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Un petit budget supplément, une grosse attaque contre le peuple

vieuxcmaq, Tuesday, December 25, 2001 - 12:00

Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) Le marxiste-léniniste quotidien (pmlq@aei.ca)

Budget 2001: L'énoncé du 10 décembre du ministre des Finances Paul Martin

Publication: LML QUOTIDIEN VOL. 31 NO. 226
DATE: 12/19/2001

Titre: Budget 2001: L'énoncé du 10 décembre du ministre
des Finances Paul Martin: Petit budget supplément,
grande attaque contre le peuple.

Le budget présenté le 10 décembre par le ministre des Finances
Paul Martin est plutôt un supplément au budget. C'est le
cinquième supplément qu'il présente depuis le dépôt du dernier
véritable budget le 28 février 2000. Il a présenté un supplément
le 27 juin 2000 lorsqu'il a modifié le régime fiscale, puis un
énoncé sur l'économie le 18 octobre 2000 et d'autres
modifications au régime fiscal en janvier 2001. Puis le 17 mai
dernier le ministre a présenté une «mise à jour économique».

En fait, les suppléments au budget sont devenus un trait
commun des pays impérialistes dont l'économie passe d'une crise à
l'autre. Ces énoncés sur l'économie sont un moyen de faire de la
propagande pour embrouiller les cartes, d'améliorer les chances
de réélection du parti au pouvoir et d'établir de nouveaux
arrangements pour consolider le statu quo qui consiste à piller
le trésor public pour payer les riches. Cette façon ad hoc de
modifier la politique budgétaire du pays révèle encore plus à
quel point le trésor national est à la disposition de
l'oligarchie financière pour faire face aux urgences ou pour
obtenir l'aide requise lorsque les monopoles en ont besoin. Par
exemple, le regroupement de la grande bourgeoisie appelé Conseil
canadien des chefs d'entreprises a écrit au premier ministre Jean
Chrétien le 26 novembre lui demandant de dépenser de l'argent sur
la sécurité et sur la circulation transfrontalière des personnes
et des biens. Lisez les instructions du Conseil et vous verrez
que Paul Martin les a suivies à la lettre.

Lorsqu'on lit le discours du budget, on se demande quel pays
cela concerne. Aucun des problèmes humains que vit le Canada n'y
est abordé. Le ralentissement économique est à peine mentionné et
lorsque le ministre y fait allusion c'est pour justifier la
remise de millions de dollars aux monopoles de la construction de
l'infrastructure. Le chômage, la pauvreté, les faillites et les
problèmes de la santé, de l'éducation et de la culture ne sont
pas mentionnés. Le ministre laisse entendre que tout cela a déjà
été résolu dans les énoncés budgétaires précédents. Les
réclamations que les Canadiens et Canadiennes sont en droit de
faire à la société du fait qu'ils sont des êtres humains avec des
besoins et des droits, cela n'entre pas dans les calculs. Pas
plus que le problème fondamental de comment assurer la
reproduction dans une économie moderne. La seule allusion que le
ministre fait au problèmes fondamentaux de l'économie
capitaliste, c'est lorsqu'il parle en passant du ralentissement
de l'économie. Mais il ne fait qu'effleurer le sujet et ne parle
pas de la grande destruction des forces productives et de la
misère humaine qui en résultent. Il ne répond pas aux
préoccupations des Canadiens et Canadiennes face à une économie
capitaliste incapable de se renouveler, de pouvoir aux besoins du
peuple et d'éviter la crise et la guerre. Le financement
additionnel présenté dans son énoncé concerne en majeure partie
le renforcement de la machine de répression et les préparatifs de
guerre. C'est la poursuite de l'offensive contre les droits
civils et humains des Canadiens et Canadiennes, des mesures qui
rendront plus difficile aux individus et aux collectifs de se
défendre. L'énoncé budgétaire entre dans la tendance au
renversement des acquis du vingtième siècle dans la lutte pour le
droit de conscience et le droit à un moyen de subsistance et pour
limiter le pouvoir d'exploiter de la classe dominante.

Le budget du 10 décembre comprend des fonds additionnels
pour la police et les forces armées, mais pour le reste les
finances de l'État restent essentiellement échangées. Le ministre
n'a même pas senti le besoin d'énumérer les dépenses et les
revenus comme cela se fait habituellement parce qu'il n'y a
pratiquement aucun changement depuis l'énoncé d'octobre 2000.
Nous avons nous-mêmes reconstruit le tableau (ci- dessous).
Plutôt que d'énumérer les sources de revenu, le ministre parle
d'une nouvelle taxe de 12$ pour les usagers du transport aérien.

M. Martin refuse de considérer la possibilité qu'il y ait
d'autres moyens pour l'État d'amasser des revenus que d'extirper
de l'argent aux contribuables pour les taxes et impôts. Son
budget tourne autour des six demandes des monopoles en ce moment:
de l'argent pour garantir la sécurité à la frontière
canado-américaine; de l'argent pour faciliter le mouvement des
biens et de certaines catégories de personnes au- delà des
frontières; de l'argent pour la construction d'infrastructures et
d'autres projets de «stimulation de l'économie»; de l'argent pour
la GRC et l'agence de renseignement SCRS; de l'argent pour les
forces armées.

Le budget fédéral enlève encore plus à l'économie.

Le budget du 10 décembre continue la tendance à prendre à
l'économie plus qu'on y remet. Comme partie des nouvelles
dépenses, 6,2 milliards de dollars sont retirés de l'économie
pour servir l'appareil militaire, les forces policières et les
infrastructures de sécurité. C'est une valeur sociale qui est
enlevée à l'économie et perdue à jamais. Ce ne sont pas de
nouveaux investissements dans une usine ou une industrie pour
contribuer au renouvellement de l'économie; ce ne sont pas des
investissements dans la santé et l'éducation des Canadiens et
Canadiennes; ça ne met pas de l'argent dans les poches des plus
démunis qui se retourne presqu'immédiatement dans l'économie
parce qu'ils doivent s'en servir au complet pour acheter les
choses de première nécessité; c'est une valeur sociale retirée de
l'économie et jetée dans le marais stagnant des forces de
répression.

En cette période d'offensive néolibérale antisociale, les
budgets fédéraux sont de nature très réactionnaire. Ils ne
changent pas grand'chose, sauf pour réagir aux besoins du moments
de l'État et des monopoles les plus influents. Les discours du
budget ne contiennent plus de tableaux complets des dépenses et
des revenus et se limitent à ce qu'ils appellent «les initiatives
nouvelles». Les dépenses en initiatives nouvelles dans ce budget
totalisent 11,2 milliards $ pour l'année prochaine et 6,1
milliards $ pour l'année suivante. De cette somme, 6,2 milliard
sont des dépenses additionnelles pour la défense et la sécurité.

La somme annuelle dépensée pour la défense représente 6% du
budget, soit approximativement 10 milliards $. La somme pour les
mesures de sécurité, y compris la GRC, les prisons fédérales et
ainsi de suite, est placée dans la catégorie des opérations
courantes et s'élève à 21 milliards $, soit 15% du budget. Cela
comprend également le fonctionnement de la bureaucratie
gouvernementale. Les dépenses annuelles totales de 31 milliards $
pour la défense, la sécurité et la bureaucratie représentent une
somme énorme qui est retirée à l'économie, dans une grande mesure
perdue à jamais. Même avant l'augmentation cette catégorie
représentait 21% du budget fédéral. Les provinces et les
municipalités dépensent également d'énormes sommes pour la
police, les prisons et la bureaucratie. La somme dépensée par le
fédéral pour la défense, la sécurité et la bureaucratie
représente environ 3% du produit intérieur brut. C'est un des
aspects de l'économie impérialiste qui ne contribuent pas au
renouvellement.

En plus de ce 31 milliards $, il y a la dette nationale qui
pèse lourd dans la balance. Le paiement des intérêts sur la dette
publique fédérale représente environ 26% du budget, soit 42
milliards $. De cette somme, une quantité inconnue quitte le pays
ou se perd dans d'autres avenues. Une bonne partie de la dette
est détenue par de riches Canadiens qui utilisent les paiements
d'intérêt qu'ils reçoivent pour acheter des produits de luxe.
L'intérêt sur la dette fédérale représente environ 4% du PIB.
C'est un autre aspect qui ne contribue pas au renouvellement de
l'économie canadienne.

Pour payer pour ces dépenses, en particulier les
«initiatives nouvelles» concernant la défense et la sécurité, le
gouvernement a introduit une nouvelle taxe pour les usagers du
transport aérien (12$ par vol pour un total de 430 millions $ par
année), il augmente la taxe sur les produits du tabac (440
millions $) et il continue de se servir des surplus de
l'assurance-emploi comme partie de ses revenus (8 milliards $ par
année).

Un autre hic du budget est que les 2 milliards $ de la
Fondation des infrastructures stratégiques dépendent d'un surplus
budgétaire après que toutes les autres dépenses sont payées. Si
le ralentissement économique se poursuit, les revenus du
gouvernement vont diminuer et le déficit est assuré, ce qui jette
le froid sur ce programme de dépenses pour la construction
d'infrastructures. Les autres dépenses nouvelles qui circuleront
dans l'économie sont inférieures à 2 milliards $.

Tableau 1: Summaire des opérations (en millions $)

2000-2001, 2001-2002, 2002-2003, 2003-2004

Opérations budgétaires Revenus budgétaires 178,6 171,3 174,7
180,7 Dépenses de programmes 119,3 130,5 136,6 140,2 Solde des
opérations 59,2 40,7 38,2 40,4 Frais de la dette publique 42,1
39,2 36,3 38,1 Moins: Réserve pour éventualités 1,5 2,0 2,5 Solde
budgétaire 17,1 0,0 0,0 0,0 Dette publique nette 547,4 547,4
547,4 547,4 Tableau 2: Revenus budgétaires 2000-2001 (en millions
$)

Revenus de l'impôts Impôt sur le revenu des particuliers 82 305 Impôt sur le revenu des entreprises 28 212
Autres revenus d'impôt 4 312 Primes d'assurance-emploi 18 731
Droits et taxes d'accises 36 116 Total 169 676

Revenus autre que l'impôt Revenus d'investissements 6 144
Autres 2 770 Total 8 914

Total des revenus budgétaires 178 590 Tableau 4
Dépenses budgétaires 2001 (en millions $)

Dépenses de programmes directes 37 159 Transferts aux
particuliers 24 724 Transferts aux autres niveaux de gouvernement
9 696 Défense nationale 47 769 Dépenses de programmes 119 348Frais de la dette publique 42 094 Total des dépenses budgétaires 161 442

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