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Les baisses d'impôt sont-elles socialement bénéfiques?vieuxcmaq, Thursday, August 2, 2001 - 11:00 (Analyses)
Vincent Françcois (vboreale@sympatico.ca)
En réitérant sa promesse de réduire substantiellement les impôts, le chef de l'opposition Jean Charest témoigne une fois de plus d'une vision éculée, étroite et passéiste de l'économie. En réitérant sa promesse de réduire substantiellement les impôts, le chef de l'opposition Jean Charest témoigne une fois de plus d'une vision éculée, étroite et passéiste de l'économie. Quelques semaines plus tard, ce fut au tour de l'ancien premier ministre conservateur, Bryan Mulroney, de prôner la baisse des taxes, celui-là même qui a tranquillement livré le Canada aux États-Unis avec un accord du libre-échange purement économique. En affirmant que les entreprises du Québec sont les plus taxées d'Amérique du Nord, Jean Charest fait preuve, soit d'ignorance, soit d'une mauvaise foi partisane. En effet, selon un rapport de la firme financière KPMG, le taux réel d'imposition des sociétés au Québec est inférieur à la moyenne du Canada et aux taux américains (31% au Québec contre 36% en Ontario et aux États-Unis). De plus, contrairement à ce qu'affirment les libéraux, le taux d'imposition n'est pas le seul acteur ayant de l'effet sur la concurrence de nos entreprises. Par exemple, les impôts fonciers sont deux fois plus faibles au Québec qu'aux États-Unis et qu'à la moyenne canadienne; le coût de la main d'oeuvre est 45% plus faible au Québec qu'aux États-Unis, il n'y a au Québec aucun impôt sur les transactions comme c'est le cas dans le reste du Canada et aux États-Unis, les coûts de transport au Québec sont 35% plus faible au Québec qu'aux États-Unis et de 17% plus faible que la moyenne canadienne. À la vue des ses chiffres, comment Monsieur Jean Charest peut-il affirmer que les entreprises au Québec sont les plus taxées en Amérique du Nord et que seule une baisse d'impôts peut les rendre concurrentielles? Il est clair que ce discours ainsi que le mythe de l'exode des «cerveaux » créé par C.D. Howe et le Conférence Board constituent de la propagande pour que la population se résigne à accepter l'enrichissement d'une minorité et à la réduction, en faveur de cette dernière, du pouvoir de l'État. Malgré plusieurs sondages montrant que la majorité des Québécois préfèrent un investissement dans les services sociaux qu'une baisse d'impôt, le programme du parti libéral mais également ceux des péquistes et des adéquistes prônent des baisse massives d'impôts. À qui profiteraient réellement ces baisses d'impôt. Sûrement pas aux 43% des contribuables québécois qui ne payent déjà plus d'impôts. Suite à une nouvelle baisse des revenues de l'État, comment le parti libéral pourra, selon ses nouvelles résolutions soi-disant «de gauche», indexer les prestations d'aide sociale et les rendre inconditionnelles? En réalité, les seuls à qui profiteront une baisse des impôts sont les 10% de Québécois qui gagnent plus de 50,000$ par année, surtout grâce au plan libéral d'élimination de la taxe sur le capital. Les investissements faits par cette tranche de la population se retrouvent de plus en plus dans des fonds étrangers, ce qui entraîne une fuite de capital. Pendant ce temps, les 90% des Québécois restant subiront des baisses de services sociaux. Par ailleurs, la baisse des revenues de l'État entraînera des problèmes de financement et de fonctionnement des services de santé et d'éducation, les rendant plus dépendant du privé et ouvrant la porte à leur privatisation. La réduction d'impôt crée-t-elle des emplois? Rien n'est moins sûr. En réalité, ces affirmations économiques ne sont que spéculatives et ne sont aucunement scientifiques puisque jamais démontrées, ni expérimentées. De toute façon, la création d'emplois est loin d'être l'unique outil de lutte contre la pauvreté comme l'affirme la doctrine ultra-libérale. Si cela était, il ne devrait plus y avoir de pauvres aux États-Unis ce qui est loin d'être le cas. Il faut également se rappeler qu'au Mexique, le taux de chômage est en dessous de 5%. Selon une étude définissant un indicateur de pauvreté, l'Organisation des Nations Unis classe le Canada 11e parmi 18 pays membres de l'OCDE. Les États-Unis, paradis des néolibéraux, se classent en dernière position. L'Irlande, l'exemple à suivre selon Monsieur Bernard Landry se classe en 17e position. Il est, par ailleurs, curieux de constater que les quatre dernières positions sont tenues par quatre pays à tendance néolibérale, soient la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, l'Irlande et les États-Unis. En plus de la création d'emploi, il faut également parler de la qualité des emplois créés. Le nombre d'emplois rémunérés au salaire minimum est considérable et malgré l'augmentation horaire récente de 10 misérables cents, ces travailleurs vivent toujours sous le seuil de pauvreté. Entre 1983 et 1999, la rémunération moyenne des Québécois a augmenté en moyenne de 2.6% par année alors que le PIB du Québec s'est vue augmenté en moyenne de 5.1% par année. Qui encaisse la différence? L'accroissement de la richesse a déjà entraîné la hausse des salaires des dirigeants des sociétés québécoises de manière disproportionnée par rapport à ceux de leurs employés. Il est évident qu'une baisse des impôts et de la taxe sur le capital ne fera qu'aggraver la situation. Au lieu de baisser les impôts, il serait profitable de penser à un revenu minimum garanti permettant la redistribution de la richesse vers des futurs consommateurs qui dépenseront avant tout localement Sommes-nous condamné à devenir comme les États-Unis? Un pays où, parmi ceux du G7, règnent les pires inégalités sociales, le taux de criminalité est le plus élevé, où les règlements environnementaux sont les moins restrictifs, où la mortalité infantile est la plus élevée, où le taux d'obésité est le plus élevé et où l'espérance de vie est la plus faible. Sommes-nous obligé de ressembler à ce pays sous prétexte que nos entreprises seront plus concurrentielles? Est-ce que le projet de société que nous voulons bâtir ne sera analysé que du point de vue d'une certaine économie désuète et inadaptée aux nouveaux enjeux? La soi-disant « loi » des marchés ne peut régir nos vies de manière durable. Ce marché ne se préoccupe que du profit à court terme, sans considération sociale et environnementale à moyen et à long terme. Une des conséquences de ces politiques ultra-libérales est sans conteste l'incapacité du marché à régler le problème dangereux des changements climatiques dûs aux émissions anthropiques des gaz à effet de serre. Si un domaine économique est à développer de manière urgente, c'est bien celui des énergies alternatives renouvelables qui seront inévitablement les énergies conventionnelles du futur. Le Québec possède un immense potentiel dans ce domaine. Alors, pourquoi ne pas oser la véritable innovation technologique et économique, et d'investir réellement dans le futur en changeant nos comportements économiques et politiques destructeurs envers notre seule et unique planète? Xavier Daxhelet
Site du Parti Vert du Québec
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