"Il est important de revenir à une vie normale." Quelle est la signification réelle de cette phrase qui est en contradiction totale avec celle de la semaine d'avant où les gens disaient que rien ne serait plus jamais pareil.

Depuis plusieurs jours, suite au événements du 11 septembre à New York et Washington, il est une phrase que l'on entend régulièrement, à peu près comme suit : "Il est important de revenir à une vie normale." Quelle est la signification réelle de cette phrase qui est en contradiction totale avec celle de la semaine d'avant où les gens disaient que rien ne serait plus jamais pareil.

Or qu'est-ce que mener une vie « normale » aux Etats-Unis? C'est consommer, tout et n'importe quoi. Consommer pour rêver, consommer pour arriver, consommer pour montrer, consommer pour consommer, consommer pour ne pas être marginalisé, et désormais consommer par patriotisme, pour cacher l'inquiétude légitime.

Donc, nous, les consommateurs, devrions faire fi des cours boursiers, des mises à pied qui se précipitent, des faillites qui pointent le bout de leur nez et recommencer à voyager, à s'acheter des objets inutiles, à fuir en avant pour ne pas faire face à la réalité; bref, à entretenir une irresponsabilité qui nous a collectivement mené à ces attentats.

Comment se fait-il que tant d'hommes d'affaires ont retiré leurs billes de la bourse, ont mis tant de gens à pied, ou ont décidé d'investir dans des domaines sans rapport autre que le profit si ce n'est parce que la fidélité de leur patriotisme va beaucoup plus au capital qu'aux États-Unis.

Je ne peux m'empêcher de me dire que ce que les autorités encourage n'est ni plus ni moins qu'un infantilisme primaire. Les Américains n'ont jamais été aussi endettés, le pourcentage d'épargne collectif des citoyens est, depuis 3 ans, négatif, un fait sans précédent dans l'histoire de ce pays. Plus de 250,000 emplois ont été supprimés depuis 6 mois, et tout semble indiquer que la saignée est loin d'être finie.

La récession était déjà amorcée avant l'attentat; l'Amérique du Sud est en crise de même que l'Asie, le passage à l'Euro s'annonce problématique, et le vieillissement de la population pèse de plus en plus lourd sur les infrastructures d'état.

Mais le gouvernement va les aider, à travers les contribuables, et ces employés recevront des prestations de chômage, eux aussi payés par les contribuables. Ainsi, une fois de plus, nous socialiserons les pertes. Et comme d'habitude, lorsque les choses iront mieux, nous privatiserons les gains.

Espérons que cette folie commandée trouvera des consommateurs plus responsables que leurs dirigeants, car l'avenir que semblent nous préparer ces derniers cadre mal avec leurs paroles. En ce qui a trait au patriotisme, si j'étais Américain, je répondrais: « Je vous remercie, mais comme on vient juste de donner 40 milliards, on est un petit peu serré, ces jours-ci. »

Le jour où les élites politiques et financières feront preuve du même altruisme patriotique que ce qu'elles nous demandent, nous reconsidérerons la chose. En attendant, permettez nous d'être sceptiques.

Daniel Breton
responsable des communications
Parti Vert du Québec
www.partivertquebec.org