Au fil des conférences et des ateliers du Forum social mondial, un consensus semble se dégager: la nécessité de créer des convergences entre les différents mouvements sociaux. L'objectif étant le renversement du rapport de force par les masses populaires, en vue de construire les alternatives dont nous parlons tant ici. Un cran plus radical, le même consensus se dégage dans les discussions du Laboratoire de résistance globale, du campement de la jeunesse.

Pour Samir Amin, "tant qu'une partie du mouvement politique progressiste ne dépassera pas la fragmentation de son organisation, l'ennemi sera vainqueur", l'ennemi qu'il place sous le vocable "d'hégémonie militaire américaine". Selon lui, il y a nécessité de construire des alliances afin d'attirer autour de la gauche progressiste anti hégémonie militaire américaine, tout mouvement critique du système, même réformiste, de sortir de leur ghetto culturaliste des mouvements sociaux tel que l'islam politique et même de rallier des"politiciens navigateurs", de la trempe de ceux croyant qu'avec des changements, le système peut être bon. C'est ainsi que nous voyons défiler ici, non sans questionnement, les Parizeau, Beaudoin, et autres députés péquistes et bloquistes. Edouardo Fernandes, de la centrale syndicale du cône sud, parle ainsi de chercher le plus petit dénominateur commun du mouvement, au-delà des divergeances. Face à la crise de représentativité, Juan Gonzalez, de l'Association centrale des travailleurs d'Argentine, soutient que cette proposition s'accompagne de la nécessité d'avancer également sur le terrain politique afin de bâtir un véritable projet de reconstruction sociale.

Lors de la conférence : Perspectives du mouvement global de la société civile, certains intervenants ont posé les postulats et défis de ce nouveau mouvement de résistance internationale, nommé par certains, le mouvement des mouvements, afin d'illustrer la diversité qui le compose. Il s'agit d'une nouvelle génération de militants, marquée par leur radicalisation et leurs discours de rupture avec le capitalisme. Joseph Maria Antentas du Mouvement de résistance globale d'Espagne, insiste sur les nouvelles formes d'organisation décentralisées de ce mouvement tel le rejet d'institutionalisation d'où une distanciation avec le mouvement syndical ou les partis politiques. Les pratiques sont marquées par une volonté de mener de l'avant des formes de contestation non conventionnelles, créatives, telle la désobéissance civile, dans une contexte de montée de la répression policière et des affrontements. Les défis : maintenir l'unité du mouvement, favoriser la dynamique, avancer des propositions, maintenir le discour de rupture anti-capitaliste.

Lorsque l'on participe aux discussions qui ont cours au Laboratoire de résistance globale du campement de la jeunesse (voir les articles sur le site qui s'y rapportent), on constate que ce dernier énoncé est partagé et mis de l'avant. C'est pourquoi, Naomie Klein, venue au campement donner un atelier au début du FSM, a mentionné l'importance pour la jeunesse de s'impliquer davantage au sein du FSM officiel, afin de maintenir une pression à la radicalisation sur les orientations et pistes d'action du FSM. D'ailleurs, il y avait quasi unanimité sur la déclaration finale de la Rencontre internationale de la jeunesse, qui s'est prononcée sur ; "Un autre monde socialiste est possible".

Selon certains commentaires entendus, il semblerait que le FSM 2001 était davantage orienté sur les questions d'analyses et de critiques du capitalisme impérialiste. Le FSM 2002 aurait dépassé ce discours en insistant sur l'importance pour les divers mouvements de travailler ensemble, de créer des convergences au-delà des divergences et de lier les luttes locales aux dimensions globales. Le FSM 2003 pourrait avoir pour objectif de se pencher sur les défis que posent ce constat. Concrètement, comment réformistes et anarchistes peuvent contribuer à construire un même rapport de force. Parce que nous faisons face à un monstre nommé capitaliste et pour le vaincre, nous avons besoin de tous ceux et celles qui le rejetent. Les intentions sont réelles et c'est ce qui donne tant de beauté aux marches de dizaines de milliers de personnes qui ont eu lieu ici, mais aussi un peu partout dans le monde avant cela.