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La privatisation de l’eau gagne du terrain

sebgc, Wednesday, September 4, 2002 - 10:14

Denise Proulx

Par Denise Proulx

Collaboration spéciale
Johannesburg, Afrique du Sud

L’action menée depuis dix ans par les multinationales de l’eau auprès des Nations Unies commence à rapporter. De plus en plus de pays en pénurie d’infrastructures d’aqueduc et d’égouts se tournent du côté des entreprises privées pour financer leurs travaux et leurs gestions.

A l’occasion du Sommet de la Terre, le Canada, les États-Unis et la France présentent chaque jour des ententes de partenariat entre des instances publiques et des entreprises privées et les associent directement à des solutions concrètes et efficaces pour l’humanité.

Il faut en effet se rappeler qu’il existe sur la planète 1,2 milliard de personnes sans accès à l’eau potable et 2,4 milliards de personnes qui renvoient leurs eaux usées directement dans la nature sans aucun traitement préalable. La majorité de ces gens vivent en Afrique et en Asie.

Partenariats contre objectifs concrets

L’eau est un des cinq grands thèmes du Sommet de la terre et est devenu un prétexte en or pour les délégués des États-Unis et de l’Union Européenne pour promouvoir les Partenariats de type 2.

Les Partenariats de type 2 est le nom que l’on donne à des actions volontaires impliquant des sommes d’argent en provenance des gouvernements, des entreprises privées, d’ONGs et autres représentants de la société civile.

Le président des États-Unis, George W. Bush, n’a jamais caché qu’il préfère les partenariats privés/publics à quelques objectifs datés et chiffrés qui impliqueraient que son gouvernement investisse davantage dans le Plan d’aide au développement, tel que demandé par les Nations Unies lors de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement. En effet, les partenariats annoncés en rafale cachent l’absence d’ententes entre les délégués sur les moyens mis en place pour atteindre ces objectifs concrets. C’est en quelque sorte un miroir aux illusions.

En appui à la position américaine, le ministre canadien de l’environnement, David Anderson disait le 28 août dernier que le Canada est favorable à une approche pragmatique et qu’il ne peut pas laisser passer les occasions d’affaires qui permettent aux pays pauvres de régler rapidement leurs problèmes d’eau. Il a ajouté que le Canada versera 10M$ en quatre ans pour le fonctionnement du Fonds des nations Unies pour l’environnement mais il n’a jamais précisé si cette somme irait à atteindre les objectifs fixés pour l’eau.

Au Water Dome, un Sommet parallèle portant sur l’eau, la France organise de nombreuses conférences pour démontrer la pertinence de ces partenariats avec le privé.

Les propositions d’action présentées par les comités de travail des Nations Unies vont dans le même sens.

Il faut savoir que les transnationales Vivendi Environnement et Suez spécialisées dans la gestion de l’eau de plusieurs mégapoles de la planète sont françaises.

Non à la marchandisation de l’eau

Ici à Johannesburg, les opposants regroupés autour de la Coalition pour le Manifeste mondial de l’eau et son leader Riccardo Petrella sont totalement écrasés par la promotion massive en faveur des partenariats publics/ privés. Mais ils reçoivent beaucoup d’appuis.

Il est intéressant d’observer c’est que dans les ateliers ou les panélistes ventent les mérites des partenariats publics/privés, que les opposants à la privatisation de l’eau sont les plus actifs. Des citoyens en provenance de tous les pays du monde viennent raconter comment dans leurs communautés, la présence du secteur privé a causé de graves problèmes sociaux . Le prix de leur eau est constamment à la hausse.

Ils sont très suspicieux quant à la création de comités locaux dans les communautés ou des entreprises privées viennent résoudre leurs problèmes d’eau. " Il faut parler de partenariat d’inégalités. Le secteur privé possède le savoir-faire, les fonds pour le mettre en valeur, des professionnels compétents. Nos communautés locales sont peu instruites, n’ont pas l’argent pour faire des contre-expertises. Nous sommes pris au piège de la logique du marché de ces compagnies qui conservent l’objectif de rentabiliser leurs investissements " a déploré un Bolivien.



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