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Squattage papalSylvestre, Sunday, July 14, 2002 - 22:21
Evelyne Bertrand
En réaction à un article publié par Le Nouvelliste, le 9 juillet 2002. Lorsque l'Église s'empare d'une cause sociale comme celle des squatteurs, ce n'est jamais pour la raison qu'on croit. Le squat papal, ou comment l'Église s'empare d'un instrument de démocratisation pour en faire un symbole de misérabilisme. Occuper un immeuble abandonné ou habiter un favelas, où est la différence? N'y a t-il pas plus de dignité à habiter un favelas des pays riches qu'à occuper un favelas des pays pauvres? La question à la mode sera : je m'en vais occuper un immeuble abandonné et insalubre, comme un rat, ou bien je m'en vais me promener en Amérique du sud pour savoir comment se vit la vie de famille dans un favelas. Alors je pourrais vraiment dire de retour au Québec, si cette "technologie" est importable et adaptable aux mœurs plutôt épicuriennes des Québécois et des Français. Ici, par exemple, les logements sont chers et la solution idéale semble consister, pour certaines personnes, en un décrochage total de toute obligation. La liberté quoi ! Pour un jeune ou un adulte en mal de valorisation, écoeuré de la violence ambiante dans la société ou des factures, le décrochage par le squattage paraît vite la panacée à tout ce qui lui déplaît dans la société. Après l'Amérique du sud, voilà l'Amérique du Nord qui se dessèche. Ca doit être ça l'effet du réchauffement de la planète. La paupérisation qui gagne du terrain, et devient plus intéressante qu'un train de vie décent. Une mode de riches, la pauvreté, voilà ce que c'est! C'est amusant et c'est à la mode! Aujourd'hui, j'apprend que c'est l'Église qui squatte à la place du pauvre monde! L'Église défend les droits des pauvres! Quand la misère commence à étendre sa chape de suie sur les villes qui deviennent noires de misères, comme les travailleurs des mines de charbons, l'Église arrive en renfort des pauvres et plante sa croix dans le terrain de la confusion crée par l'anxiété montante. La bonne œuvre qu'est l'acte de charité arrive juste à point pour convaincre tous ces gens apeurés que la fin du monde ne surviendra pas dans ce monde où vous n'êtes jamais sûr de votre bonne fortune, grâce à l'Église. Pourquoi empêcherais t-on la misère lorsqu'on sait que la misère affaiblis les jugements, et fait des meilleures têtes des êtres pervers et hypocrites et des moins bonnes des esclaves? Pourquoi empêcherais t-on la misère lorsqu'on sait que tous ces égaux se traînent dans la même fange, le plus grand et le plus petit? Surtout que ces égaux se plaisent à "coloniser" des endroits où seuls ils se sentiront libres de toute obligations, pour "repartir à zéro"? On crée la misère en renforçant les structures de société qui permettent l'exploitation d'autrui, pour que vive le mythe de la misère, de la chute, de la rédemption et du paradis. Les bonnes œuvres elles, dans un tel climat d'indigence, couvriront d'encens les hypocrisies des vendeurs d'espoir et de bois sec… Entreprises, maffia et conglomérats divers se retrouvent aux bonnes œuvres, comme à l'Église, soucieuses de "respectabilité". Les bonnes œuvres, en plus, s'entretiennent toutes seules et sans frais: elles attirent ces dépressifs, victimes parmi tant d'autres de la laideur de la misère, qui au lieu de prendre des antidépresseurs, vont sauver les pauvres de leur misère pour échapper à leur peine. Ont attire ainsi bon an mal an chez Jésus-Ouvrier ou au club Rotary une certaine fraction de la population, fragilisée par le négativisme ambiant, et la misère. Grâce à l'intervention de l'Église, le squattage, qui était le médium qui permettait aux exploités l'accès à de meilleures conditions de vie par la révolte implicite qu'elle supposait, devient un autre symbole de misère, récupérée au profit de l'Église, ce cancer socio-économique.
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