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La révolution dansanteAnonyme, Wednesday, June 26, 2002 - 10:07
cuni28
Pour des orgasmes révolutionnaires ! Pour des "anarchies resplendissantes" ! La révolution dansante Toutes les manifestations de nos organisations politiques se coulent dans le monde mortifère du travail, du logement, de la contestation négative, des beaux discours... Nous n'avons pas encore appris l'extatique des chairs révolutionnaires. Nos corps sont encadrés dans la marche manifestante, dans la géométrie fixe des lieux, dans la petitesse d'un monde complètement rationalisé. Nous sommes en déficit profond de vitalité. Nous baisons en privé, nous discourons en public. Nous sommes saoûlEs dans nos salons ou dans les endroits où nous nous y attendons, mais nous sommes tristement calmes dans les rues. Les fêtes de l'existence ne se généralisent pas. Nous sommes d'un sérieux triste en public, nous explosons parfois de joie en privé. Nous reproduisons la dichotomie profondément libérale entre le privé et le public. Si les années 60 et le début des années 70 ont été des années fastes en orgies sociales, nos années sont profondément conservatrices dans leurs moeurs. Si la violence créatrice des années 60 et du début des années 70 était folle, trippante, extatique, nos années sont tranquilles. Nous sommes mortEs de tranquilité. "Le monde est à pleurer", comme le disait Jean Leloup. Nous contestons toujours mais dans la même platitude. Il y a des appels à la révolution, mais les mouvements révolutionnaires généralisés sont silencieux, voire invisibles. Ça ne chante pas la révolution dans les rues, ça ne se caresse pas les chairs dans les lieux publics, ça ne bloque pas les voies de circulation pour y animer des fêtes qui n'en finiraient plus. Nous nous interdisons les débauches d'alcool, de drogues et de sexe au milieu de la foule. Nous nous comportons vraiment comme un troupeau marchant tout droit, comme des armées d'écerveléEs et surtout de squelettes tenant encore debout (mais à peine). Nous sommes bien organiséEs ou nous nous organisons bien. Nous tuons nos désirs et nos imaginaires vivants. Nous nous tuons. Notre monde est suicidaire et les surplus de suicides réels n'en sont que la preuve tangible. Notre univers est étroitement délimité dans son spleen. Nous pourrissons. Quand il y a des débordements dans les rues, ceux-ci ne sont que des parties du spectacle des manifestations et ils meurent aussitôt allumés. Il n'y a pas de permanence révolutionnaire. Nous avons beau faire de bien beaux discours radicaux, car ceux-ci n'engagent à rien de concret et d'immédiat. Nous parlons, nous parlons (et ici je ne fais moi-même que parler, mais cette parole est une invitation). Cessons de parler un instant ! Explosons ! Cassons les spectacles attendus (institutionnels ou non). Incarnons l'art dans la vie. Soyons festifs, créatifs, jouissifs, etc. Perdons la tête, laissons-nous secouer par nos spasmes énergétiques. Dansons, baisons, buvons, mais faisons-le partout. Soyons la révolution elle-même. Libérons nos affirmations censurées. Brisons la continuité du pouvoir social. Étranglons le capitalisme. Faisons tomber le machisme. Passons le rouleau compresseur sur nos identités exclusives sauvagement conservées. Faisons brûler l'armature de nos raisons. Brûlons nos âges. Arrêtons les horloges. Détruisons nos murs. Faisons en sorte que notre univers explose en de très joyeuses affirmations dansantes. Festoyons comme des orgiaques. Célébrons notre entrée en scène comme surhumanité. Pour des orgasmes révolutionnaires ! Pour des "anarchies resplendissantes" ! Poème de l'anarchie Gloire aux vies putaines ! Des orgasmes de liberté Des extases de chairs Des amitiés délirantes Des aventures poétiques Des vies débridées Des imaginaires effervescents Des éclats de soleil humains Des voyages de constellations lumineuses issues de l'affirmation des corps/esprits De la vie toute habitée de délices charnelles Des communautés trippantes dans une partouze d'enlacements Du communisme de demi-dieux et de demies-déeesses humains/humaines de l'aristocratie égalitaire des démesures De la volupté furieuse dans tous les espaces criants de nos existences L'explosion totalement destructrice de nos derniers instants déréglés : canalisation des sens épanouis dans le festin suprême : affirmation finale des énergies vitales brutes : demeures permanentes sans limites de nos désirs baisants : bombes tonitruantes dans nos ossements qui font éclater nos danses de larves cochonnes Nous taillons des pipes à l'univers et nous explosons de sensations divinement vicieuses |
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