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Le sous-commandant Marcos favorable à la taxe Tobinvieuxcmaq, Thursday, July 5, 2001 - 11:00 (Analyses)
Yanic Viau (yanicviau@hotmail.com)
Voici l'extrait d'une entrevue du sous-commandant Marcos, réalisée en avril 2001 au Chiapas par Ignacio Ramonet, dans laquelle le dirigeant de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) se positionne résolument en faveur de l'instauration d'une taxe Tobin. Rappelons que le projet de taxe Tobin, du nom du prix Nobel d'économie américain James Tobin qui en proposa l'idée dès 1972, consiste en une taxation modique des transactions sur les marchés des changes en vue de les stabiliser et, par la même occasion, procurer des recettes à la communauté internationale. Au taux de 0,1%, la taxe Tobin procurerait annuellement quelques 166 milliards de dollars, soit deux fois plus que la somme annuelle nécessaire pour éradiquer la pauvreté extrême. Voici l'extrait d'une entrevue du sous-commandant Marcos, réalisée en avril 2001 au Chiapas par Ignacio Ramonet, dans laquelle le dirigeant de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) se positionne résolument en faveur de l'instauration d'une taxe Tobin. Rappelons que le projet de taxe Tobin, du nom du prix Nobel d'économie américain James Tobin qui en proposa l'idée dès 1972, consiste en une taxation modique des transactions sur les marchés des changes en vue de les stabiliser et, par la même occasion, procurer des recettes à la communauté internationale. Au taux de 0,1%, la taxe Tobin procurerait annuellement quelques 166 milliards de dollars, soit deux fois plus que la somme annuelle nécessaire pour éradiquer la pauvreté extrême. Que pensez-vous d'une initiative comme la taxe Tobin? Elle nous semble très importante. Elle fait partie d'un autre genre de résistance à la globalisation qui consiste à édifier des barrières pour empêcher l'extension de la globalisation de manière à favoriser la reconstruction du collectif et d'un État plus solidaire. C'est pourquoi nous suivons avec le plus grand intérêt l'initiative lancée par Le Monde diplomatique en faveur de la taxe Tobin et défendue en particulier par une organisation comme ATTAC [Association pour une taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens]. Cette revendication se situe au cœur du problème. La logique d'une taxe Tobin, qui serait exigée lors de chaque transaction sur le marché des changes, s'attaque à la spéculation financière et touche le centre du mécanisme de la globalisation. Et, par ricochet, la taxe Tobin attaque le noyau central du pouvoir mondial contemporain, c'est-à-dire le pouvoir financier. Le cœur du pouvoir mondial aujourd'hui ne se situe pas à la Maison Blanche, à Washington, ou au siège de l'Union européenne, à Bruxelles. Le pouvoir réel est détenu par le capital financier. S'opposer à celui-ci, comme le font la taxe Tobin et l'organisation ATTAC, c'est s'opposer à la mise à sac du monde. Une mise à sac que nous, indigènes, nous subissons ici, au Mexique, depuis la conquête de 1492, il y a plus de cinq cents ans. Le monde connaît aujourd'hui une mise à sac comparable en raison de la globalisation, parce que celle-ci signifie la privatisation de tout ce qui est public et collectif ainsi que la privatisation de biens communs comme le savoir et les connaissances. Cette privatisation menace même le futur de l'humanité depuis le séquençage de génome humain. On s'achemine vers une privatisation de la vie. On privatise non seulement ce que le monde est actuellement, mais aussi ce qu'il pourrait être demain. […] On a pu observer que le Forum économique mondial de Davos, en janvier 2001, s'est tenu dans une certaine mauvaise conscience et sous le mot d'ordre: «Construire des ponts avec les déshérités.» «Construire des ponts», peut-être, mais qui ne permettent pas d'accéder au pouvoir financier! Ils vont construire des ponts pour que les déshérités puissent aller à la place qui leur a été assignée. Les gens sont placés devant l'alternative suivante: ou tu te laisses construire à un endroit où tu ne gêneras plus, ou alors, par force, tu acceptes d'entrer dans la globalisation. C'est pourquoi nous soutenons le mouvement en faveur de la taxe Tobin. Nous avons des débats et des désaccords importants avec des organisations qui se prétendent plus radicales et qui affirment que la taxe Tobin est une petite réforme qui laisse intacte le capitalisme. Nous pensons qu'imposer la taxe Tobin c'est s'attaquer de front au pouvoir financier, s'attaquer aux paradis fiscaux, s'attaquer à la dette du Tiers-monde. Et il s'agit là de trois objectifs majeurs dans la lutte aujourd'hui. Vous associez taxe Tobin et dette extérieure. Ce que peu de mouvement associatifs osent faire. On pourrait jumeler ces deux demandes. Parce que cela va soulager les deux plus graves menaces qui pèsent sur les pays pauvres: la spéculation financière et la dette extérieure. On peut tout à fait imaginer que si la taxe Tobin était instaurée, les premiers fonds recueillis par ce biais permettraient de payer las dette extérieure des pays pauvres. Les États riches sont placés devant un choix simple: soit ils annulent purement et simplement la dette (que d'ailleurs les pauvres ne peuvent payer et ne payeront pas). Soit ils acceptent d'instaurer la taxe Tobin dont les fonds permettraient, au moins en partie, de payer la dette et donc de soulager les pays pauvres. L'entretien complet a été publiée dans MARCOS, La dignité rebelle. Conversations avec le sous-commandant Marcos [avec Ignacio Ramonet], Paris, Éditions Galilée, 2001, 71 p. Diffusion: Yanic Viau, ATTAC-Québec
Site officiel d'ATTAC-Québec (Association québécoise pour la taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyenNEs).
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