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<b>Étudiants, étudiantes du Québec, Unissez-vous !</b>Anonyme, Saturday, March 2, 2002 - 12:40
Gabriel Anctil
Depuis le début des années 90, les deux palliers de gouvernement ont coupé pour plus de 2 milliards de dollars dans l'éducation québécoise. Ils ont coupé dans le savoir et l'avenir du Québec. Il est temps d'un gros réinvestissement. Il est aussi temps que les étudiants-étudiantes des Cégep et des universités du Québec reprennent contrôle de leur éducation et de leurs établissements. Une société qui coupe dans l’éducation, c’est une société ignorante. Gabriel Anctil Pourquoi les multinationales de La cité du multimédia, du commerce électronique, Bombardier, Québécor, Power Corporation, GM, Honda, Molson, les banques et toutes les autres multinationales qui font des profits records depuis plus de dix ans au Québec viennent-elles puiser à même nos poches notre argent qui les rendra encore plus riches, et nous, beaucoup plus pauvres? Avides d’argent et de pouvoir, le profit ne les satisfait plus. Le pillage et le vol du peuple les excitent plus que jamais. C’est à celui ou celle qui appauvrira le plus grand nombre de gens possible. Tout en souriant, bien sûr! En leur comptant la pomme dans un discours des plus démagogique où les compagnies jouent toujours le rôle des pauvres victimes. Dire que les multinationales veulent notre bien, c’est être extrêmement naïf, imbécile même. Ils veulent notre bien, mais notre bien sonnant$$$. « Le mythe des compagnies surtaxées a la couenne dure tout simplement parce que cela nous est répété à satiété par les gens d’affaires eux-mêmes, leurs économistes, leurs instituts de recherche, leurs associations patronales, leurs politiciens et leurs médias, tans parlés (TVA, TQS, Global, CFCF 12, ABC, CNN…) qu’écrits (La Presse, Le Journal de Montréal, The Gazette…). Aujourd’hui, les compagnies contribuent environ 10% seulement aux recettes fiscales des gouvernements (fédéral, provincial, régional et municipal), les 90% restant étant généré par les individus, qui deviennent, dans ce cas, les dindons de la farce. » Le ratio était de 50/50 dans les années 50. L’on allège continuellement le fardeau fiscal des multinationales-multimilliardaires-multivoleuses, pour mieux couper dans les programmes sociaux. C’est un choix de gouvernement (donc de société) ça? En plus, quand on nous dit que la sécurité nationale (quand personne ne nous a attaqué ou a eu l’intention de nous attaquer) est plus importante que l’éducation et qu’elle mérite des milliards et des milliards, c’est nous passer un sapin américain. Tout ça n’est pas logique! Se faire répondre qu’il ne reste plus d’argent pour ceux-là même qui payent des impôts, pour les contribuables, pour la santé, pour l’éducation, pour les étudiant-e-s du Québec, c’est nous mentir en pleine figure. C’est voler notre argent, notre travail, notre avenir. C’est construire un discours qui place l’intérêt d’une petite minorité devant celui du peuple entier. Tout cela est faux. C’EST FAUX, C’EST FAUX, C’EST FAUX Donc, d’après la logique néo-libérale : Payer plus, recevez moins. Donnez votre argent aux compagnies qui se la mettra dans les poches et qui en échange enverront leurs myriades de lobbyistes à votre parlement, se remplir l’estomac de bacon et la vessie de champagne en compagnie de parlementaires aux convictions girouetteuses. Quand au gouvernement fédéral, il a pris de l’avance, car, selon David Bernans, auteur du livre Con U Inc. : Privatization, Markatization and Globalization at Concordia University (and Beyond), la vague de coupures du début des années 1990 fut initiée par une lettre du FMI (Fond Monétaire International) recommandant à Paul Martin, ministre des Finances, d’entamer l’amputation des programmes sociaux. On en apprend des bonnes lorsqu’on cherche bien. Tout ce beau monde se connaissent et unissent leurs énergies dans un but commun : appauvrir physiquement et intellectuellement la masse. Jouez avec moi On va jouer un petit jeu : Jetez votre télévision aux vidanges, ne lisez plus aucun journal qui appartient à une multinationale, n’écoutez plus que les postes de radio communautaires (CIBL, Radio Centre-Ville) ou étudiants (CISM 89,3 ou CKUT 90,3 FM), remettez en question ce que vous disent les professeur-e-s, les « spécialistes » en économie et les politiciens; bref, bouchez-vous les oreilles à la vue d’une cravate ou de toute personne arborant une apparence trop propre, de toute personne qui vous propose un marché, de toute personne qui fait de l’argent avec l’argent des autres, de toute personne qui prétend posséder la vérité, de toute personne qui dit suivre la Loi du Marché. Dépolluez-vous le cerveau et analysez les chiffres avec moi. Il est important de comprendre la machine avaleuse de chaire pour mieux la détruire par la suite. Vous verrez que nous (les étudiant-e-s du Québec) nous sommes fait avoir, et pas à peu près : En 1976, le gouvernement fédéral signe aux Nations-Unies le Traité sur les droits économiques, sociaux et culturels où il s’engageait à offrir la gratuité scolaire à tous ses citoyen-ne-s. Plus de 25 ans plus tard, cet objectif n’a pas été atteint ni au Canada ni au Québec et ne semble surtout pas être une priorité. (Il faut rappeler que la gratuité scolaire post-secondaire existe dans des dizaines de pays dans le monde, qui ont compris l’importance d’une société réfléchissante.) Au lieu de favoriser le passage au CÉGEP et à l’université, les deux paliers de gouvernements ont pris la tronçonneuse et ont décidé d’amputer inutilement le système d’éducation pour lequel des millions de gens avant nous ont lutté. Ils détruisent le legs des générations qui nous ont précédés. Depuis 1994, le gouvernement fédéral de Jean Chrétien et de Paul « l’homme à la fortune personnelle évaluée à 30 millions de dollars » Martin, a coupé pour plus de 7 milliards dans l’éducation et la santé. Le Canada donne 30% moins d’argent aux universités qu’il ne leur en distribuait il y a 20 ans alors que les États-Unis d’Amérique ont augmenté leurs dépenses universitaires de 20% lors de cette même période (quoique l’on est en droit de se demander ce qu’on leur enseigne là-bas pour qu’ils votent pour un débile comme Georges W. Bush). En fait, en dix ans, l’éducation québécoise a essuyé des vagues de coupures sans précédent que l’on chiffrait déjà en 1996 à 1,9 milliards de dollars. Il y eu, surtout après la signature de l’Accord de Libre-Échange avec les États-Unis en 1990, des attaques à répétitions contre notre système d’éducation, qui, faut-il le rappeler, reste notre plus précieuse institution nationale. Voyez bien : entre 1990-1991 et 1999-2000, la hausse des frais de scolarité au Québec se chiffre à 164,6%, la deuxième plus élevée au Canada. Les années 90 fut la pire décennie dans l’histoire des frais de scolarité. Ce n’est pas rien. Au nom de la rationalité, du réalisme, du discourt néo-libéral des compagnies et maintenant des politicien-ne-s ; les étudiant-e-s du Québec étudient dans des conditions pitoyables, devant travailler pour payer une scolarité de plus en plus chère, devant s’endetter pour un avenir incertain, remettant toujours en cause leurs études. On fait tout pour décourager les gens à aller à l’université : on entasse de plus en plus d’étudiant-e-s dans les cours, les professeur-e-s sont de moins en moins disponibles, on augmentent les frais de scolarité et l’on tue des centaines de cours et certains programmes dans les arts et les sciences humaines, parce qu’ils ne sont pas assez « performants ». Parce que le Marché de l’emploi ne leur fait pas assez de place et parce que les arts, la philosophie, les sciences politiques et autres sciences humaines sont « inutiles » pour la société : Statistique Canada rapporte qu’un étudiant de premier cycle en arts devra débourser 3378$ en frais de scolarité. En 1990, ces mêmes frais étaient d’environ 1500$. L’absurdité des conditions d’admissibilité aux prêts étudiants Les étudiant-e-s sont dans les couches les plus pauvres de la société : selon la Fédération des CÉCEPs, entre 35 et 60% (selon l’étude retenue) des étudiant-e-s vivent sous le seuil de la pauvreté et 10% de ceux-ci dans des conditions encore moins favorables. Le gouvernement assure qu’un-e étudiant-e peut vivre avec 152$ par semaine, ou 7904$ par année (sans compter les frais de scolarité), même si cela représente moins de la moitié du montant considéré comme celui d’une personne sous le seuil de pauvreté résidant en ville. Moi je me demande : si ce montant est suffisant pour les étudiant-e-s, pourquoi est-ce que les dirigeants de compagnies ont-ils besoin de millions et de millions de dollars par années pour vivre? Viendrait-ils-elles d’une autre planète où la vie vaut plus chère? À mon avis, un être humain n’a pas VRAIMENT besoin de 25 voitures ou de 78 montres pour être heureux! Mais de la nourriture en quantité raisonnable, un toit et des vêtements, sont VRAIMENT nécessaires pour vivre. Le déséquilibre réside là. Pour être admissible aux prêts du gouvernement provincial, il faut gagner moins d’argent que 7904$ par année. Si l’étudiant-e dépasse ce montant, le Directeur Général à l’Aide Financière (DGAF) réclame 60% des revenus de l’individu, qu’il prendra directement dans la bourse qu’il aurait reçu. Le gouvernement n’aide pas les « riches »? (Lire les deux premiers paragraphes de l’article pour comprendre qu’il y a des « pas assez » riches et des « pas assez » pauvres.) De plus, selon le ministère de l’Éducation, tout étudiant-e de l’université devrait être en mesure de payer 1280$ annuellement en frais de scolarité. Ce ministère tient compte d’une contribution financière de la part des parents, qui, dans plusieurs cas, s’avère inexistante. Seulement 50% des étudiant-e-s reçoivent de l’aide financière de leurs parents, et 38% reçoivent moins de 2000$ par année. Ce n’est pas tout : le DGAF ne donne pas d’aide additionnelle aux familles monoparentales ou aux femmes enceintes. Les femmes qui interrompent leurs études pour avoir un enfant doivent quand à elles, rembourser leurs prêts avant-même de pouvoir regagner le travail légalement!!! Absurde tout cela, n’est-ce pas. Complètement absurde! Les gens qui vont à l’université, y vont de plus en plus dans le but de décrocher un emploi assuré en sortant. Mais comme rien n’est assuré, ils et elles crèveront de faim pendant au moins trois ans, sans nécessairement voir de lumière au bout du tunnel. Ou bien ils et elles peuvent toujours accepter de se faire dire quoi penser par des compagnies, à même l’université, en échange d’un boulot dans celles-ci. Lobotomisation de masse! Solidarité! Le système nous empêche sadiquement de rêver et de réfléchir. Des gens qui réfléchissent ce n’est pas bon pour l’ordre capitaliste dominant. La population pourrait se rendre compte qu’ils se font fourrer. Il pourrait y avoir un vrai partage des richesses. « L’université c’est fait pour former des travailleurs. » En plus d’obtenir des milliards et des milliards en subventions, les multinationales décident maintenant du rôle que devrait prendre l’université dans la société. Si ce n’était que d’elles, elle n’existerait plus. C’est donc contre les multinationales, contre le système néo-libéral et ses pantins de politicien-ne-s que les étudiant-e-s sont allés manifester en grand nombre le 21 février dernier, dans les rues de Québec. Il faut suivre cet exemple et se solidariser. Refuser les coupures, mais refuser aussi les compagnies, les publicités, la dictature du profit et du capital. Il faut se battre, avec les professeurs, avec les techniciens, avec les employés de l’université pour notre droit à l’éducation gratuite, pour notre droit de réfléchir sur la société, de la remettre en question, pour notre droit de créer une culture forte, des œuvres d’art riches et inspirantes, pour notre droit à l’égalité des chances et de la richesse. Il faut mettre de la pression sur le nouveau ministre de l’Éducation Sylvain Simard qui semble un peu sourd d’oreille. Il faut boycotter les médias de masse et les grosses multinationales qui nous mènent à notre perte. Il faut lutter ensemble pour une société juste où tous auront le droit à une éducation gratuite. Il faut manifester, il faut déranger, il faut s’affirmer! Il faut gagner et se sortir de ce mécanisme qui nous avili. L’Éducation c’est nous! L’avenir, c’est nous! Le peuple uni, jamais ne sera vaincu! Les étudiant-e-s du Québec se rejoignent dans le comté du ministre Simard afin de réitérer leurs revendications et d’assurer la continuité, l’ampleur et l’unité de la résistance étudiante québécoise. « Il y en a qui ont toute, pis toute les autres ont rien. Pour plus d’information visitez : |
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