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Qui joue avec le feu ?

vieuxcmaq, Monday, October 1, 2001 - 11:00

surfing team samizdat (samizdat@samizdat.net)

A propos d'une tentative d'incendie criminel contre le CICP

Dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 septembre, des individus ont mis le feu au bloc d'alimentation électrique du Centre international de culture populaire (CICP). Le feu n'a fait finalement que peu de dégâts, en particulier grâce à l'intervention rapide des pompiers appelés par des voisins.

Les murs extérieurs du centre, et le trottoir devant la porte d'entrée principale exhibent depuis deux graffitis : « Samizdat = Tute Bianche = Balances » et « Pas de courent pour les collabos » (la faute est de l'auteur).

Tout laisse donc à penser que cet acte de vandalisme visait à empêcher le concert de soutien à Samizdat et aux victimes de la répression policière lors des manifestations de Gênes en juillet dernier... dont certains avaient passé la semaine précédente à proclamer qu'il « ne se tiendrait pas » !

Nous ne savons pas qui a commis cet acte qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques dans cette ancienne usine, dont la structure est en bois et où il est fréquent que des gens travaillent jusqu'à des heures tardives. Mais comme nous n'avons pas une âme d'enquêteurs, cela nous importe finalement assez peu.

Ce qui nous importe, par contre, c'est bien le contexte dans lequel s'inscrit cette action, et en particulier le fait qu'elle vienne couronner deux mois d'une assidue campagne de « purification idéologique » qu'un petit groupe de gens, qui aiment à se définir comme des « radicaux » et des « révolutionnaires », s'est mis en tête de conduire contre nous, entre autres.

Une campagne faite non seulement d'une abondante production de textes aussi imbéciles que mensongers (essentiellement consacrés à dénoncer le mouvement italien des « Tute Bianche », voir le texte « La police infiltrée par le Black Bloc... ou le contraire » et le journal bien nommé « Les témoins de Genova »), mais aussi d'inacceptables interventions de type mafieux : menaces physiques contre des membres réels ou supposés de samizdat.net, sabotage (verbal) du débat organisé par le Cedetim le 10 septembre sur le thème de « La radicalité politique après Gênes », pressions sur les membres de la Commission concert du CICP pour faire annuler le concert du 30 septembre, pressions pour faire interdire de parole tel intervenant à un débat sur la prison, etc.

Ces pratiques, qui rappellent bien plus les temps sombres des escadrons fascistes qu'autre chose, seraient justifiées par des prétendus « appels à la délation contre le Black Bloc » dont nous serions les auteurs... et dont, soit dit en passant, nous défions quiconque de trouver l'ombre d'une trace dans les plusieurs centaines de dépêches, articles et communiqués que nous avons publiés sur Gênes, tant sur les pages de l'HNS (http://hns.samizdat.net) que sur celles du T(N)E (http://genova.samizdat.net).

Bien avant les événements de Gênes, nous avions clairement exprimé à plusieurs reprises notre position :

1) Toute tentative de division du mouvement entre les « bons pacifistes » et les « mauvais violents » était inacceptable (voir l'article « Göteborg par la lorgnette italienne » : http://hns.samizdat.net/article.php3?id_article=102).

2) En tant que collectif de communication alternative, nous retenions comme nécessaire de donner la parole à toutes les composantes du mouvement (voir l'article « Donner corps à la polyphonie des multitudes de l'Empire » : http://hns.samizdat.net/article.php3?id_article=92). Ce que nous avons effectivement fait en publiant aussi bien des textes du GSF, d'Attac, de Aarg, de No Pasaran, des Anarchistes contre le G8, d'Alternative Libertaire... que des diverses composantes du Black Block que nous sommes censés avoir « dénoncées ».

Pour faire de nous des « ennemis », et justifier la tentative de nous faire taire par la terreur, il a fallu mobiliser beaucoup de malhonnêteté : par exemple en prétant à Serge Q. des propos qui sont les siens, sans jamais renvoyer à son texte (http://genova.samizdat.net/article.php3?id_article=626)... et pour cause : cela aurait supposé de renvoyer sur samizdat.net et de permettre au lecteur de se rendre compte que la littérature de salle de gare ultra-gauchiste se fonde d'abord sur la mystification, comme n'importe quelle propagande.

Pour faire des « Tute Bianche » les ennemis suprêmes, il a fallu abondamment traduire la pire presse de régime italienne, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes pour des gens qui nous gavent de considérations sur les « journaputes », comme ils disent, et sur le rôle de supplétifs de l'Etat de tous les médias. Il est vrai que les mêmes affirment que le Black Block n'existe pas, et en même temps nous accusent d'appeler à la répression contre ce même « Black Block ».

Que des imbécilités soient érigées en justifications « politiques » de comportements de petites frappes mafieuses, voire d'inconscients incendiaires nocturnes, est en soit un fait grave.

Qu'est-ce qui peut en effet justifier que l'on vienne à quatre ou cinq, de nuit, mettre le feu à un boitier électrique, au risque de provoquer un court-circuit et un incendie qui pouvait mettre en péril la vie des voisins ? Quel est cet égo « révolutionnaire » tellement sur-dimensionné que l'on peut prendre le risque de détruire un des seuls espaces associatifs collectifs de Paris ?

Faut-il aussi rappeler que le CICP héberge plus de 200 associations et collectifs (solidarité internationale, sans-papiers, anti-fascistes, informatique libre, etc.) qui auraient pû perdre dans cette affaire l'essentiel de leurs moyens d'action et d'intervention ?

Pour nous, il est clair que, quelle que soit l'identité des auteurs effectifs de l'incendie criminel contre le CICP, la responsabilité politique en incombe avant tout à ceux qui ont fourni la substance politique de cette tentative de « purification idéologique », tout comme à ceux qui ont servi, par faiblesse ou par intérêt, de caution à celle-ci.

A l'heure où nous sommes coincés entre la folie guerrière des Etats et leur volonté évidente de rogner les libertés publiques et individuelles (Vigipirate, loi sur la cryptographie, rétablissement du contrôle aux frontières de l'UE, etc.), nous n'avons pas de temps à perdre avec des querelles groupusculaires que nous n'avons pas voulues.

Cette pantalonade ridicule et dangereuse doit donc immédiatement cesser.

Paris, le 1er octobre 2001
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