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L'abîme entre les illusions et les effets de la ZLÉACarl Desjardins, Friday, April 19, 2002 - 18:42
Claudio Katz
La Zone de Libre des Amériques (ZLEA) est un projet stratégique des États-Unis visant à consolider sa domination sur la région par de nouveaux mécanismes de pénétration commerciale, de plus forts contrôles de l'investissement et des formes précises de supervision des flux financiers. Mais la mise en marche de ce plan s'est accélérée abruptement ces derniers mois à cause de trois nécessités conjoncturelles de la grande puissance d'atténuer les effets de l'imminente récession économique, d'empêcher l'avancée européenne dans la zone et de renforcer les alliances militaires devant la détérioration de la situation des nombreux régimes politiques latino-américains. La ZLEA a commencé à s'esquisser voilà sept ans, mais la démarche est restée bloquée jusqu'en 1998. L'initiative a connu une nouvelle impulsion sous la présidence de Bush et dans les récents sommets de Buenos Aires et de Québec, la proposition de parvenir à sa réalisation au début de l'année 2003 est apparue. La motivation immédiate des États-Unis est la recherche d'un renforcement de l'ouverture commerciale devant le ralentissement de son économie. A la différence de l'Asie et de l'Europe, la région constitue une niche exportatrice pour les compagnies nord-américaines, que pourraient augmenter sensiblement leurs exportations si le dollar commençait à décliner durant la prochaine période (2) La ZLEA vise à freiner la concurrence européenne et à entraver les négociations d'autres accords libre-échange, que l'Espagne, particulièrement, promeut, à travers de sommets ibéro-américains. Devant ce défi, les 500 entreprises américaines les plus impliqués en Amérique latine font des pressions pour accélérer la mise en place de la ZLÉA en prenant comme modèle la législation de l'ALENA, les clauses commerciales de l'OMC et la discipline financière du FMI". Les négociations d'abord secrètes sont devenues publiques et ont affronté une forte opposition à l'intérieur des États-Unis de la part du secteur non internationalisé de l'industrie, qui perdrait des positions dans l'accord. Ses représentants sont parvenus à empêcher le Congrès d'accorder (à Clinton et jusqu'à maintenant à Bush) le "fast track" qui serait nécessaire pour souscrire de façon accélérée aux accords. Le poids de la motivation politico-militaire à la signature de la ZLÉA est moins visible, mais plus décisif. Depuis plusieurs années, une escalade de rébellions populaires, rurales et urbaines, avec un haut niveau d'organisation et de revendications sociales sont apparues dans nombre de pays d'Amérique latine. Ces mouvements accentuent l'érosion des différents systèmes politiques, qui ont perdu de leur légitimité à cause de leur incapacité à satisfaire les demandes populaires. Le discrédit des régimes actuels précipite l'interruption de mandat (Pérou), la division des gouvernements (Équateur), l'effondrement des États (Colombie) et la désintégration des partis traditionnels (Vénézuela, Mexique). "Préserver la stabilité" devant ces convulsions est une priorité du gouvernement nord-américain, qui identifie ces crises avec l'affaiblissement de sa "responsabilité dans la sécurité nationale". A travers la ZLÉA, il tente de renforcer son intervention militaire couverte en Colombie, le réarmement régional associé à la "lutte contre le narcotrafic", les armées et la pression diplomatique pour aligner les gouvernements latino-américains par des sanctions contre les pays diabolisés par le département d'État (Cuba, Iraq, Libye, Corée du Nord). Les États-Unis sont parvenus à désactiver le développement nucléaire indépendant du Brésil et de l'Argentine et maintenant prétend généraliser internationalement ces exemples de mise à pas, pour avancer vers le projet militariste de bouclier anti-missiles. Les vieux arguments du néolibéralisme. Personne ne questionne actuellement le fait que la ZLÉA est un projet hégémonique des États-Unis. Mais au bout d'une décennie de prééminence idéologique néolibérale, il existe quelques voix qui idéalisent cette domination. Si, traditionnellement, la suprématie d'une grande puissance était l'objet d'une critique immédiate et d'accusations d'impérialisme et de colonialisme, actuellement on entend des arguments qui revendiquent l'opportunité de cette domination. Les justifications anthropologiques, géographiques ou raciales sont exprimées par ceux qui affirment que la ZLÉA servira à contrebalancer "le manque d'esprit d'entreprise des latino-américains." Il présume que si la région perd l'opportunité de s'aligner derrière le leadership nord-américain, elle ne pourra échapper à son destin de pauvreté et de décadence. Mais, il est très facile de démontrer que l'Amérique latine a été quelquefois délivré de ce parrainage et spécialement durant les dernières décennies de la crise économique et sociale. Les quatre grands déséquilibres dont la région a souffert dans ce période -endettement externe, spécialisation exportatrice, échange inégal et réduction du pouvoir d'achat - ne sont pas les conséquences de son éloignement des États-Unis. Mais ils expriment les efforts du renforcement des rapports de subordination avec cette puissance. Les crises économiques subies par la région ne découlent pas des tares endémiques des Latino-américains, mais de l'insertion toujours plus dépendante de la zone dans le marché mondial (4). D'autres analystes argumentent "qu'on ne peut compter sur les marchés internes pour échapper au sous-développement" et ils précisent que la ZLÉA contribuera à perfectionner "notre compétence exportatrice" et qu'elle favorisera l'intégration de la région " dans le plus grand marché du monde" (5). Mais quels sont les symptômes de l'épuisement des marchés internes? L'opulence du pouvoir d'achat et les niveaux de consommation de la population? Comment feront les produits latino-américians pour pénétrer les marchés les plus compétitifs et exigeants du monde ? Quelles formes revêtiront les différences abyssales de productivité qui jusqu'à maintenant ont empêché cette intégration? Ces questions interrogent les croyances ingénues d'un décollage régional soutenu par la ZLÉA. Mais les "créateurs de l'opinion" ne confrontent pas leurs illusions avec le cours réel des événements, mais ils rappellent simplement leur confiance dans la croissance des exportations et dans l'affluence des investissements. De nombreux promoteurs de la ZLÉA sont aussi des partisans de la dollarisation, bien que pour les économies centro-américaines (Guatémala, El Salvador) qui ont adopté cette politique des changes, cela n'a pas démontré leur intérêt pour leurs économies. Ils ne signalent pas non plus qu'en Équateur ce choix a été mis de l'avant comme mesure d'urgence pour faire face à l'effondrement financier. Le seul pays qui l'a expérimenté pour une période prolongé (Panama) ne peut être présenté comme un modèle d'éradication de la pauvreté et du chômage. Ces dernières décennies, cette nation a dû se soumettre - comme toute autre débiteur de la région - à 17 programmes de stabilisation du FMI (6), Il est indubitable que la dollarisation est associée au projet de la ZLÉA mais il n'en est pas une condition, bien que dans le gouvernement américain il existe de fortes divergences autour de l'utilité de cette alternative. Pour cela, jusqu'à maintenant, les nations latino-américaines qui ont renoncé à la souveraineté de leur monnaie n'ont pas obtenu, en échange, aucune promesse de la Réserve fédérale d'agir comme prêteur de dernière instance pour faire face aux crises bancaires. Si dans les petites économies commercialement intégrées aux États-Unis, l'impact de cette asymétrie peut être tolérable, pour l'Argentine et le Mexique une telle inégalité auraient des conséquences dévastatrices. Pour le moment, l'intérêt nord-américain pour la ZLÉA est d'abord commercial et n'est pas soumise à une avancée de la dollarisation. Comme toute initiative des entreprises, le lancement de la ZLÉA a été entouré de grandes manoeuvres de mises en marché. Par cette campagne de vente, on a tenté de rénover les fantaisies qui ont accompagné dans les années 90 les plans de privatisation. Mais comme cela arrive toujours avec le néolibéralisme, le bien-être qu'on prévoit constitue une promesse pour l'avenir, alors que les sacrifices demandés pour son implantation sont exigés immédiatement. De nouvelles zones de concessions sans contrepartie A mesure que les négociations avancent, on entend moins de plaidoyers en faveur de la "fraternité" et de "l''intégration" et plus de réclamations des entreprises américaines dans différents secteurs de l'économie. Au niveau des services, les entreprises américaines prétendent intégrer dans les négociations les secteurs de l'éducation et de la santé. Ce sont des activités particulièrement lucratives parce que la classe moyenne supérieure de la région veut recourir à des services privés devant la débâcle des services publics. Pour ce qui est des investissements, une législation accorderait aux compagnies étrangères le droit de poursuite devant les tribunaux internationaux ayant des pouvoirs plus importants que les systèmes juridiques nationaux. Ces mesures existent déjà dans l'ALENA et ont conduit à des indemnisations en faveur de différentes entreprises qui ont poursuivi les États du Canada et du Mexique (7). Sur le terrain des achats du secteur public, on discute de l'élimination des mécanismes d'achats préférentiels des biens provenant des fournisseurs locaux. Spécialement dans le secteur de la construction, les consortiums nord-américains pourraient éliminer tout compétiteur qui n'a pas un accès comparable au crédit international (8). Pour ce qui des douanes, les négociateurs américains visent à parvenir à l'ouverture totale des économies latino-américaines sans accepter en échange un flux plus important des exportations. Pour ce qui est des barrières non-tarifaires des Etats-Unis comprennent jusqu'à 34% des produits et fonctionnent grâce à un système discriminatoire de dénonciations de dumping. C'est par ce régime que fut récemment pénalisé, par exemple, les exportations argentines de miel par l'imposition d'un supplément de prix de l'ordre de 60% L'agriculture est la zone clé de l'entente, parce qu'alors quelle permet la destruction des mesures protégeant le petit paysan latino-américain, les entreprises de l'agro-business" cherchent à se débarrasser de tout obstacle à la libre-concurrence. Mais, le secrétaire au commerce D. Evans a déjà déclaré que les subsides à l'agro-business qui atteignent 97 000 000 de dollars par an aux États-Unis, n'entrent pas dans les discussions sur la ZLÉA (9). Cette décision ne dépend pas, en outre, des négociations avec l'Amérique latine, mais des tractations avec la Communauté européenne pour qu'elles réduisent des subventions équivalentes. Si cette lutte n'a pas de résultat, toutes les attentes des exportateurs argentins devant la ZLÉA seront déçues. Quelques estimations anticipent que le résultat final de cette entente pour l'Argentine sera une augmentation de 30 à 35% des importations et une réduction de 4% des exportations (10). La ZLÉA consacrera définitivement les droits de brevets, qui bénéficient aux secteurs de hautes technologies nord-américains suite à l'extinction du développement informatique local de l'Argentine et du Brésil. Maintenant, sont en discussion les rentes liés au commerce pharmaceutique, spécialement autour du malaise créé parmi les entreprises par le programme brésilien de lutte contre le sida. Ce plan a sauvé des vies et a guéri des malades, mais il ne satisfait pas aux exigences de profits des laboratoires internationaux. Enfin, la ZLÉA autoriserait les Etats-Unis à violer les ententes sur la protection de l'environnement. L'ALENA a converti des nombreux zones frontalières du Mexique en cloaques toxiques et on estime que 40% des forêts de l'État de Guerrera ont été détruit suite à l'avancée de la contamination (11). La ZLÉA promeut aussi une plus grande flexibilité salariale, selon le modèle implanté dans les maquiladoras mexicaines. Si on observe globalement les effets de l'accord dans tous les secteurs, il est indubitable que la ZLÉA renforcera la dépendance du cycle économique régional de l'évolution du PIB nord américain, accentuant la vulnérabilité de l'activité productive de la région. L'effondrement du Mercosur La manière que se met en place actuellement la ZLÉA implique la disparition du Mercosur parce que l'union douanière sous-régionale ne peut subsister à l'intérieur d'une zone de libre-échange généralisée. Pour les entreprises nord-américaines, le Mercosur constitue un terrain de conflit avec les concurrents européens et le cadre déjà dépassé pour la protection de ses activités par des tarifs et des subsides nationaux ou régionaux. L'intention américaine de briser l'entente sud-américaine s'exprime clairement dans les propositions d'accords bilatéraux avec le Chili qui, récemment, ont été étendues à l'Argentine. Mais la situation des deux pays est très différente, parce que le Chili a une base industrielle étroite et qu'il a développé un commerce complémentaire avec les États-Unis par les ventes de minerai, de fruits et de matières ligneuses. En revanche, l'Argentine conserve toujours un certain développement industriel spécifique qui recevra le coup de grâce avec la ZLÉA (12). Mais on ne peut douter que toute l'artillerie des États-Unis est dirigée contre le Brésil qui détient un marché plus attirant et un appareil industriel plus autonome par rapport aux entreprises nord-américaines. À la différence des autres nations, le Brésil ne peut s'accommoder de la ZLÉA sans renoncer aux positions qu'il a conquis dans tous les marchés. Pour cela, son gouvernement rejette d'avance la mise en place de l'accord et cherche un allié stratégique dans le Venezuela. Ces pressions dissolvantes accentuent la tendance desagrégatrice interne au Mercosur. Pour son dixième anniversaire, la détérioration de cette entente est reconnue par tous ses promoteurs. Ils n'ont pu avancer dans la mise en place d'une monnaie commune, ni vers la création d'institutions politiques judiciaires régionales. Il n'ont pu parvenir à des accords douaniers parce que tarif n'est jamais parvenu à être implanté; ils n'ont pas construit une instance d'arbitrage des conflits et les divergences en ce qui concerne les subsides et les systèmes d'achats gouvernementaux n'ont pas été résolues. (13) Mais ces différends ont été approfondis par la réaction de chacun pays devant la crise de leur dette. Alors que le Brésil a opté pour dévaluer le real et monter les tarifs douaniers, l'Argentine a soutenu la convertibilité et l'ouverture. Toute la gamme des économistes et des politiciens (14) qui continuaient à proposer, "s'inscrire dans la ZLÉA à partir du Mercosur" ne sont pas parvenus à expliquer comment pourrait s'articuler cette négociation d'ensemble si au bout d'une décennie ils ne sont pas parvenus à des accords plus élémentaires. Propositions pour "un autre monde possible" À la différence de la communauté européenne, La ZLÉA ne crée pas une zone homogène parce qu'aucun pays arriéré ne se rapproche de l'économie proposant cet accord. Des transfert budgétaires ne sont pas prévus du Nord vers le Sud et les écarts de niveau de vie qui séparent tous les pays latino-américains des États-Unis se maintiendront. La cause des différences entre la Communauté européenne et la ZLÉA est évidente: la première entente se définit comme un bloc dominant qui défie les États-Unis alors que la seconde est une pièce de la domination nord-américaine pour affronter cette bataille. Pour cela, il est complètement adéquat de caractériser cette initiative comme un projet impérialiste et un projet de recolonisation de l'Amérique latine. Si ce processus se réalise, cela changera complètement le caractère de la bourgeoisie régionale et sera tranché la discussion théorique actuelle sur sa nature dépendante ou transnationale. (15) Ce que l'on voit, c'est l'incapacité de la classe dominante latino-américaine de mettre de l'avant un projet d'intégration qui lui serait propre. Les pactes Andins et centro-américains ont subi le même échec que celui mis de l'avant par le Mercosur. Si durant tout le XXe siècle les bourgeoisies régionales n'ont pu développer le programme de Bolivar, aujourd'hui elles ont perdu tout intérêt pour cet objectif parce que leur niveau d'association avec le capital de la métropole est substantiellement plus important. Les dix années du Mercosur ont été aussi marquées par la détérioration sans précédent des conditions de vie des travailleurs et des travailleuses. Au lieu de réglementations ouvrières communes et de mesures de protection des salariés dans les pays impliqués, la précarisation du travail et l'augmentation du chômage se sont généralisées. Cette expérience permet de conclure qu'un projet d'intégration des peuples devra partir d'autres principes. En premier lieu, il devra se baser sur la satisfaction des revendications de base comme l'augmentation du salaire minimum, l'assurance-chômage, la gratuité de l'éducation et de la santé. Coordonner des politiques pour parvenir à ces objectifs nécessite de s'appuyer sur la solidarité et non sur la compétitivité, d'inspirer la stabilité du travail et non la moilité du capital et promouvoir l'amélioration du niveau de vie et non l'efficacité du commerce. En second lieu il n'y a pas d'intégration sans surmonter l'obstacle imposé par la dette externe au développement soutenu comme l'a démontré la crise mexicaine en 1995, brésilienne en 1998 et Argentine en 2000-2001. La cessation de paiements détruit tous les efforts de progrès régionaux et les interminables ajustements du FMI empêchent une reconstruction complémentaire des économies latino-américaines en difficutés. Finalement, l'intégration doit être conçue en perspective comme partie d'un procès de transformation socialiste parce que le capitalisme constitue un obstacle insurmontable au dépassement des conditions périphériques des pays de la région. Il existe un lien direct entre le vieux rêve d'unité de latino-américaine et l'établissement de nouvelles formes de propriété de gestion collective de l'économie. Le débat de ces propositions s'insèrent dans le niveau climat politique international créé par les manifestations contre la globalisation. Les négociations de la ZLÉA ont déjà expérimenté directement cette hostilité de la rue à Buenos Aires et à Québec. Le nouveau c'est que beaucoup de manifestantEs ne se limitent pas à proclamer "un autre monde est possible" mais qu'ils définissent ce que sera cet univers désirable et comment il pourra être mis en place. Notes [2]Ver Bilbao Luis. "Democracia amurallada". Le Monde Diplo, mayo 2001, Buenos Aires. [3]Ver Oppenheimer Andres. "Qué se espera para América Latina" (La Nación, 2 de enero de 2001, Buenos Aires), "La posible partición de las Américas" (La Nación 6 de agosto de 2000), "Geografía y cultura: ¿factores de progreso?" (La Nación 1 de agosto de 2000). [4]Desarrollamos este tema en Katz Claudio. "Las nuevas turbulencias de la economía latinoamericana". Revista Periferias n 8, 2 do semestre de 2000, Buenos Aires. [5] Grondona Mariano. "América Latina: ¿se salvará con el ALCA?" La Nación, 12 de abril de 2001. [6] Edwards Sebastian. "El dólar no es la cura mágica" (Clarin 13 mayo de 2001). [7] Barlow Maude. "Area del libre comercio y la amenaza para los programas sociales" The Councill of Canadians, www.canadians.org, abril 2001. [8] IDEP. "Los capitales únicos ciudadanos del ALCA". Nosotros-ATE, marzo 2001, Buenos Aires. [9] D.Evans. Página 12 , 10 de abril de 2001. [10]Lucita Eduardo. ALCA un proyecto hegemónico. Realidad Económica 178, febrero- marzo 2001. [11]Documento del "Comité Argentino contra el ALCA", marzo 2001, Buenos Aires. (suite, La Gauche du 31 mars) Traduction libre, La Gauche
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