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Sit-in à Rabat pour les droits humainsvieuxcmaq, Thursday, December 13, 2001 - 12:00
Geneviève Gélinas (gengelinas@hotmail.com)
Plus de 300 Marocain(e)s ont bravé la pluie le 10 décembre au soir pour manifester pendant une heure en plein centre-ville de Rabat, la capitale. Le 53e anniversaire de la Convention des droits de l’homme était l’occasion pour eux de revendiquer leurs droits encore brimés dans un pays qui tente de présenter une image d’ouverture. Venus des quatre coins du Maroc, les militants des droits humains, syndicalistes et journalistes ne semblaient pas incommodés par la pluie. Au contraire, dans ce pays éprouvé par trois ans de sécheresse, la pluie, c’est la « baraka » (bénédiction). L’Association marocaine des droits humains (AMDH), l’organisatrice du sit-in, avait inscrit le thème de la manifestation sur une banderole : « la satisfaction des revendications pressantes relatives aux droits humains est une nécessité à la construction de l’État de droit ». Un peu long comme slogan? Pas autant que la liste des « revendications pressantes ». C’est qu’au Maroc, pendant que le pouvoir se fignole une image d’ouverture, le dossier des droits humains avance à pas de tortue. La liste des demandes urgentes n’aurait sans doute pas pu tenir sur une simple banderole. Qu’est-ce qui « presse » au Maroc ? Lorsqu’on pose la question à Abdelhamid Amine, président de l’AMDH, il nous répond : une réforme constitutionnelle, l’égalité des hommes et des femmes, et la lutte contre l’impunité dans le dossier des tortures, assassinats, détentions arbitraires et disparitions forcées. Déjà tout un programme. Les slogans des manifestants se solidarisent avec les peuples de Palestine, d’Irak et d’Afghanistan, en égratignant les Américains au passage. La liste dressée dans le communiqué de l’AMDH ajoute à ces revendications la réforme du code des libertés publiques, un dossier qui n’en finit plus de traîner au Parlement, et la question amazigh (peuple autochtone de l’Afrique du nord). Une horde de diplômés chômeurs était venue revendiquer son droit au travail, tandis que les journalistes soutenaient la liberté de la presse, récemment écorchée par la saisie de l’hebdomadaire satirique Demain. De nombreuses familles de disparus brandissaient la photo de leur père, frère ou mari, disparus pendant les « années de plomb » (de l'indépendance, en 1956, jusqu'à la mort de Hassan II, en 1999) et dont ils n’ont toujours pas de nouvelles. La police discrète mais omniprésente Le sit-in s’est déroulé sans anicroche, malgré l’omniprésence de la police. Plusieurs fourgonnettes stationnaient dans les rues avoisinant la manifestation. Le sit-in se déroulait sur le large terre-plein au milieu de l’avenue Mohammed V, devant l’édifice des Postes. Les gendarmes qui dirigeaient la circulation demandaient aux personnes voulant traverser si « elles allaient participer au sit-in ». Méfiants, ceux qui répondaient non étaient empêchés de passer, sous prétexte qu’il ne fallait pas surcharger le lieu de la manifestation pour ne pas nuire à la circulation. De nombreux retardataires sont donc restés coincés sur les trottoirs, mêlés aux curieux. Une rumeur circulait parmi les militants avant la manifestation : les autorités auraient, de manière officieuse, autorisé la manifestation. Cette seule permission est déjà une victoire dans ce pays où l’on est encore fort porté sur la matraque. Au cours du seul dernier mois, les enseignants et les diplômés chômeurs y ont goûté à Rabat, ainsi que des manifestants soutenant la Palestine à Casablanca. La manifestation de l’AMDH organisée à pareille date l’an dernier avait tourné au vinaigre. La police avait tabassé les manifestants et 36 personnes avaient été arrêtées, pour écoper d’une peine de trois mois de prison et 3000 dirhams (environ 400 dollars) d’amende. Ils ont fait appel de leur condamnation et ont finalement été acquittés, mais le souvenir de l’année précédente était encore vivace. On craignait la répétition du scénario, mais les appréhensions des militants ont été démenties, pour cette fois-ci.
Site web de l'Association marocaine des droits humains
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