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Réflexion sur la marche au flambeau: Le cracha qui nous retombe sur la tête

Anonyme, Monday, April 29, 2002 - 10:32

Dan

À quand un mouvement non-violent? La tournure des événements du 26 avril est une conséquence directe de la violence dans les manifestations.

Comme nous le savons tous, vendredi dernier, soit le 26 avril 2002, le Service de police de la ville de Montréal a brusquement mit fin à une manifestation anti-G8 avant même qu’elle ne débute. Sous la bannière de la prévention, une bonne centaine de policiers dans leurs armures intergalactiques ont encerclé le parc Dominion et bloqué toutes les issues possibles (ou presque…) sans le moindre avertissement. Ils ont empêché violemment les manifestants de fuir (le classique mais non moins délicieux coup de matraque à la sauce Cayenne) puis les ont fouillés et fait monté dans des autobus, gracieuseté de la STCUM. Certains se sont simplement fait déporté dans une lointaine station de métro, question de disperser, d’autres, environ 150 personnes, se sont vu décerner un croustillant constat d’infraction de 138$ pour attroupement illégal et une vingtaine d’autres ont été arrêtés pour diverses raisons (voie de faits sur des policiers, agression armée sur des policiers, entrave au « noble » travail de la police, méfait sur des véhicule de police, toutes des infractions qui n’auraient pas eu lieu sans la présence des policiers). Ce qui est grave dans toute cette aventure, c’est qu’une fois de plus, nous voyons nos droits régresser, piétinés par ceux censé les protéger. Des policiers refusant de donner leurs noms et leur matricule, arrestations arbitraire, fouilles intensives, interrogatoires non-fondés et enfreignant la loi sur l’accès à l’information, dénigrement du droit au rassemblement et attaque directe à la libre expression, intimidation, abus de pouvoir, usage abusif de la force; bref, ce fut une soirée bien remplie pour nos agents de la paix…

André Durocher, le lutin porte parole du SPVM, a justifié, samedi, l’intervention policière de la veille en mentionnant que plusieurs manifestants et certains groupes présents étaient connus des policiers pour leur passé violent dans les manifestations anti-mondialisations. En d’autres mots, l’opération policière ne s’est déroulée qu’à cause de la mauvaise réputation des manifestants. Je respecte énormément les travaux de recherche, d’éducation populaire, d’organisation et de mobilisation effectué par des groupes comme la CLAC ou la GOMM mais, malheureusement leur principe de respect de la diversité des tactiques est un boulet qui commence à être bien difficile à traîner pour le mouvement. Ce principe encourage la création de divers moyens de pressions lors des manifestations, y compris les actions directes violentes. En acceptant dans ses rangs des individus croyant qu’il existe un usage positif de la violence, ces groupes, principaux organisateurs des événements anti-mondialisations à Montréal, sont associer à une image plutôt négative.

Premièrement, cette étiquette sali l’image du manifestant (même le pacifiste) et du mouvement, ce qui est bien dommage parce que la sensibilisation et l’éducation populaire étant une des raisons d’être principale de nos actions, il est important d’avoir un public qui soit réceptif et ouverts à nos messages . Deuxièmement, le Sommet des Amériques nous a bien démontré que de s’opposer à la mondialisation des marchés est l’affaire de gens de tous les milieux et de toutes les générations. En tolérant la violence et la destruction pendant les manifestations, vous créez un environnement ni invitant ni accueillant pour les personnes désireuses de participer non-violemment aux manifestations. Je crois que nous perdons énormément de joueurs par ce qu’ils ne veulent tout simplement pas être identifiés à ce genre d’actions ou encore parce qu’elles craignent pour leur sécurité lors des manifs. Troisièmement, vous encourager la police à intervenir violemment ou, du moins, vous leur permettez de justifier le genre d’intervention que l’on a connu vendredi. Et quatrièmement, si vous croyez arriver à combattre la violence de l’idéologie néo-libérale par la violence, j’ai bien peur qu’au contraire vous ne l’alimentiez. La fin découlera des moyens.

Il existe une alternative à l’action directe violente… HÉ OUI! L’action directe non-violente. Non seulement la non-violence radicale est le meilleur moyen de s’attaquer à la violence, moyen utilisé pour maintenir en place des systèmes protégeant les privilèges et les pouvoirs d’une minorité, mais elle fait appel à une créativité beaucoup moins primitive et tellement plus originale (casser une vitrine de McDonald’s versus la création d’une pièce de théâtre de rue, par exemple). En encourageant la création plutôt que la destruction, les manifestations pacifiques se déroulent dans une atmosphère de carnaval plutôt que dans une atmosphère de confrontation ce qui les rendent beaucoup plus invitantes. Comme la plate-forme de l’Opération salAMI le mentionne, «en l’absence de contre violence du mouvement, la violence du système est mise en évidence de façon claire et incontournable».

Je considère que le mouvement anti-mondialisation est fortement dû pour un examen de conscience et une révision de ses principes. L’éducation populaire et la sensibilisation du public, la proposition d’alternatives, les boycotts et la désobéissance civile sont tous des moyens efficace et non violents de faire avancer la révolution. Nous n’avons pas besoin de la violence et devons cesser la promotion de ce moyen d’action.



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