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Prévention à coups de matraque

Anonyme, Saturday, April 27, 2002 - 09:39

Nous autres

Défoulement après la manifestation contre le G-8 de vendredi.

Vendredi le 26 avril 2002, est un jour noir pour les droits et libertés dans notre pays. Nous sommes trois ami-e-s qui, en retraçant notre journée, constatons notre incompréhension et notre désillusion.

Cet après-midi, nous sommes allés manifester notre mécontentement face à une institution que nous trouvons illégitime, chauvine et méprisante: le G-8. Entre 16h00 et 17h50, au Parc Dominiom, nous et quelques cinq cent autres personnes avons écoutés des discours, échangés nos points de vue, déployés nos banderoles et bravé le froid de cette journée de printemps. À 17h50, une centaine de policiers se sont déployés autour du parc sans aucun préavis. Ils ont encerclé l’assemblée dans l’intention d’arrêter les personnes qui s’y trouvaient. Toute personne qui tentait de quitter la manifestation était brutalement refoulée vers celle-ci. C’est par un heureux hasard, et un restaurant bien placé, que nous avons pu nous sauver des matraques et du poivre de cayenne.

L’étau policier s’est refermé sur le groupe qui, rappellons-le, ne faisait que discuter paisiblement. La grande majorité des participant-e-s furent arrêté-e-s. À l’heure actuelle, nous ne savons pas combien d’arrestations ont été faites.

Les forces policières tenteront de justifier leur acte en accusant des «casseurs», des «manifestants violents», des «dangers publics», etc. Devons-nous accepter sans broncher que l’on restreigne notre droit aux libertés d’expression, d’opinion et de réunion pour de simples suppositions ? Nous voulons insister sur le fait suivant: nous avons vu la police charger une foule calme, qui ne bloquait même pas la rue et qui n’avait manifesté aucune intention violente.

Avec les événements d’aujourd’hui, ceux du Sommet des Amériques, du 15 mars dernier, et tant d’autres, assistons-nous à une série d’arrestations politiques? Nous croyons que oui. Les arrestations comme celles d’aujourd’hui vont sûrement démotiver de nombreuses personnes à se manifester contre les politiques de nos gouvernements. Qui aura encore envie d’exprimer leur opinion dans la rue lorsque les policiers ne respectent plus le droit à l’assemblée publique. Nous croyons que cette répression, sous prétexte de mater les casseurs, a pour but de déstabiliser l’opposition et d’effrayer les citoyen-ne-s. Nous avons l'impression que plus personne n’a le droit de remettre en question les institutions non-élues qui gouvernent notre monde: FMI, Banque mondiale, OMC, OCDE, ALÉNA, etc.

Combien de temps laisserons-nous la situation empirer? Nous sommes sceptiques quant à la couverture que les médias accorderont à ces événements. Aucun média ne s’intéresse habituellement aux violations des droits et libertés commises dans les rues de Montréal. Nous n’avons pas à nous comparer à la situation d’autres pays, car les droits humains ne sont pas quantifiables; chaque fois qu’ils sont bafoués, la presse devrait dénoncer ces abus et suivre attentivement ce dossier. Va-t-elle le faire cette fois-ci?
Cette sombre journée vient une fois de plus conforter notre désillusion: celle que nous vivons dans un pays «prospère», «libre» et «démocratique».



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