Reportage - 4e jour en Palestine

10 février 2002

Rencontre avec le GIPP (Grassroots International Palestine Protection, un réseau d'organisations de base pour la protection du peuple palestinien) à Ramallah en compagnie d'une délégation belge et d'autres Français. Préparation également de la manifestation qui va suivre.

Une manifestation vers les chars israéliens qui assiégent la maison du responsable de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, depuis plusieurs semaines.

Nous traversons donc avec de nombreux Palestiniens également les rues de Ramallah au son de : « liberté pour la Palestine » ; « Non à la colonisation, assez de colonisation »... Enfants et femmes prennent la tête, banderoles à la main, puis restent en arrière ainsi que la majorité des manifestants palestiniens au moment d'arriver près du point de rencontre avec les chars.

La manœuvre est beaucoup plus risquée pour eux. Nous nous arrêtons devant les deux tanks qui barrent la route devant chez Arafat. Une route en bien mauvais état, pas loin du champ de tirs. Et nous continuons de scander ces slogans pour une Palestine libre, pour la justice.

La réaction n'est pas immédiate, mais ne tarde pas à venir. Le principal char devant lequel nous sommes rassemblés se veut menaçant. Puis il se met à tourner, et de ses flans éjecte des gaz nauséabonds et surtout tres violents. Nous nous retrouvons dans un nuage de fumée, sans y voir à un mètre.

Le tank, ou plutôt ses conducteurs, recommence à plusieurs reprises, se tournant dans un sens puis dans l'autre, puis de nouveau revient, etc., etc.

Nous revenons nous aussi sans relâche devant son unique oeil. Et puis finalement il s’arrête. De nouveau, on peut entendre les slogans. L'autre char n'a pas bougé. Une jeep arrive. Et puis suit une espèce de balai : recul de char, avancée de jeep, bloqué par les manifestants, dans un sens dans un autre.

Les soldats sont interpellés sur l'appel des 200 réservistes qui refusent d'intervenir dans les territoires occupés.

Le rassemblement se poursuit jusqu’à ce que, à la demande des Palestiniens, nous nous reculions. Les débordements sont toujours possibles, et des débordements, ici, ce ne sont pas les mêmes... Une militante palestinienne remarque que pour la première fois les manifestants ne sont pas dispersés dès leur arrivée par des gaz lacrymogènes ou autre. Cette manifestation non-violente et pacifique a fait son effet, c’est pas grand chose, mais c’est déjà beaucoup.

Départ pour Gaza en début d’après-midi et passage, de nouveau, au check point de Kalandia, deux heures pour faire 100 mètres, c'est le lot de tous les Palestiniens qui passent par là, chaque jour...

Arrivée au check point de Eretz, endroit lugubre à la tombée de la nuit. On pense à un camp. Rien ne passe à ce check point. Tous les Palestiniens le traversent à pied, un long couloir à traverser. Nous arrivons alors que l’hôpital et le centre administratif, voisin du bureau de Yasser Arafat à Gaza ville sont en train d’êtres bombardés. Bref passage à l’hôpital où les gens se précipitent pour tenter de donner un peu d'aide. Traversés de la ville, les tirs continuent. Nous sommes accompagnés par un groupe de jeunes qui chantent leur résistance...

La suite au prochain épisode...