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Une «écologie de l’information» en construction

vieuxcmaq, Wednesday, February 6, 2002 - 12:00

Sergio Ferrari (publié par le collectif du cmaq) (info@cmaq.net)

Comment informer autrement dans une société dominée par l’audimat et la publicité?
Durant le Forum social mondial, plusieurs conférences et ateliers ont été consacrés aux médias. Les liens entre les journalistes, l’information, la technologie, la publicité et les lecteurs ont été disséqués. Echos.

par Sergio FERRARI, Porto Alegre.

L’information «dominante» est polluée... «aussi, construisons une écologie de l’information» pour l’épurer. C’est par cette harangue, qui lui a valu les applaudissements de l’énorme aula de l’Université pontificale catholique, siège principal du Forum social mondial, qu’Ignacio Ramonet, directeur du Monde Diplomatique, a conclu son analyse au sujet de l’une des problématiques les plus présentes dans les débats de Porto Alegre.
Pour M. Ramonet, les choses sont claires comme de l’eau de roche. Dans cette ère de globalisation de la communication, l’information est une marchandise et elle circule selon les lois du marché. Ce qui implique que les «entreprises de l’information» sont appelées à distribuer les informations les plus demandées, selon la loi capitaliste de l’offre et de la demande.
Pour être sûre d’être vendue, «cette information doit être courte, simple, élémentaire et pathétique (pour distraire, pour provoquer la compassion et pour émouvoir), en accord avec les exigences de la culture de masse».
Mais comment parler encore de vendre dans une société où les informations sont de plus en plus souvent gratuites, et où de nombreux journaux nouveaux sont simplement offerts, se demande M. Ramonet, en se tournant vers les centaines de participants réunis dans la salle 2 de l’Université et fascinés par ses syllogismes. Et le directeur du Monde diplomatique insiste: «Où commence le commerce?»

LECTEURS OTAGES

La réponse est aussi simple que tranchée: «Dans cette société, on ne vend pas l’information aux citoyens, mais on vend les citoyens à l’entreprise de l’information.» L’information se mêle à la publicité, et c’est ainsi que l’analyste hispano-français explique «la dégradation de la condition de journaliste qui vit un processus accéléré de prolétarisation». Si l’information est gratuite et qu’elle doit être courte, simple et pathétique, pourquoi dépenser pour la promotion et la stimulation des hommes de presse? Ce qui intéresse les entrepreneurs, ce n’est pas la qualité des informations, ni la formation de l’opinion publique, mais simplement la vente de publicité. Les lecteurs ou les téléspectateurs ne constituent pas un public qu’il faut informer et former, mais les otages d’un simple mécanisme de publicité et de consommation.
Dorénavant, les grandes «valeurs» de l’information se relativiseront, tout comme le principe de la vérité informative et de la validité des mécanismes pour vérifier cette vérité. Dans cette société, «la vérité d’une information dépend du fait que plusieurs médias importants la répètent et disent qu’elle est véridique, bien qu’elle soit fausse. Dans le cas contraire, une information véridique peut être pulvérisée si plusieurs médias importants répètent à l’unanimité qu’elle est fausse.»

LA PUB DÉVORE L’ÉDUCATION

Tout chavire dans ce monde sensible de l’information-marchandise, où les chiffres parlent comme des vérités. Telle est la réflexion de Roberto Savio, directeur de l’agence alternative tiers-mondiste «Inter Press Service», dont le siège est à Rome.
Pendant que dans le monde, actuellement, on destine en moyenne 180 dollars annuels par personne pour l’éducation, la dépense annuelle per capita pour la publicité avoisine les 156 dollars, dans un processus où la publicité augmente dans la mesure même où l’éducation publique disparaît.

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