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Pierre Gélinas et Sylvie Demers, candidats à la direction de l'Union des forces progressistes (UFP)

Anonyme, Tuesday, June 11, 2002 - 23:27

Lors du congrès de fondation d'un nouveau parti politique de gauche, l'Union des forces progressistes, qui aura lieu les 15 et 16 juin prochains, un exécutif national sera élu. Pierre Gélinas et Sylvie Demers, deux militants d'une association de circonscription de Montréal, se présentent à la direction futur parti.

Conférence de presse
10 juin 2002
Pour publication immédiate

Il n’est nul besoin d’être un grand économiste ou un grand politologue pour savoir que nous vivons, actuellement, une ère de globalisation des marchés : ZLÉA par ci, ALÉNA par là et tutti quanti de cet acabit. Ça, c’est ce que les politiciens et les journaux nous disent. Mais cela ne rend pas compte de la froide et cruelle réalité : ce que nous vivons dans les faits, ce que l’on nous impose, c’est une mondialisation de la pauvreté !

Nous n’avons qu’à regarder ce qui se passe au Québec, qui se situe parmi les nations riches de ce monde, pour s’en rendre compte.

 En février 2002, il y avait, officiellement, 561 468 prestataires de la sécurité du revenu au Québec, ce qui représente 7,8 % de la population totale du Québec. Une personne sur 13, enfants compris, dépend de la sécurité du revenu !

 En avril 2002, le nombre de chômeurs au Québec représentait 9,2 % de la population active. Près de une personne réputée active sur 10, au Québec, dépend de l’assurance - chômage !

 Si, à ces deux statistiques officielles, on ajoute les enfants des personnes qui dépendent de l’assurance - chômage, les personnes qui sont «sans chèque», les retraités qui ont recours au supplément du revenu, les gens qui occupent des emplois précaires, au salaire minimum, etc., on peut, sans trop de risque de se tromper, affirmer que le Québec est un pays riche mais que ses citoyennes et citoyens ne le sont pas !

 Une dernière statistique qui prouverait ce que l’on vient de dire : en 1996, près de 44 % (43,8 %) des ménages, propriétaires et locataires confondus, consacrent 30 % ou plus de leurs revenus aux coûts d’habitation. La situation des locataires est plus tragique : plus de 93 % (93,1 %) d’entre eux consacrent 30 % ou plus de leurs revenus aux coûts d’habitation.

Sur le plan politique, on observe depuis de nombreuses années, un peu partout dans le monde, un changement du rôle de l’État. D’organe de médiation politique, il est devenu organe d’administration et de gestion directe de l’économie. Autrement dit, au lieu d’avoir des députés qui représentent et qui défendent les intérêts de la population, on se retrouve avec des gérants de succursales qui nous administrent en fonction des intérêts des multinationales et des grands trusts. Comme des p’tits boss de bécosse ! Pour en arriver à cette situation, les riches de ce monde ont discrédité le débat politique et les politiciens ont pris l’image de vieillerie dérisoires. Selon les porte-parole des big boss, les problèmes réels du monde ne relèvent plus d’options politiques, mais de solutions économiques et techniques auxquelles la politique doit être subordonnée. Il n’y a plus de débat politique, nous n’avons qu’à nous plier et subir leurs impératifs. C’est ainsi que l’on dépolitise la politique et que les citoyennes et les citoyens deviennent de plus en plus désabusés et se désintéressent. Ils n’ont plus de lieu de débats ! Et pourtant, s’il est une leçon que nous devrions collectivement retenir des dernières élections présidentielles françaises, c’est bien que «si on ne s’occupe pas de la politique, la politique s’occupera de nous» !

Au Québec, avant les années 1980, disons grosso modo de 1960 à 1980, ce que l’on appelait à l’époque «le monde ordinaire» avait un niveau de politisation, de mobilisation et de solidarité assez élevé. Les enjeux politiques étaient assez clairs : d’un côté, il y avait le «monde ordinaire» qui revendiquait de meilleures conditions de vie, de travail, de santé, d’instruction, etc., et de l’autre, il y avait le gouvernement et les patrons qui lâchaient des miettes de temps en temps afin que la marmite sociale n’explose pas vraiment. C’est ainsi que la population a obtenu des outils et des leviers économiques et sociaux lui permettant une certaine émancipation sociale, culturelle, économique et politique. Des exemples : la nationalisation de l’électricité, la mise sur pied de la Caisse de dépôt et de placement et du Ministère de l’éducation, l’assurance-maladie, l’aide juridique, la Loi 101, le zonage agricole, la réforme de la Loi électorale… Ces gains, qui faisaient du Québec l’un des états les plus avancés au monde, nous les avons considérés comme des acquis. Quelle erreur…

Puis sont arrivées les années 1980. Le «reaganisme» et le «thatcherisme» ont idéologiquement dominé cette période, promouvant et profitant d’une vague de fond sociale d’individualisme et de profond conservatisme.

Au Canada, nous avons hérité de Brian Mulroney. Ce dernier a imposé la façon de voir des porte-parole des banques canadiennes : le déficit zéro ! Le principe est simple : le gouvernement s’endette à chaque année et il faut mettre un frein à ces déficits récurrents afin d’au moins stabiliser la dette du Canada. Jusqu’ici, ça peut aller : tout le monde, de quelqu’option politique que ce soit, peut être d’accord avec l’arrêt de l’endettement. En seulement, en seulement… Arrêt des déficits veut dire coupures dans les services gouvernementaux. Et c’est là que la question se pose : qui va écoper ? les plus nantis de la société ? les plus démunis ? ou chaque groupe social en fonction de sa capacité de payer ?

Le gouvernement Mulroney, et tous les gouvernements fédéraux qui ont suivi, ainsi que tous les gouvernements québécois, ont profité du fait que la société civile devenait de plus en plus individualiste et désolidarisée pour sabrer sauvagement dans les budgets sociaux. Autrement dit, ce sont les plus démunis qui ont fait les frais de ce déficit zéro ! Les coupes draconiennes dans les programmes sociaux, dans l’instruction publique, dans la santé, dans les logements sociaux, dans le transport public… ont marginalisé et appauvri encore plus les non-nantis de la société.

 En 1988, un prestataire de l’aide sociale seul recevait 487 $ par mois. En 2002, ce même prestataire reçoit 537 $ par mois. En quatorze ans, l’augmentation de l’aide sociale a été de 10,2 %. Pendant la même période, le taux d’inflation s’est situé à 37,3 %. Ce prestataire s’est donc considérablement appauvri…
 D’un autre côté, en 1997, les six grandes banques canadiennes ont fait 7,5 milliards de dollars de profits… pas de chiffre d’affaires, pas de revenus bruts… 7,5 milliards de profits !

Nos gouvernements sont des Robin des bois à l’envers : ils prennent aux pauvres pour donner aux riches !

Revenons à la politique québécoise. Depuis plus de 30 ans, le Parti libéral du Québec et le Parti québécois s’échangent le pouvoir à coup de deux mandats consécutifs chacun. Et leurs discours sont prévisibles et interchangeables : quand ça va mal, c’est à cause de l’économie et quand ça va bien, c’est grâce à eux ; à l’opposition, ils dénoncent le gouvernement systématiquement sachant très bien qu’ils feront la même chose lorsqu’ils seront au pouvoir… au plus tard, dans deux mandats !

Et ça, les gens le savent ! Ils le savent que ces partis politiques ne sont que des nuances administratives les uns des autres. Ne disent-ils pas souvent, parlant politique : «Plus ça change, plus c’est pareil !» ? Et ils le savent tellement qu’ils cherchent une voie de sortie : il n’y a pas d’autres explications à la montée récente quelque peu artificielle de l’ADQ. Ce parti d’un seul homme n’est qu’un ramassis de vieilles idées de droite présentées par un visage plus jeune.

Le PQ, le PLQ et l’ADQ ne sont que trois petites nuances d’une même politique générale : un parti pris politique, économique et social envers les riches, les puissants, les trusts, les multinationales… ! Et ce ne sont pas des tentatives de sauvetage de dernière minute, comme le projet de loi-cadre contre la pauvreté du PQ ; ce ne sont pas des opérations cosmétiques et de séduction à la PLQ ; ce ne sont pas les essais de camouflage de leur programme de l’ADQ ;… ce ne sont pas ces opérations qui changeront quoi que ce soit au fait réel et librement consenti que ces partis politiques au pouvoir ne seront que des gérants de succursale des grands possédants de ce monde.

Face à cette réalité, que pouvons-nous faire ?

Il faut que la population en général, et les gens de gauche en particulier, se ré - approprient le champ politique et l’occupent. Il faut que les progressistes du Québec se dotent d’un véritable parti politique de gauche, large et ouvert, démocratique et crédible ! C’est une chose de le dire et c’en est une autre de le faire…

Depuis quelques années déjà, un certain mouvement s’est dessiné dans ce sens. La Marche mondiale des femmes, les manifestations anti – ZLÉA de Québec et la campagne électorale de Mercier en 2001 ont agi comme des accélérants.

Aujourd’hui, nous sommes à l’aube du congrès de fondation de l’Union des forces progressistes, parti politique de gauche. Il y a des lustres que les progressistes du Québec rêvent de disposer d’un tel véhicule politique.

Moi-même et Madame Sylvie Demers présenterons nos candidatures aux postes de président et de vice-présidente de ce nouveau parti politique : l’Union des forces progressistes. Outre le fait que, chacun de notre côté, nous soyons qualifiés et que nous ayons de l’expérience, nous briguerons ces postes principalement pour les raisons suivantes :

 nous désirons continuer à œuvrer à la construction d’une société juste, équitable et démocratique avec et pour les Québécoises et les Québécois ;
 depuis de nombreux mois déjà que nous mettons la main à la pâte pour la mise sur pied de ce parti politique de gauche, large et ouvert, que les Québécoises et les Québécois méritent ;

 enfin, puisqu’un parti politique de gauche ne peut exister et être attrayant que s’il est lui-même réellement démocratique et que s’il vise la participation la plus large, nous proposons rien de moins qu’une révolution dans la gauche : que l’UFP devienne un parti politique de gauche large (et non une chapelle), ouvert (et non-sectaire) et démocratique (dont le pouvoir est entre les mains de ses membres et non de ses élites).

En ce sens, nous faisons un appel pressant à toutes et tous les militants, gens de gauche, progressistes, féministes, écologistes et autres de venir au congrès de fondation de l’UFP afin de nous permettre de sortir la gauche de ses ornières toutes tracées, de ses sentiers battus et de sa marginalité. Le congrès aura lieu les samedi et dimanche 15 et 16 juin prochains au 1205 rue de la Visitation à Montréal. Tous les individus qui s’inscriront auront le droit de vote. Ne laissons pas passer cette occasion unique de changer pour de vrai le visage politique du Québec !

Pierre Gélinas, vice-président de l’UFP de la circonscription de Gouin, à Montréal.
Il a écrit ce texte à titre personnel.

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