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L'empire occidental dans ses oeuvres (nouveau cycle des négocations à l'OMC)vieuxcmaq, Wednesday, October 17, 2001 - 11:00 (Analyses)
Carl Desjardins (cdesjardins10@hotmail.com)
Jamais, comme en ce début de 21e siècle, le monde n'a été aussi profondément divisé. Jamais l'écart entre le niveau de vie des pays industrialisés et celui des pays en développement n'a été aussi grand.
Jamais le fossé entre le Nord et le Sud n'a été aussi large. Jamais l'opposition entre gouvernements du Nord et gouvernements du Sud n'a été aussi frontale, un mois jour pour jour avant l'ouverture de la 4e conférence ministérielle de l'Organisation Mondiale (OMC) du Commerce, De cette situation catastrophique pour la communauté humaine, les pays industrialisés portent la première responsabilité. Ils ont délibérément compromis la formidable chance offerte par la fin de la guerre froide et la division du monde en deux blocs idéologiques. Au Depuis Seattle, où ils ont refusé un nouveau cycle de négociations mettant davantage encore de matières sous la coupe de l'OMC, les pays en développement, qui forment l'écrasante majorité des 142 États membres de l'OMC, ont, semaine après semaine à Genève, demandé qu'un engagement pris à Marrakech soit tenu : une évaluation des accords Ce refus vient encore d'être exprimé avec éclat, le 19 septembre à Genève, où les États-Unis, avec brutalité, et l'Union européenne, à travers l'hypocrisie d'un document à l'allure généreuse, ont refusé toute modification de l'Accord sur les droits de propriété intellectuelle, modification demandée par les pays en développement afin de garantir l'accès aux médicaments essentiels. Pour l'Occident, il s'agit avant tout de protéger les plantureux bénéfices des entreprises pharmaceutiques. Non seulement, les pays riches refusent de reconnaître l'échec de leurs dogmes sur l'immense majorité de la planète, mais ils persévèrent avec une arrogance qui dément leurs propos de circonstance sur la lutte contre la pauvreté. L'Union européenne a pris la tête d'une campagne effrénée en faveur d'un nouveau cycle de négociations Toutefois, ils rencontrent une résistance à laquelle leur suffisance ne les avait pas préparés : fin juin, puis fin juillet, lors de réunions organisées à l'OMC à Genève, il est apparu clairement qu'aucun accord entre pays riches et pays en développement n'était atteint sur le principe d'un nouveau round. Fin juillet, sur les 20 matières que l'Union européenne veut inclure dans ce nouveau round, le consensus nécessaire n'a pu être atteint malgré les pressions en tous L'Afrique, d'une même voix, déclare que « les pays africains ne sont pas demandeurs de nouvelles négociations multilatérales sur de nouvelles matières ; qu'ils ne sont pas en mesure de remplir les obligations qui découleraient de ces négociations ; qu'ils ne sont pas convaincus que la libéralisation de ces nouvelles matières leur serait En Asie, l'Inde a répété son hostilité à tout nouveau round. Réunis à Bangkok le 28 septembre, 33 pays d'Asie et du Pacifique ont dénoncé le caractère ambigu des documents présentés par l'OMC en vue de la prochaine conférence ministérielle et ont déclaré qu'ils préféraient une renégociation des Accords de Marrakech à tout nouveau round. De cette résistance massive aux exigences des pays riches, l'Union européenne n'a cure. Pas plus que les Etats-Unis et les autres pays industrialisés. Avec la complaisance voire la complicité des media, ils pratiquent un silence de plomb sur les positions des pays en développement et ne manquent aucune occasion de faire croire à leurs opinions publiques que leur point de vue est partagé par les pays du Certes, on entend depuis peu certains partis politiques Le 26 septembre, les pays riches ont franchi une nouvelle étape. Ils ont inspiré deux documents préparés par l'OMC qu'ils espèrent faire adopter par la prochaine conférence ministérielle. Le premier est le projet de déclaration ministérielle qui devrait officiellement ouvrir le nouveau round. Aucune des attentes formulées par les pays du Sud Ces deux textes ont été reçus comme une « sale gifle » (« a dirty slap ») par les pays en développement. Réagissant au nom des 49 Pays les Moins Avancés (PMA), l'ambassadeur de Tanzanie auprès de l'OMC a rappelé, le 2 octobre, que les PMA ne sont pas préparés pour un nouveau round et qu'ils ne sont pas en mesure de participer à de telles négociations, ni à remplir les obligations qui en découleraient. L'ambassadeur de Malaisie a demandé que les pays riches Sans doute soucieux de se servir de l'atmosphère du moment, le commissaire européen Pascal Lamy a, quant à lui, déclaré sans rire, le 1 octobre, qu' «un nouveau round aiderait à combattre le terrorisme »... La duplicité des pays européens est sans limite. Nos gouvernements tiennent des propos lénifiants sur la lutte contre la pauvreté tout en adoptant, là où se prennent les décisions, des positions qui accroissent la pauvreté et la dépendance des peuples du Sud à l'égard du Nord. Il est urgent de placer chacun de nos parlementaires, chacun de nos ministres devant leurs responsabilités. Car, en dernier ressort, c'est dans chaque pays qu'est décidée la politique conduite par l'Union européenne et par l'OMC. Raoul Marc JENNAR Chercheur auprès d'Oxfam Solidarité (Bruxelles) et de l'URFIG (Paris) -Tiré de Belgium Indymedia |
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