexe dont on cherche sans cesse à trafiquer la parole, nous avons : "le droit de dire 'non', le droit de dire 'oui' et le droit de dire 'je charge tant'".
Abolition ou trafic d'un espace citoyen?
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