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<b>Du rêve (ou du cauchemar) à la réalité, voici l'euro société</b>vieuxcmaq, Wednesday, January 16, 2002 - 12:00 (Analyses)
Sébastien Gilbert-Corlay (sebgc@ziplip.com)
Prendre le temps de se construire un univers parallèle. Prendre le temps de se construire un univers parallèle Fiction, science-fiction? Pas sur le vieux continent. Qu'arrive-t-il donc à ces européens aux valeurs si ancrées, aux traditions si anciennes, aux fromages qui puent tant, au chorizo qui pique et à la bière qu'on célèbre. Y serait-on encore capable d'innover? De construire une paix intérieure? L'Union fera-t-elle la force? Entéka…Se livrer à un suicide collectifs pour y arriver, ça a au moins l'attout d'être original. La lire italienne, la peseta espagnole, le franc français, belge et luxembourgeois, le mark allemand, la livre irlandaise (mais pas la livre anglaise, chère aux Britanniques), l'escudo portugais, le florin hollandais, la drachme grecque, le markka finlandais et le schilling autrichien sont morts. Outil de colonisation, de guerre, argument quasi-imparable, l'argent fusionne. Voici l'Euro. Le dollar étasunien a trouvé un concurrent. Prévu et organisé depuis plusieurs années, le passage à l'euro se concrétise. Douze des quinze pays de l'Union Européenne ont adopté l'euro comme monnaie courante le premier janvier 2002. Fini la rigolade. Seuls l'Angleterre, le Danemark et la Suède n'y adhèrent pas, une question de temps, selon beaucoup d'experts… "Européens, pressés de vous débarrasser de votre monnaie nationale, engorgez banques et commerces!" clament publicités et articles. Les soldes sont avancés d'une semaine. Les médias ont leur nouvelle manchette. Oussama en page trois, les emplettes en manchette! "Soldes, tous les francs doivent disparaître", peut-on lire dans Libération. Le sujet chaud, comprenons-le, c'est l'euro. L'Afghanistan et le Moyen-Orient sont relégués au second plan du Monde, du Figaro et des bulletins télés. Une journaliste titre même un de ses articles de la sorte: "J'ai tenu huit jours et demi sans toucher à l'euro". Passée proche de l'overdose… Combien d'articles écrits, combien de reportages réalisés ? Impression: gros videuniforme. Et pourtant, non loin de cette attraction fatale, en plein cœur de l'Europe, un jour (il n'y a pas si longtemps que ça) il y eut un sommet et un forum européen traitant du somnolent débat social. Le sommet européen de Laeken, les 14 et 15 décembre 2001, se déroula quand même sous l'œil de plus de 100 000 manifestants, sans incident majeur et presque sans affrontements. Mais les médias s'y attardèrent peu. Libération n'y consacra pas grand chose, Le Monde, à peine plus. Les journaux télévisés saupoudrent quelques brèves "nano-infos". Si le sommet retint malgré tout l'attention, ce fut d'abord pour son aspect pacifique: une première. C'est ensuite parce qu'il y eut nomination d'un ancien président de la république française de droite (Valérie Giscard d'Estaing), à la tête d'une convention (une assemblée européenne) dont le but fut de redonner un avenir à la construction européenne. Média: "silence! Chut…" Mais qu'en est-il donc de l'Europe sociale? Il est vrai (je préfère éviter le négationnisme) qu'il faut s'avouer certains progrès réalisés et d'autres en construction. Amélioration des normes de travail, équilibrage des richesses à l'intérieur de l'Union, naissance d'une nouvelle forme de communauté aux identités culturelles extrêmement variées. Petit exemple concret: la "traçabilité" (loi européenne) des produits de la mer est dorénavant obligatoire. Le droit de savoir existe. Dans le domaine de la consommation. Et le constat reste. Celui d'une Europe à deux vitesses. Celle de l'économie, et l'Autre, du social. Avec comme principe de donner la priorité à l'économie pour ensuite parler social. M'y ferai-je un jour? |
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