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France: Oscars de la misère politiqueAnonyme, Wednesday, April 24, 2002 - 07:16 (Analyses)
Bertrand Louart
En ce qui me concerne, je suis abstentionniste. Le petit chantage aux sentiment contre l'extrême droite (si elle n'existait pas, Mitterand l'aurait inventée, souvenez-vous) ne m'émeut absolument pas. La politique est ailleurs que dans les élections présidentielles. Le saviez-vous? Bertrand Louart En ce qui me concerne, je suis abstentionniste. Le petit chantage aux sentiment contre l'extrême droite (si elle n'existait pas, Mitterand l'aurait inventée, souvenez-vous) ne m'émeut absolument pas. La politique est ailleurs que dans les élections présidentielles. Le saviez-vous? Bonjour, Bien reçu votre message ci-dessous. En ce qui me concerne, je suis abstentionniste. Je n'ai voté qu'une fois dans ma vie, pour Mitterand-le-fourbe en 1988 (vous savez, l'arriviste qui s'est fait passer pour de gauche). Ensuite, j'ai compris ce que c'est que la politicannaillerie. Votre petit chantage aux sentiment contre l'extrême droite (si elle n'existait pas, Mitterand l'aurait inventée, souvenez-vous) ne m'émeut absolument pas. Le Pen, contrairement aux autres candidats des "grands partis" a un électorat stable et fidèle qui représente grosso-modo 20% des suffrages; c'est regrettable, certainement, mais c'est comme ça. Même si l'ensemble de la gauche appelait à l'abstention, Chirac serait donc de toute façon réélu par l'électorat de droite. Arrêtez donc de vous faire peur avec le spectre du fascisme (dans le genre "vas-y fait moi mal, Jean-Marie!"), et posez-vous plutôt des questions sur la décomposition de la gauche, son incapacité à faire autre chose - en catimini qui plus est - que ce que la droite à toujours fait ouvertement, à savoir vendre le pays et ses habitants au capitalisme et aux grands groupes industriels (ce que l'on appelle la modernisation). Je n'ai absolument pas mauvaise conscience à être abstentionniste. La situation actuelle me fait profondément marrer: tous les connards de gauche à la bonne conscience démocratique et plurielle qui, pour ne pas avoir obéit à leur chef ("on choisit le président dès le premier tour", dixit Jospin) se retrouvent à devoir voter, avec encore plus mauvaise conscience, Chirac... C'est ce qui s'appelle se faire mettre le nez dans sa merde! Heureusement que Le Pen est là pour leur servir de bouc émissaire à tous ces pauvres gens, à tous ces pauvres spectateurs qui défilent dans les rues pour conspuer la "bête immonde"... qui n'est en fait que leur propre inconscience et leur renoncement à vouloir regarder en face et comprendre le monde dans lequel ils vivent... Pauvres gens qui ont besoin d'un ennemi aussi dérisoire, aussi caricatural... (cf. 1984 de G. Orwell). Chirac, qui a nucléarisé la France, détruit l'agriculture, détruit Paris, et j'en passe... Jospin, qui a privatisé à tour de bras, qui a autorisé les OGM, etc... qui se voulait le gestionnaire responsable et qui n'était en fait qu'un technocrate comme les autres, pire peut-être si on lui avait laissé carte blanche... A la niche! Et le PCF rétamé! Enfin une belle satisfaction, les staliniens en faillite, aux poubelles de l'histoire! Il était temps. Vous me direz, une ordure chasse l'autre et nous sommes bien avancés. Je réponds, en effet une ordure chasse l'autre, des formations prétendument "de gauche" mais qui en fait ne font que gérer le capitalisme, qui au mieux veulent lui donner un "visage humain", un vernis "social", aménager la misère qu'il représente dans sa totalité, eh bien, leur masque tombe. L'illusion et le mensonge ne font plus recette, c'est un progrès. Il va falloir maintenant affronter la dure réalité de la société industrielle sans belles phrases enjoleuses, sans couleuvres ni vaseline. Ce n'est ni drôle ni agréable, je ne prétend pas le contraire. Mais il n'y a que ceux qui se payent de mots et d'images pour croire le contraire, pour croire que l'on peut changer la réalité avec seulement des mots et des images. Tout un travail critique de fond (càd qui ne se contente pas de jérémiades contre les "excès" ou les "abus" du capitalisme, mais s'en prend à la racine des choses, à la manière dont il transforme le monde et les hommes) reste encore à faire... Je ne rêve pas de radicalité, monsieur. Depuis deux ans j'ai participé a diverses actions contre les OGM, et pas des actions médiatiques à la Bové. J'écris qqs textes, participe à des discussions avec des personnes qui cherchent à sortir de la société industrielle, etc... Tout cela n'est peut-être pas grand-chose, n'a qu'une influence que très très très marginale sur la société comme elle va, je ne dis pas le contraire. Mais je n'ai pas l'impression de m'abstenir d'agir devant un monde qui me déplaît. Combien de personnes qui mettent leur bulletin dans l'urne se donnent ainsi la bonne conscience d'agir alors qu'en réalité ainsi elles ne font RIEN d'autre que reconduire leur démission face aux problèmes du monde dans lequel elles vivent? Les dirigeants du monde politique ont-ils encore un pouvoir (autre que répressif - d'où la surenchère actuelle sur la "sécurité") devant le capitalisme mondialisé? Passons maintenant aux propositions pratiques: elles sont ridicules. La constitution et les institutions sont des machines: il n'y à pas à tergiverser ni à discuter, au second tour c'est Chirac ou Le Pen, c'est l'un ou l'autre et toute réunion politicarde ne peut que choisir entre les deux termes de cette alternative pourrie. Exactement comme dans un supermarché où vous avez le choix entre une grande diversité de marchandises toutes également frelatées... C'est ça la démocratie représentative: vous devez toujours lâcher la proie pour l'ombre... Ce n'est donc pas hier qu'il fallait éteindre sa télé et aller discuter avec d'autres personnes, mais bien tous les jours qu'il fallait se soucier des affaires de la cité (la Politique, au sens ancien du terme). Enfin, vous parlez de "notre beau pays". Je le trouve de moins en moins beau et agréable, moi, ce pays à mesure qu'il passe dans les mains molles de ces Chirac, Jospin, et autres dirigeants tous aussi vendus les uns que les autres à l'industrie. C'est eux qui ont construit les centrales nucléaires, disséminés les OGM, éliminés les paysans, construit autoroutes et TGV, Aéroports et zones industrielles. C'est eux qui nous pourrissent la vie et pas ce bouffon de Le Pen. Et c'est pourquoi il n'y aura pas de débat entre Chirac et Le Pen, parce que ce dernier n'a rien à perdre et tout à gagner à jouer sur ce registre "Monsieur xxx, qu'avez-vous fait de notre beau pays?". N'importe lequel de ces putains de technocrate serait bien emmerdé de se répondre. Le Pen est une ordure, à n'en pas douter. Pas plus que n'importe lequel d'entre les candidats il n'a de solution aux problèmes que ceux qui ont été au gouvernement ces dernières décennies ont crées. Pour moi, il n'est ni meilleur ni pire qu'un autre, il est aussi nul, aussi arriviste que les autres. Simplement, parce qu'il désigne des boucs émissaires (les immigrés) à la vindicte populaire, il est le bouc émissaire de la mauvaise conscience de gauche et progressiste qui, elle, ne veut s'en prendre ni s'engager contre rien de précis, et surtout pas remettre en question son mode de vie qu'elle trouve bien confortable, alors qu'il repose justement sur l'appauvrissement des pays dit "en voie de développement" qui fournissent ressources et main-d'?uvre à bon marché au industries développées (cf. François Partant, La fin du développement, 1983). Il faut une sacrée dose d'aveuglement, avoir complètement perdu pied dans la réalité pour croire encore qu'une élection présidentielle signifie autre chose qu'un changement (tout relatif) des lobbies industriels qui se partagent la direction de l'État... -- Bertrand Louart |
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