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Genova - Étape cruciale

vieuxcmaq, Friday, July 13, 2001 - 11:00

Christophe Aguiton (attacint@attac.org)

Le G8 se réunit à Gênes du 20 au 22 juillet

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Tout indique que Gênes sera la plus importante mobilisation jamais organisée contre la "mondialisation libérale". Plus de 10 000 manifestants sont attendus en provenance des pays européens, avec de fortes délégations britanniques, espagnoles, allemandes, grecques et françaises. Quant aux militants italiens du GSF, le Genoa Social Forum, la structure unitaire qui rassemblent des associations, partis, ONG et syndicats, ils pensent rassembler plus de 100 000 personnes pour la journée du samedi 21 juillet qui sera le point culminant des manifestations.

Gênes, une étape cruciale, en Italie, en Europe et dans le monde, pour les mouvements de lutte contre la "mondialisation libérale"

Tout indique que Gênes sera la plus importante mobilisation jamais organisée contre la "mondialisation libérale". Plus de 10 000 manifestants sont attendus en provenance des pays européens, avec de fortes délégations britanniques, espagnoles, allemandes, grecques et françaises. Quant aux militants italiens du GSF, le Genoa Social Forum, la structure unitaire qui rassemblent des associations, partis, ONG et syndicats, ils pensent rassembler plus de 100 000 personnes pour la journée du samedi 21 juillet qui sera le point culminant des manifestations.

Jamais une initiative n'a été précédée d'une telle pression médiatique. Depuis des semaines, les grands journaux italiens consacrent des pages entières à la préparation des manifestations et la presse européenne est en train de lui emboîter le pas. Cette pression s'explique par la tension liée aux manifestations de Göteborg où la police a tiré à balle réelle, mais aussi à l'ampleur que prennent désormais les mobilisations, et cela dans tous les pays du monde.

Dans le débat public c'est la mobilisation qui l'emporte désormais sur les rencontres de chefs d'états. C'était le cas pour la presse, mais cela prime également dans les interventions des responsables de gouvernement ou d'institutions internationales. Avant Gênes on a ainsi vu Mickael More, directeur général de l'OMC et Hubert Védrine, ministre français des affaires étrangères, expliquer une fois de plus que les "manifestants se trompaient de cible", les institutions en cause étant censées "réguler la mondialisation", et surtout qu'il faudrait que les mouvements opposés à la mondialisation libérale se dotent d'un "code de bonne conduite" en excluant les éléments violents, ce qui permettrait, en échange, la mise en place de lieux et d'espace de concertations qui associeraient ces mouvements aux négociations internationales.

Pour comprendre ce qui va se jouer à Gênes, il faut séparer, même si le tout est intimement lié, ce qui relève des problématiques italiennes des enjeux européens et mondiaux.

En Italie, la manifestation de Gênes sera un pas très important dans la construction du mouvement opposé à la mondialisation libérale mais aussi la première grande mobilisation anti-Berlusconi.

Comme dans tous les pays où un sommet international a été organisé, celui-ci a permis le lancement ou le renforcement du mouvement de protestation. Partout, et c'est une preuve tout à fait positive de l'enracinement local des mouvements, la très grande majorité des manifestants venaient des pays dans lesquels les sommets étaient organisés. Cela a été le cas à Québec en avril ou à Göteborg en juin et cela sera le cas à Gênes où les italiens - un pays où ATTAC vient de se créer avec un succès important - représenteront 80 à 90% des manifestants.

Sur le plan de la politique intérieure, l'élection de Berlusconi s'explique, plus que par une progression de la droite, par le rejet massif de la politique du gouvernement de centre gauche qui appliquait les recettes néolibérales et qui a donc déçu les milieux populaires et tout ce que l'Italie compte de forces militantes. Près de 10% des voix se sont portées sur des forces qui, à gauche, apparaissaient en rupture avec cette politique.

Berlusconi et le nouveau gouvernement symbolisent le pouvoir de l'argent - le chef du gouvernement possède la 14ème fortune du monde et il contrôle le premier groupe privé de l'audiovisuel italien - et est formé des groupes les plus réactionnaires d'Italie. L'Alliance nationale, parti d'origine fasciste est le premier allié du parti de Berlusconi, Forza Italia et la Ligue du Nord, raciste et populiste fait partie de la coalition. Une des première mesure prise par le gouvernement vise à flexibiliser encore le marché du travail, donc à accroître la précarité. Pour la gauche italienne et le mouvement social, qui était en pleine recomposition ces dernières années, il s'agira d'imposer un coup d'arrêt à cette politique et de faire un pas de plus dans un processus de mobilisation unitaire qui s'est déjà engagé : les syndicats de métallurgistes ont ainsi réuni, fin juin, 300 000 personnes dans une manifestation de refus des plans gouvernementaux.

Gênes sera également une étape pour la coordination des mouvements à l'échelle européenne. Ce continent connaît, comme beaucoup d'autres régions du monde, une re mobilisation sociale et militante, mais celle-ci est encore parcellisée et éclatée.

La diversité des réalités politiques et sociales entre les différents pays explique pour une bonne part cet éparpillement. Si l'Europe a été le berceau du syndicalisme et de nombreux mouvements, ceux-ci se sont modelés, au fil d'une histoire longue et fragmentée, dans des cadres nationaux très différenciés. La construction de l'Union européenne n'a pas permis, jusqu'à présent, de rapprochements substantiels. Ainsi, la reprise des luttes sociales, comme la grève générale des services publics en France en décembre 1995, et des mouvements opposés à la mondialisation libérale, Jubilee 2000 en Grande-Bretagne ou ATTAC en France, se sont, dans une première étape, développés dans des cadres nationaux.

La période récente marque cependant une évolution. En 1997, les "marches européennes contre le chômage, la précarité et les exclusions" ont parcouru toute l'Europe et se sont conclues par une manifestation, à Amsterdam, de plus de 30 000 personnes. Ce réseau s'appuyait sur les associations de chômeurs de différents pays et a profité de la mobilisation en soutien à la première grève à impact européen, celle des ouvriers de Renault Vilvorde, en Belgique, qui luttaient contre la fermeture de leur usine. Encouragé par ce succès, et craignant peut-être d'être dépassé par sa gauche, la Confédération européenne des syndicats se lançait, elle aussi, dans des mobilisations européennes, à Luxembourg fin 1997, puis à Porto et à Nice en 2000.

Seattle et la montée des mobilisations internationales a eu également un effet positif en Europe en facilitant le développement de nombreuses structures militantes, coalitions pour l'annulation de la dette des pays du tiers-monde, ATTAC, ou structures nationales comme le "Movimiento de Resistancia Global" dans l'État espagnol. Cologne en 1999, Prague en septembre 2000 puis Nice en décembre de la même année ont permis à ces réseaux de se mobiliser ensemble et de profiter de l'émergence d'un mouvement qui se renforce partout, comme l'ont montré les manifestations de Göteborg et de Barcelone qui ont réuni chacune, en juin 2001, près de 20 000 personnes.

Il reste un problème important qui n'est pas réglé : l'implication du syndicalisme dans ces mouvements. Dans de nombreux pays du Sud, mais aussi en Amérique du Nord, les syndicats participent aux mobilisations et aux rencontres, de Seattle à Porto Alegre et s'allient, même s'ils restent des débats et des divergences, aux autres mouvements militants. Nous n'en sommes pas là en Europe. A Prague, les jeunes formaient l'essentiel des manifestants et à Nice la CES a tenu à faire cortège à part et à ne pas se mêler aux manifestants opposés à la mondialisation libérale. L'ampleur du mouvement fait cependant bouger les choses. À Gênes les trois grands syndicats italiens ne seront pas aux manifestations où on retrouvera les syndicats les plus radicaux et militants : les SUD français, les Cobas italiens ainsi que la FIOM, les métallurgistes de la CGIL, le principal syndicat du pays, la CGT anarcho-syndicaliste d'Espagne et d'importants syndicats grecs. Mais à Barcelone, en juin, l'UGT et les CCO, les deux principaux syndicats, étaient présents à la manifestation qui a obligé la Banque mondiale à annuler la conférence qu'elle avait prévue de tenir dans cette ville. C'est peut-être là l'amorce d'un tournant plus général des grands syndicats européens !

Dernier enjeu, celui de la construction du mouvement à l'échelle mondiale.

Le forum qui sera organisé du 15 au 22 juillet sera important et il permettra à des dizaines de milliers de militants venant du monde entier de se retrouver et de discuter des alternatives nécessaires et de la situation des mouvements dans les différents continents. Mais ce n'est pas à Gênes que se discuteront les prochaines initiatives de mobilisations ni des étapes dans la construction du mouvement international. Il y a des cadres spécifiques, comme celui qui mobilise pour novembre de cette année, au moment où, à Qatar, se réunira l'assemblée générale de l'OMC ; il y a surtout Porto Alegre, où les mouvements sociaux et les campagnes se retrouveront. Gênes sera une étape importante pour analyser les stratégies des grands pays, dans ce qui fait fonction de "gouvernement du monde", et ce sera surtout un moment très important pour les campagnes qui, dans le monde entier, mobilisent pour l'annulation de la dette des pays du tiers-monde.

La réunion du G-8 traitera la situation économique mondiale où les Américains demandent aux Européens de baisser leurs taux d'intérêts pour faciliter la reprise économique. Le G-8 discutera aussi, comme les ministres des finances des grands pays ont commencé à le faire à Rome, les 7 et 8 juillet, de la réduction de la pauvreté. En fait, les grands pays veulent éviter d'aborder de front le problème de la dette en donnant la priorité des services de base que sont la santé et l'éducation. Pour cela, et en suivant l'esprit des recommandations du rapport que le congrès des Etats-Unis avait confié à Melzer, les ministres des finances demandent aux banques de développement (la Banque mondiale et les banques régionales de développement) de laisser au secteur privé les infrastructures telles que les télécommunications et les transports et de se concentrer sur des aides à la santé et l'éducation. Derrière une formule qui peut sembler alléchante - donner la priorité aux aides directes plus qu'à des prêts dont les remboursements augmentent la dépendance des pays du Sud - il ne s'agit que de la poursuite de la politique néolibérale qui laisse au privé l'essentiel des activités. Et, surtout, il s'agit de traiter le moins possible du problème de la dette qui est une des revendications majeures des manifestants qui seront à Gênes les 19, 20 et 21 juillet.

Le problème de la dette qui sera au coeur des discussions entre les différentes coalitions qui seront à Gênes : Jubilee Sud qui regroupe les coalisations de nombreux pays du tiers-monde, Drop the Debt en Grande-Bretagne, CADTM, etc.

Christophe Aguiton. Responsable du groupe international ATTAC
France
attacint@attac.org

ATTAC
www.attac.org/genes2001


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