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Haiti : mouvements sociaux caraibeens et conjoncture regionale

Anonyme, Saturday, August 17, 2002 - 22:02

AlterPresse

conjoncture caraibe

Port-au-Prince., 16 août. 02 [AlterPresse] --- La Caraïbe présente une situation
de grande convulsion et les défis sont de taille pour les mouvements
sociaux de la région. C'est ce qui ressort de la première journée de la
réunion préparatoire de la 3ème Assemblée des Peuples de la Caraïbe, qui
se déroule à Port-au-Prince.

Cette réunion s'est ouverte le 16 août avec la participation d'une
trentaine de des syndicalistes, responsables d'organisations politques,
organisations de masses et institutions non gouvernementales de la
Caraibe, a constate AlterPresse. Deux délégués dominicains, deux
Trinidadiens, un Martiniquais et un Barbadien accompagnent le Comité
Exécutif haïtien composé de 13 organisations de divers secteurs sociaux.

L'un des points forts de la première journée des travaux a été l'analyse
de la conjoncture régionale. Le Dominicain Yvan Rodriguez, un des
initiateurs de l'APC en 1994, a parlé d'une situation très mouvementée
et corsée dans la Caraïbe insulaire et continentale. Dans de nombreux
cas, selon lui, ces luttes mettent face à face les acteurs du camp
démocratique populaire et les tenants de pouvoir autoritaires et
impérialistes.

A titre d'exemple, Yvan Rodriguez a fait mention de la situation à Cuba
ou, a-t-il dit, se livre " une des plus grandes batailles
anti-impérialistes". Il a souligné "la mobilisation du peuple
portoricain pour libérer Viequez", île qui sert de base a l'armée
américaine. Au niveau de la Caraïbe continentale, se détache "la
situation du mouvement de libération en Colombie que tente d'étouffer
l'impérialisme", a dit Yvan Rodriguez. Il a également évoqué les
soubresauts du Venezuela, où il y a eu récemment une tentative de coup
d'état contre le président Hugo Chavez.

Les délégués se sont spécifiquement penchés sur les cas de la République
Dominicaine, de Trinidad, de la Barbade, de la Martinique et d'Haïti. A
plusieurs reprises, ils ont mis en cause les politiques néolibérales
conduites par les dirigeants de la région, sous la houlette des
États-Unis et des Institutions Financières Internationales. Ce qui a
conduit à l'effondrement de l'économie, la dégradation sociale et
l'érosion de la politique.

Les délégués dominicains ont par exemple fait remarquer que "le
patrimoine national passe de plus en plus aux mains du secteur privé", y
compris des "ressources stratégiques" comme l'électricité. Durant les 2
premières années du mandat du président Hypolito Mejia, la dette
extérieure du pays a doublé, passant de 3 milliards 600 millions de
Dollars à plus de 6 milliards de Dollars. Une dette qui, dans une
ambiance de grande corruption, finance en grande partie les dépenses
courantes, estimées à 80% du budget.

Trinidad, qui bénéficie de l'exploitation de ses ressources minières,
connaît une situation "apparemment florissante", a affirmé le
syndicaliste trinadien David Abdhula. La production pétrolière va
doubler dans les 3 ans à venir passant à 200.000 barils par jour. Mais,
a noté David Abdhula, "cette santé macro-économique ne se reflète pas au
niveau social", alors qu'une crise politique dure depuis 2 ans. Des
poches de misère sont de plus en plus visibles, la culture de la drogue
et de la violence s'épanouit, l'insécurité et la corruption augmentent,
a renchérit la féministe trinidadienne, Jacky Burges.

A la Barbade, "le gouvernement prétend développer une industrie de
service en nous offrant des cours pour apprendre à dire bonjour aux
touristes", a ironisé le syndicaliste barbadien Robert Clarke. Entre
temps, en 20 ans, 24 des 25 usines textiles du pays se sont envolées.
Dans l'espace des 6 dernières années la production sucrière est tombée
de 260 mille tonnes à 48 mille tonnes. La pauvreté et la corruption
gagnent du terrain. Face à ces problèmes, au pouvoir comme dans
l'opposition, les dirigeants politiques ne montrent aucune capacité de
réponse, a déclaré Robert Clarke.

Les pouvoirs français, de droite comme de gauche, n'ont rien changé non
plus en Martinique, a relevé le dirigeant communiste indépendantiste,
Jean Pierre Etylé. Dans ce territoire sous domination française, la
participation aux élections a chuté de 70%. "On nous fait voter pour
l'Europe et les institutions françaises, mais pas pour décider de
l'avenir de la Martinique", a lancé Jean Pierre Etylé, qui met en avant
l'idée d'un referendum sur le statut de la Martinique.

Il existe beaucoup de similarités entre la situation générale de la
Caraïbe et ce qui se passe en Haïti, a souligné le militant
anti-néoliberal haïtien Camille Chalmers : crise structurelle de
l'économie dans le cadre de l'application des politiques néolibérales,
crise politique et dégradation du tissu social. En Haïti, a dit Camille
Chalmers, " malgré l'impulsion donnée en 1986, l'État oligarchique
persiste avec de nouvelles formes d'institutionnalisation de l'impunité,
de nouvelles formes de militarisation, de corruption, etc"

Face à cette situation générale, les mouvements sociaux caribéens
doivent surmonter d'énormes défis, a affirmé le dirigeant populaire
dominicain Victor Geronimo. Il est aujourd'hui nécessaire d'établir des
références théoriques communes entre les acteurs du mouvement
démocratique et populaire, a-t-il martelé. Pour lui, l'une des
principales obligations de l'heure, est la recherche de solutions aux
problèmes de structuration et de dispersion dans les actions entreprises
par les mouvements sociaux. Geronimo a invité l'assistance à accordé la
priorité aux jeunes, à promouvoir l'éducation et la formation, à
rechercher l'unité et à observer la discipline. [gp apr 16/08/02 23:30]

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