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Le jugement des uns fait l'erreur des autres

vieuxcmaq, Monday, January 14, 2002 - 12:00

un commando « Critique immuable » (info@critiqueimmuable.org)

Oyez ! Oyez ! Voici un texte écrit par un combattant d'élite mobilisé
pour la nouvelle opération de réflexion radicale : « Critique immuable ».
N'hésitez pas à vous rendre aux quartiers généraux de la résistance
de la raison : www.critiqueimmuable.org. Le texte qui suit porte sur
déclaration de Jean Chrétien aux Communes, le 16 octobre 2001

« Nos ennemis ont commis une erreur fatale de jugement. Ils ont
pris notre liberté pour de la faiblesse. Ils ont pris notre ouverture
et notre générosité pour de la mollesse. Ils ont pris nos valeurs pour
un manque de fermeté. Nous allons leur donner tort sur toute la
ligne » nous dit Jean Chrétien.

Si je ne me trompe pas, nos « ennemis » sont
les terroristes ; nos pires « ennemis » ne peuvent être
que les terroristes qui terrorisent effectivement. Une fois admis que
nos « ennemis » sont les terroristes, il faut se rendre à
l'évidence qu'il est difficile de leur reprocher de manquer de
jugement. Certains d'entre eux ont un talent certain pour se rendre
introuvables - en regard de leur projet, n'est-ce pas là faire montre
de tout le jugement qui leur est nécessaire ? Les autres sont
morts par choix et déjà au paradis des martyrs. Est-il nécessaire de
mentionner que ces derniers, nos pires «  ennemis », n'ont
aucunement subi leur sort fatal en tant que conséquence de leur
mauvais jugement ? Est-il besoin de dire que ces martyrs ont
incontestablement accompli leur fin d'une manière qui suppose une ruse
à laquelle ne manque aucun jugement ?

Chrétien étonnera toujours : ses déclarations
donnent chaque fois l'occasion de ressaisir autrement le réel. En
l'occurrence ici, notre premier ministre nous donne l'occasion de
réfléchir sur ce qu'est le jugement et de penser comment cette notion
peut être rapportée au difficile problème du caractère fantomatique de
nos « ennemis », qu'ils soient morts ou vivants.
Laissons-nous emporter ; donnons une impulsion spéculative aux
aléas neuronaux du cerveau de notre premier ministre.

Une partie de nos prétendus « ennemis » sont
morts et chacun d'entre eux a non seulement réussi sa tâche ultime
grâce entre autres à son jugement, mais en tant
qu'« ennemi », il est difficile de ne pas lui concéder qu'il
a bel et bien gagné sa bataille. On dira que gagner une bataille n'est
pas gagner la guerre. Qui contredirait cela ? Mais voilà
justement où doit s'arrêter la métaphore de la guerre devenue
imprudente s'il faut parler de l'essence du terrorisme et de l'essence
de la réponse qu'on doit lui opposer. Est-il juste d'appeler
« guerre  » le cadre des opérations des martyrs terroristes
s'ils gagnent toutes les « batailles » et s'ils sont les
seuls à décider quand et où des batailles doivent être menées - en
l'occurrence n'importe où et n'importe quand, pourvu qu'elles soient
inattendues ? Le terrorisme n'est pas une guerre au sens
occidental, et la « guerre contre le terrorisme » ne peut
pas non plus en être une. La guerre « guerroie » avec
l'intention de dominer. Si cette fin suppose qu'il faille terroriser,
la guerre devient terroriste. Quant au terrorisme, il terrorise tout
simplement et cela, les terroristes peuvent le vouloir et le perpétuer
infiniment.

Gare à nous qui sommes pris avec une bande de crétins
qui essaient de nous faire croire que nous sommes en guerre contre les
terroristes et qui ont fini par se croire eux-mêmes ! Ils peuvent
bien affirmer qu'ils prendront des moyens démesurés - des moyens
militaires - pour anéantir les terroristes comme pour les intimider
d'emblée. Ils peuvent bien déclarer rhétoriquement qu'ils considèrent
l'agression terroriste comme une agression de guerre, mais il est
extrêmement dangereux de prétendre marquer des points en bombardant le
«  Terroristan ». Le pays de la terreur est, en ce moment,
la fédération invisible et silencieuse des coeurs haineux contre la
puissance dominatrice mondiale, fédération qui n'a pas l'intention de
conquérir la très libre Amérique, mais la seule intention de lui faire
payer le prix de son insouciance. Ce que l'Amérique ne comprend pas, c
'est que la guerre à l'occidentale n'a rien à voir avec le terrorisme
islamiste qui est imprégné de l'esprit immémorial de la vendetta, du
rétablissement d'une justice terrestre et non abstraite par la
vengeance.

Les pays alliés dans la « guerre au
terrorisme » sont les seuls engagés dans des opérations qui sont
le fruit d'une sublime erreur de jugement. Et qui, croit-on, devra
subir les fatalités de cette erreur  ? Ce sont nous qui avons été
avertis le plus simplement du monde que cette guerre ne serait pas
comme les autres : elle se livre aussi sur le « front
interne » ! Rappelons à nos imbéciles d'élus que c'est le
seul « front » qui existe pour les terroristes et qu'il est
d'autant plus vulnérable que l'on a l'impression de dominer la
situation sur le front externe !

La fermeté de nos valeurs démocratiques et la force de
notre liberté ne pourront pas grand chose contre le manque flagrant de
jugement de nos représentants. Sauvons notre liberté et nos
démocraties d'abord en foutant à la porte ceux qui n'ont pas le
jugement minimal pouvant contribuer à préserver les gens qui ont à
coeur la liberté et la démocratie.

Il s'agissait de la misson 3 contre l'opération américaine « liberté
immuable ».

Ce texte a été écrit par un auteur qui tient à rester anonyme et qui
ne doit pas être confondu avec Jean-Robert Sansfaçon. Il oeuvre pour la
nouvelle opération de réflexion radicale : « Critique immuable ».
N'hésitez pas à vous rendre aux quartiers généraux de la résistance de
la raison : http://www.critiqueimmuable.org.



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