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Les liens pervers entre l'industrie du jeu, Loto-Québec et la recherche sur le jeu pathologique: Jeu compulsif et Robert Ladoucvieuxcmaq, Friday, May 11, 2001 - 11:00 (Analyses)
Alain Dubois (alain.dubois@dollardcormier.org)
Les liens pervers entre l'industrie du jeu, Loto-Québec et la recherche sur le jeu pathologique dans: Jeu compulsif et Robert Ladouceur & Cie. par Alain Dubois Le Centre Dollard-Cormier s’apprête à offrir des services d’évaluation et de traitement pour les joueurs compulsifs. Voilà pour moi une bonne occasion d’aborder ce sujet chaud. Le coroner en chef du Québec dévoilait l’automne passé que 11, peut-être 13, suicides étaient directement attribuables à des problèmes de jeu compulsif. On peut facilement imaginer que ces suicides représentent la pointe visible de l’Iceberg et qu’en fait, ils sont beaucoup plus nombreux. Le taux de prévalence pour ce type de compulsion a presque doublé, passant de 1.2 % à 2.1 % chez les adultes depuis que l’État à pris la relève du crime organisé au niveau des casinos et des machines de vidéo-poker ! Oui, vous avez bien lu ! Voilà de quoi faire réfléchir sur la responsabilité de notre gouvernement et de la Société d’État qui gère et développe les jeux d’argent et de hasard : Loto-Québec. Le gouvernement québécois exige année après année que Loto-Québec rapporte davantage de dividendes. Pour ce faire, Loto-Québec doit s’ingénier à développer de nouveaux marchés, attirer de nouvelles clientèles. Bref, faire en sorte que de plus en plus de nos concitoyens s’adonnent au jeu d’argent et de hasard. Cette attitude de l’État, face au jeu d’argent et de hasard, démontre encore une fois que le capitalisme n’a d’autre morale que celle de son absence. Loto-Québec rapporte près d’un milliard par année à l’État. Le gouvernement néo-libéral du parti Québécois est en bonne partie responsable de la perversion de l’État en ce domaine. Le milliard ainsi récupéré représente plus ou moins ce qui est remis à l’entreprise privée en subventions de toute sorte … Libre échange et mondialisation obligent ! L’État développe la misère pour subventionner l’entreprise privée. Belle morale que celle là ! Un État responsable et « moral » devrait, non seulement légaliser les jeux d’argent et de hasard, mais retourner les sommes ainsi récoltées en totalité dans des programmes de prévention, traitements et recherche consacrés au jeu compulsif et dans un second temps, dans les services sociaux et la santé afin de pallier aux coûts sociaux que cette dépendance engendre. Et surtout, il ne devrait pas en faire la promotion ! Sa légalisation ne devrait servir qu’à empêcher le crime organisé d’en tirer profit, c’est tout ! D’ailleurs, pour les tenants comme moi de la légalisation des drogues, cela ne peut que nous amener qu’à reconsidérer notre position. En effet, nous n’avons aucune raison de croire que l’État agirait différemment en matière de drogue. J’imagine déjà les campagnes publicitaires qu’une Société des Alcools et des Drogues du Québec pourrait faire ! Nous sommes malheureusement presque forcés, à la lumière de l’expérience de la légalisation des jeux d’argent et de hasard, de constater que le meilleur programme de prévention résidait en son illégalité, puisque les politiques de l’État ont eu des conséquences plus néfastes que lorsque les jeux d’argent et de hasard étaient sous le contrôle d’organisations criminelles. Le gouvernement est plus bandit que les bandits. Incroyable, non ? Que diriez-vous si un plan de traitement (recherche) pour le tabagisme et/ou les drogues était mis en œuvre par un chercheur subventionné depuis 20 ans par les marchands de tabac et/ou les trafiquants de drogues ? Ce chercheur aurait-il de la crédibilité à vos yeux? Je suis persuadé que la réponse de tous serait « non » Jeu compulsif et Robert Ladouceur & Cie. (suite) Pas étonnant car ses théories, à mon avis, banalisent le jeu compulsif qu’il renomme « jeu excessif ». Ce skinnérien cognitiviste réduit le jeu compulsif à un simple problème de perception ou presque. Si des joueurs ont des problèmes de dépendance face aux jeux d’argent et de hasard c’est qu’ils comprennent mal la nature du hasard. Selon lui, le piège dans lequel tombent ces joueurs est de les considérer comme des jeux d’adresses. Ce grand « génie » nous propose donc comme traitement « d’apprendre » aux joueurs « excessifs » qu’ils ne peuvent compter sur le hasard pour faire des gains. Je schématise, mais c’est presque cela. Imaginez si on appliquait sa théorie aux cocaïnomanes qui n’ont pas plus de réelle dépendance physiologique que les joueurs compulsifs. Il ne faudrait que leur faire réaliser que cette drogue est mauvaise pour eux pour qu’ils guérissent de leur dépendance… Pourquoi l'État québécois et l'industrie du jeu de hasard et d'argent ont choisi Robert Ladouceur ? En réduisant les problèmes causés par le jeu compulsif à un simple problème de perception et cognitions, Robert Ladouceur participe à faire reposer tout le poids du problème sur l'individu. L'industrie du jeu et les États tenanciers sont donc très preneur de ce genre de théorie qui, objectivement, sous-estime les facteurs sociaux en faveur de simples facteurs individuels (perception/cognitions). On peut rajouter que cette approche réductiviste d'un problème social s'inscrit dans un courant idéologique typiquement américain et néo-libéral. Où tout le poids de la réussite et… des problèmes personnels repose uniquement sur une responsabilité individuelle. 80% de rÈussite ? On comprend maintenant mieux l’intérêt de Loto-Québec et de l’État québécois à financer les travaux de ce « réputé » chercheur. Une réputation que personne ne peut nier et qui provient en bonne partie de résultats de recherches financées par les services corporatifs de Loto-Québec. Par ailleurs, il ne faudrait tout de même pas passer sous silence ses excellentes recherches, telles celles sur les coûts sociaux reliés au jeu d’argent et de hasard ainsi que ses études sur la prévalence de celui-ci au Québec. Mais il est fort à parier que lorsqu’il démontre que le taux de prévalence double que les subventions qu’il reçoit se voient augmentées d’autant ! Il faut aussi saluer les habiletés de ce chercheur dans le marketing de ses travaux et théories. Il a bien appris des services corporatifs de Loto-Québec qui l’ont financé depuis 20 ans. On ne peut, au Québec, aborder la question du jeu compulsif sans citer ce chercheur. Il est partout, même dans ma soupe ! Plus sérieusement, il est impossible de lire quelque chose sur le sujet sans que son nom soit mentionné. Pourtant cette hégémonie théorique n’est que québécoise. Elle est marginale si on la situe dans le contexte mondial de la recherche sur le jeu compulsif. Robert Ladouceur critique Loto-Québec Voilà qui était nouveau. Robert Ladouceur dénonçait ceux-la même qui l’avaient si grassement subventionné depuis 20 ans. Pourquoi ? Difficile de savoir si, comme il l’a mentionné à ce moment, ce programme s’apparentait trop à ceux sur les drogues qui, selon lui, était non-scientifique et avait donné de piètres résultats. On peut spéculer que peut-être, lui-même aurait aimé proposer à Loto-Québec un projet de prévention, davantage « scientifique ». Peut importe le motif réel de ce soudain revirement de Robert Ladouceur face à Loto-Québec, cette sortie peut être perçue comme très habile, puisqu’il démontrait qu’il pouvait être critique face à la société d’État et, du même coup, qu’il pouvait se retourner contre eux. Démontrant ainsi son indépendance de chercheur. Robert Ladouceur au Centre Dollard-Cormier Dernièrement nous avons appris que le Centre recevrait plus ou moins 300 000 $ de fond gouvernemental pour établir un programme d’évaluation et de traitement du jeu compulsif (« excessif »). Ce programme sera établi par et sous le contrôle de Robert Ladouceur et son équipe (Voilà, il est rendu dans ma soupe !). Est-ce un hasard ? À vous de juger. Ce qui est inquiétant dans son arrivé chez-nous c’est la perte d’indépendance clinique qu’elle entraîne. Au moment d’écrire ces lignes, il ne semble que ni Michel Landry, D.S.P, ni le Centre n’auront quoi que ce soit à dire sur le contenu de ce qui sera mis en place par Robert Ladouceur et son équipe. Le Centre ne fournira le personnel et les locaux… Et encore là, il faudra prendre garde qu’il ne s’immisce pas trop dans la sélection du personnel car je crains que « monsieur contrôle » (R .L.) tente d’imposer son « monde ». Voilà quelque chose d’inacceptable. Jamais nous n’aurions accepté une telle ingérence dans le domaine de la toxicomanie. Rappelez-vous la tollé soulevée par le Ministre Gilles Baril lorsqu’il a exprimé son intention de nous imposer un programme de traitement basé sur les 12 étapes A.A. Pourquoi est-ce différent maintenant avec le jeu compulsif ? Est-ce pour l’argent ? Ou est-ce quelque chose d’imposé par le gouvernement et/ou la Régie Régionale ? Pour terminer, je fais un vœu, celui qu’un jour un journaliste professionnel daigne faire une véritable enquête sur le rôle de l’état dans le développement au Québec du jeu compulsif et sur la nature les liens existant entre le gouvernement, Loto-Québec et Robert Ladouceur. Jusqu’à maintenant aucun journaliste a bien fait son travail lorsqu’il a abordé ces sujets. Le plus souvent ils gobent le prêt « à mâcher » du service corporatif de Loto-Québec et ils ne citent que Robert Ladouceur et/ou des chercheurs qui lui sont (on été) associés. Il est extrême difficile de connaître le montant de toutes les subventions que Robert Ladouceur (et les projets dans lequel il est impliqué en autre avec les universités Laval et Mc Gill) a reçu des services corporatif de Loto-Québec depuis 20 ans. Mes demandes d’information auprès des organismes impliqués n’ont pas obtenu de réponses (ou presque). Voici tout de même quelques chiffres officiels que j’ai trouvés concernant sa « Recherche sur la prévention du jeu pathologique »: pour lequel il a obtenu 1 million 765 milles dollars(http://www.ulaval.ca/vrr/rech/Proj/53328.html). Son centre québécois d’excellence pour la prévention (...) a reçu une subvention de départ de 350 milles $ et une subvention annuel et récurrente de 500 milles $ (contrat de 5 ans). Le centre québécois pour la prévention et le traitement du jeu de l’Université Laval dans lequel il est aussi impliqué, reçoit lui 675 milles $ par année (http://gambling.psy.ulaval.ca/fr/sommes.html) L’Association Américaine des Casinos et des jeux d’argent (American Gaming Association), qui se soucie elle aussi de son image corporative, lui a versé via sa fondation “ La Gaming Entertainment Research and Education Foundation
Site du syndicat des travailleuses/eurs du Centre Dollard-Cormier, FSSS, CSN et de leur journal "Le Solidaire Web"
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