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Le laboratoire de résistance globale, une expérience intergalactika !vieuxcmaq, Friday, February 22, 2002 - 12:00
Yann Omer-Kassin (salami@operationsalami.org)
Synthèse et appréciation du laboratoire de résistance globale (aussi connu sous le nom de laboratoire Intergalactika) qui s'est déroulé au campement de la jeunesse (pendant 5 jrs.) durant le deuxième Forum Social Mondial à Porto Alegre. Le laboratoire de résistance globale, une expérience intergalactika ! Par Karine Triollet et Yann Omer-Kassin Lors du deuxième Forum Social Mondial à Porto-Alegre, le Campement de la jeunesse a rassemblé plus de 15 000 déléguéEs de différentes organisations de jeunes et de moins jeunes du monde entier. Espace créatif, animé, coloré, le campement s’est surtout avéré un lieu de débats, d’échanges d’idées et de projets. Sous l’un des chapiteaux construits par les militants du Mouvement des Sans Terre est né ce qui restera pour nous le temps fort du campement : Intergalactika, le laboratoire de résistance globale. Ce projet visait principalement à mener une réflexion sur les perspectives du mouvement de lutte contre la globalisation et à offrir un espace permanent d’expression aux organisations impliquées dans la lutte au capitalisme néolibéral et à toutes ses formes d’oppression. Durant 5 jours, des militants et militantes ont échangé leurs expériences sous forme d’ateliers participatifs, de débats, de séminaires, d’expositions de matériel militant et de projections de films. Inauguré par Julia Di Giovanni (Attac SP Brésil), Christophe Aguiton (Attac France), Naomi Klein (NO LOGO), Leyla Dakhli (AARG France) et Anotnio Carlos Spis (CUT Brésil), le Laboratoire de résistance globale a offert une tribune de choix à une multitude d’organisations radicales et actives à travers le monde. Parmi les thématiques abordées, citons la lutte contre la précarité, contre le pouvoir des multinationales, l’utilisation des médias alternatifs, les nouvelles actions de libération du savoir, les tactiques et les stratégies de lutte… Les délégués d’Opération SalAMI se sont impliquéEs activement dans le laboratoire en participant à la concrétisation de ce projet autogéré et en prenant part aux débats sur l’articulation des mouvements contre la répression, sur l’évolution des stratégies et des perspectives depuis Seattle et sur les limites et les potentialités des différentes tactiques utilisées lors des grandes mobilisations. La richesse des discussions et des débats a été à l’image de la diversité des organisations impliquées. Notons entre autre la présence de déléguéEs de groupes aussi variés que ATTAC (Sao Paolo-Brésil et France), les Apprentis Agitateurs pour une Résistance Globale (AARG-France), Movemiento de Resistencia Global (Espagne), le Groupe opposé à la mondialisation des marchés (GOMM-Québec), Opération Makaja (Italie), Argentina FSM (Argentine), Opération SalAMI (Québec), Disobbedienti (Italie), le Mouvement des Sans Terre (Brésil), Reclaim the Streets (Angleterre), le CMAQ (Québec), Stop la précarité (France), Tutti Biancci (Italie), Indymedia (États Unis), le comité anti-BID de Fortaleza (Brésil), Nossa America (Brésil)… Si les débats étaient riches et animés, il importait que chaque délégué puisse repartir avec un projet dans lequel l’articulation « du mouvement des mouvements » s’épanouirait, tout en s’assurant que la spécificité des organisations et des luttes locales soit respectée, voire bonifiée. Le respect de la diversité et de la réalité culturelle dans lesquelles les organisations évoluent a été l’élément déterminant tout au long des débats. Car sans cet effort mutuel de compréhension interculturelle, la divergence des objets de luttes et des moyens utilisés par les organisations du Nord et du Sud aurait pu rendre ardu le partage d’idées et d’expériences. Que peuvent apprendre les militants Argentins des nouvelles lois liberticides canadiennes alors qu’ils vivent depuis si longtemps sous un régime dictatorial ? Comment s’entendre sur une définition de la précarité ? Quel sens prend la question de l’organisation stratégique d’actions planifiées telles qu’on en connaît depuis Seattle quand on est en situation de soulèvement populaire spontané ? De fait, les débats ont été passionnés et ont engendré des incompréhensions, voire même des frustrations … pour évidemment s’avérer des plus fructifiants. Au-delà des différences Nord-Sud, les échanges d’expériences et de pratiques ont mis en évidence la richesse de l’apprentissage mutuel, la complémentarité de nos luttes, la nécessité de coordonner et d’internationaliser nos mobilisations face à une mondialisation financière et économique qui n’épargne personne. Au terme du Laboratoire de résistance globale, l’intention était bien sûr d’élaborer un plan d’action concret. Au cours de la plénière finale du laboratoire, nous nous sommes entendus pour créer un site internet (www.Intergalactika.net, actif en avril prochain) qui servira de lieu commun de partage d’analyses, d’expériences, de tactiques et de stratégies utilisées au cours des différentes mobilisations. Véritable virus militant des luttes globales, le projet Intergalactika se veut souple, autogéré et adaptable à la réalité locale de chaque regroupement. Il est entendu qu’au prochain FSM, les délégués évalueront le travail réalisé et les suites à y donner. Les participantEs ont par ailleurs adopté le premier mai comme journée internationale d’action sur les questions relatives à la précarité, en solidarité aux actions déjà existantes sur les questions du travail. Enfin, mentionnons que le laboratoire est un espace de réflexion et de proposition mobile : de Porto-Alegre, il s’est déplacé à Buenos Aires avec plusieurs des militantEs du Forum. Il sera aussi présent lors des différents forums régionaux. La réussite de ce premier laboratoire ne doit pas empêcher de soulever quelques questionnements, notamment celui de l’ancrage du laboratoire et plus largement du campement de la jeunesse au sein du Forum. Selon Naomie Klein et pour reprendre ses mots, l’avenir des mouvements sociaux appartient aux désobéissantEs civilEs. Mais alors, comment expliquer la quasi-absence de liens entre d’un côté les discussions sur les stratégies de lutte menées par des groupes activistes au campement et de l’autre les débats d’experts sur les divers enjeux touchant la globalisation au Forum officiel ? Certes, vu l’ampleur de l’événement, l’intégration entre les différentes composantes du FSM est une réelle difficulté, mais il y a lieu de réfléchir en vue de la troisième édition du FSM à une meilleure articulation entre analyses, actions directes et propositions d’alternatives. Il reste que Intergalactika aura été, malgré des débuts quelques peu chaotiques, un formidable lieu d’échange ainsi qu’une incroyable expérience d’autogestion. Pour les membres d’Opération SalAMI, l’implication active dans le laboratoire de résistance globale s’est avérée des plus enrichissante, stimulante, énergisante. De nouvelles alliances se sont créées et nous croyons qu’elles contribueront à l’articulation d’actions de résistance globale toujours plus importantes. Fort des débats et des rencontres informelles avec plusieurs des participants, nous revenons plus que jamais motivéEs à continuer notre lutte contre l’oppression et les inégalités générées par le système capitaliste néolibéral. Nous revenons aussi convaincus que nous avons les moyens de créer notre propre agenda et de promouvoir des actions plus radicales et mobilisantes.
site d'Opération SalAMI,
site Intergalactika ouvert et utile pour toutes les organisations militantes (devrait être activé début avril)
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