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La diabolisation n'arrête pas les opposants new-yorkais au WEF

vieuxcmaq, Monday, February 4, 2002 - 12:00

Laure Kern (redaction@lecourrier.ch)

Un très large mouvement de solidarité se déploie ces jours de simili-printemps (réchauffement global oblige), au sein des diverses coalitions new-yorkaises regroupant plusieurs axes de résistance face à la mondialisation néolibérale et à la privatisation du monde politique engagée par le Forum économique.

«INDIGNES DE L’AMÉRIQUE»

Et ce, malgré le climat de confusion et la quasi-diabolisation des manifestations qui se déroulent toute cette semaine (plus de trois sommets alternatifs, soixante conférences et séminaires). Une tension largement entretenue par la presse et les représentants des forces policières - qui ont été jusqu’à décrire les «dissidents» comme indignes d’être américains1 (un-american)...

Une tourmente médiatico-politique vivement dénoncée: «Les médias les plus puissants de ce pays, tous intimement lies aux grandes compagnies, s’évertuent à assimiler les mouvements citoyens de résistance au WEF aux terroristes. Ils ne s’intéressent pas du tout au contenu des débats, seuls les jeux de tensions et le factuel les intéressent», explique Amy Goodmann, la célèbre journaliste de la radio indépendante WBAI.

Tel Clyde Haebermann, du New York Times, décrivant ces opposants à la globalisation du capital comme «des gens moins connus pour la profondeur de leur pensée que pour leur désir de détruire les cités». Ou Richard Esposito, du Village Voice: «Dans le monde d’après le 11 septembre, la police considère ces jeteurs de briques et ces brûleurs de voitures comme une autre sorte d’Al Qaïda, de par leur dissémination internationale et la teneur fondamentaliste de leur message.»

Pour l’instant, les médias n’ont pas vu leurs dires confirmés: jeudi, une marche pacifiste dénonçant les effets des délocalisations et le démantèlement des droits des travailleurs a rassemblé plus de 2000 personnes devant le magasin GAP sur la luxueuse 5e Avenue. Sans aucun incident. Le puissant syndicat ALF-CIO, qui organisait le rassemblement, a rappelé que ces manifestations sont légales et qu’il ne fallait à aucun prix se laisser décourager par toutes les techniques de harcèlement policier.

GRANDE MANIFESTATION

Un découragement qui n’est visiblement pas à l’ordre du jour, vu la détermination des diverses coalitions new-yorkaises à dénoncer l’opacité et le caractère antidémocratique de réunions telles que le WEF.

«Sachant que s’y prennent des décisions qui modifient directement l’économie globale et la société civile dans son ensemble, il est inadmissible que les réunions du WEF ne soient ni retransmises ni accessibles à une presse indépendante», explique Eric Laursen, porte-parole de la coalition «Another World is Possible». Créée il y a deux mois, elle regroupe des syndicats, des ONG - telles que Public Citizen (observatoire américain de la mondialisation) et Jubilee 2000 - des écologistes, des socialistes, des Eglises, des étudiants, des mouvements citoyens, etc.

La mobilisation est telle que les 500 organisateurs locaux attendent plus de 10 000 personnes, ce samedi, à la grande manifestation devant couronner leur semaine contestataire.
«Si le rêve américain est mort, il s’agit de défendre certains idéaux américains et universels comme la liberté d’expression, la liberté d’opinion, le droit de manifester et de se rassembler en public», justifie Mike Dolan, de Public Citizen.

TACTIQUE DES «GLOBOCOPS»

Las, les réunions au sein de la forteresse Waldorf ne discuteront pas de ces principes: police montée et discrets snipers protègent leur intimité. Sécurité du homeland oblige, la Ville n’a pas lésiné: un périmètre de quinze blocs (de la 47erue à la 53e entre Lexington et Madison Avenues) est fermé au trafic. Les rues sont bleues des 40 000 policiers en alerte, les piétons louvoyant entre sacs de sable et barricades de béton et d’acier. Bus détournés, stations de métro bloquées, les globocops, nom donné aux policiers par les opposants, ne chôment pas, déployant leurs panoplies devant les McDonald’s, Starbucks et autre GAP.

Au-delà de l’aspect très visuel des forces policières, on commence à deviner les tactiques policières sensées «protéger» le WEF: jeudi matin, sept membres d’Act-Up ont été arrêtés alors qu’ils tendaient une bannière. Au lieu d’être conduits au commissariat, les activistes ont été placés en détention provisoire dans des locaux désaffectés de la Navy à Brooklyn.

POLITIQUE PRIVÉE, SÉCURITÉ...

Loin de Manhattan, ces casernes pourront accueillir plusieurs milliers de manifestants, une pratique de détention anticonstitutionnelle aux Etats-Unis, qui a trouvé son parangon en la personne de John Timoney, lorsqu’il était chef de la police de Philadelphie. Il s’était, en effet, illustré en plaçant en «détention préventive» nombre de militants venus protester contre la Convention républicaine de 2000, qui avait adoubé Georges W. Bush.

Passé au privé, M. Timoney n’est autre que le directeur exécutif d’une compagnie de sécurité privée engagée par... la Ville de New York pour grossir le rang de ses experts en maintien de l’ordre. Un exemple de la collaboration toujours grandissante entre secteur public et privé, qui fait écho au récent processus de privatisation des prisons, juteux marché de deux millions de personnes incarcérées aux Etats-Unis...

«On assiste à une globalisation de tactiques policières qui violent toujours plus les droits civils, avec des détentions provisoires, charges et amendes extraordinaires. Celles-ci ont pour seul but de faire traîner les procédures et de garder les gens en détention pour les empêcher de manifester», explique l’avocate Leslie Brody, de la National Lawyers Guilde, un bureau national de juristes dédié, entre autres, à la défense des manifestants et au respect du fameux freedom of speech...

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